dimanche 23 novembre 2008

Jouer à ne rien faire... et gagner.

J'apprends peu à peu à ne rien faire. Et surtout à ne pas en avoir mauvaise conscience. C'est un sentiment assez nouveau pour moi.

Ces deux jours de repos ont été calmes, par exemple. Attention, pas l'inactivité complète: je ne sais pas si j'en suis capable. Non, mais l'acceptation de prendre son temps, de ne pas tout régler en même temps, de refuser la montée d'adrénaline à la pensée de tout ce qu'il y a à faire, de se prélasser un peu au lit (lever deux jours à neuf heures, c'est exceptionnel, même en s'étant couché très tard), de traîner en robe de chambre, de se doucher à onze heures et de n'avoir comme mouvement de la matinée que le petit tour au marché, pour acheter quelques fleurs.

Bien sûr, j'ai programmé ma semaine scolaire, j'ai corrigé quelques copies, moins nombreuses cette semaine, préparé un ou deux cours futurs, mais sans stress, quittant régulièrement la feuille pour observer ce qui se passait sur l'écran. Ne pas courir après les tâches, regarder celles, nombreuses, qui restent à faire sans pincement au cœur, écouter un peu de musique (je l'avais oublié depuis des semaines), répondre aux courriels, appeler les amis délaissés. Se remettre à jour. Revoir le jour.

Et puis la découverte de la semaine: j'aime faire la cuisine. D'abord pour les autres, maintenant aussi pour moi. Il y a trois ans, je savais à peine cuire un œuf. Aujourd'hui, ceux qui goûtent à mes préparations trouvent que je ne me débrouille pas si mal que ça. Et j'y éprouve du plaisir. A cinquante-six ans, j'ai encore des choses à me prouver! C'est extraordinaire. Un petit coup d'œil en arrière, qui n'a rien de nostalgique comme je l'ai déjà dit, me montre le chemin parcouru, les zones d'ombre que je voudrais, que je vois peu à peu disparaître et, comme à la course, je me retourne pour regarder devant, sûr d'atteindre sans me presser l'étape suivante si je sais écouter mon rythme et mes désirs.

S. me disait l'autre jour, dans un commentaire, qu'il fallait connaître ses priorités. Je crois que, souvent sans en être conscient, c'est à elles que j'obéis, qu'elles sont bien ancrées au fond de moi même si j'aurais du mal à les définir verbalement. D'ailleurs pourquoi se poser sans cesse des questions dont la réponse est toujours incertaine? Le cadre est tracé, soyons-lui fidèle sans culpabiliser si parfois l'on éprouve le besoin d'aller voir de l'autre côté de la haie si l'herbe y est plus verte. A-t-on d'autre choix que d'être fidèle à soi-même?

Je me rends compte en relisant ce que je viens d'écrire que ce billet part un peu dans tous les sens, qu'il n'est pas forcément très clair à comprendre. Tant pis, il restera spontané car il suit l'ordre de mes pensées actuelles. La dernière à prendre forme est la vision sur mon balcon de deux fleurs de chrysanthème jaune écloses ces jours derniers alors que je les avais oubliées dans un bocal de verre. Le bocal est rempli des radicelles de ces tiges coupées l'an dernier et ce qui avait été mis là pour être jeté rapidement a donc passé l'année sans geindre et m'offre aujourd'hui ces deux soleils de novembre.

3 commentaires:

S. a dit…

J'aime bien ces billets décousus, spontanés. On écrit ce qui nous passe par la tête, c'est plaisant.
J'ai enfin découvert le nombre de bougies de ton gateau !!!! lol
Bises, S.

Anonyme a dit…

Tu sais ce que j'aimerais redécouvrir,e t que tu sembles, quant à toi, maîtriser ? La lecture pour MOI. La lecture sans que des pensées comme "tiens, ça je pourrais l'utiliser dans l'étude de l'altérité en seconde" ou "oh que ça illustrerait en cursive une étude sur le baroque"... Une vraie lecture, de vrai livre (je ne parle pas des polars... encore que : m^me là, je pense "ohhh : portrait ou ahhhh : réécriture au passé simple" !!!), et pendant laquelle je serais capable de m'abstraire de mes cours.

Ca, pour moi, ça serait du luxe !

Plein de bisous, à bientôt.

Calyste a dit…

S, je suis content que tu acceptes de faire des bises à un vieillard!! :-)). Oui, j'aime bien quand toi aussi tu pars un peu dans un autre sens que celui prévu au début. C'est dans les parenthèses qu'on habite le plus. Bises, R.

La lecture "pour moi", Shakti, je la défendrai toujours bec et ongles. C'est plus facile que pour toi: je suis en collège et ce que je lis pour moi ne peut guère convenir. Je te souhaite d'y parvenir, car tu risques, à ne pas pouvoir te détacher de l'utile, de tuer le plaisir de lire. Bises à toi aussi.