En lisant le billet de J. sur les châtaignes, j'ai tout de suite salivé. Il venait de réveiller en moi un très ancien souvenir, lié à un plaisir immense.
Comment avais-je fait pour ne plus repenser pendant si longtemps à cette joie si intense des châtaignes au four? Nous procédions exactement de la même façon: une entaille avec un bon couteau, un Opinel en général,pour éviter qu'elles n'éclatent, et qui, sous la peau épaisse, faisait apparaître la chair blanchâtre et légèrement duveteuse. Parfois, nous les mettions directement à griller sur les rondelles de la cuisinière à charbon. Et il y en avait toujours une ou deux pour exploser, faisant sursauter tout le monde à table.
Nous les ramassions dans un petit bois qui surplombait la maison de mes parents. Ce bois appartenait à une vieille avare qui habitait le village, à quelques kilomètres, et qui ne supportait pas que nous allions faire la cueillette de ces "fruits d'automne" ou des champignons qui poussaient en abondance sous les vieux arbres. En été, les fourches de ces centenaires faisaient d'excellentes cachettes pour nos jeux, même si ma mère nous interdisait, en principe, d'y monter.
Le plus grand plaisir naissait du dépiautage, une fois la châtaigne cuite. Nous étions pressés de manger ces petites billes à moitié calcinées, mais que de grimaces, que de gestes désordonnés parce qu'elle étaient trop chaudes. Il fallait les lâcher, les reprendre un court instant, tâcher d'en extraire un lambeau de peau, les relâcher sur la toile cirée et, quand, enfin, elles étaient prêtes à la consommation, veiller à ce que le petit frère ou la petite sœur ne fasse pas main basse dessus.
Parfois, nous avions droit à d'autres préparations, comme les faire tremper dans du lait, mais c'est grillées que je les ai toujours préférées parce qu'en plus du plaisir de les manger, il y avait celui de tout ce cérémonial de préparation où la douleur des brûlures légères était vite oubliée dans les rires et la bonne humeur.
Combien d'années cela fait-il que je n'en ai pas mangé? Très longtemps, je pense. Tu vois, J., tu viens de me donner une idée. La prochaine fois que j'en vois, j'en achète. Nous les mangerons ensemble, car c'est un rite convivial. Et puis, ça doit rentrer dans mes cordes culinaires! Je m'en fais d'avance un de ces plaisirs...
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2 commentaires:
Oh Calystee qui met des liens :))
Pour les châtaignes, je partage complètement cette notion de convivialité.
Convivial, les chataîgnes ? Oui mais c'est aussi très bon dans son coin, en se promemant en hiver en ville avec le cornet en papier journal à la main. Un réflexe de célibataire solitaire malheureusement
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