Soleil de Toussaint. Dans la cour, les fenêtres s'ouvrent un peu, une des dernières fois. On met encore à sécher un torchon ou de lourds draps blancs. L'atmosphère est comme endormie. Un jour de fête, de tous les saints. Pierre, Paul, Jacques, Juliette, Amandine. Et Marie-Luce, pourquoi pas Marie-Luce qui a occupé mes soirées une semaine presque entière?
Je n'ai pas dit le plaisir que j'ai trouvé à écrire cette histoire un peu loufoque, sorte de conte moderne romantico-acide. Plaisir de me mettre en danger, d'abord, car je ne savais rien du scénario d'un jour sur l'autre, d'une phrase à l'autre. Je m'asseyais et ça venait. En tapant le traditionnel "à suivre", j'espérais simplement que le lendemain ne serait pas stérile, sans en être totalement certain.
Plaisir ensuite de me jouer des lecteurs, comme le chat qui chahute la souris avant le coup de patte final. Quand j'ai compris que certains mordaient à l'hameçon, j'ai éprouvé comme une joie un peu sadique (bien que l'adjectif soit trop fort) à faire traîner les choses, à m'étendre plus qu'il n'aurait fallu sur le dégoût de Marie-Luce face au crapaud, à accentuer les interrogations sur le prénom du prince, à entretenir le doute sur la réponse à la question principale: le batracien se transformerait-il en Prince Charmant?
Lancelot, un de mes exégètes assidus, relève une légère incohérence dans la conclusion de ce conte et m'en fait part dans un long commentaire. L'idée ne m'en était pas venue, mais il a raison: si la bague est découverte sur le bord de la route, alors c'est que le Prince s'était finalement décidé à apparaître. Mais dans ce cas, comment expliquer que le conducteur du bus ait pu l'écraser sans le voir devant lui et surtout comment est-il possible que ce soit une peau de grenouille que l'on trouve aplatie sur la route? Je m'en tirerais par une belle pirouette, en disant que dans un conte, tout est possible, même l'impossible: a-t-on reproché aux frères Grimm de rajouter, à la fin du Petit Chaperon Rouge, le personnage du bûcheron (ou du chasseur, je ne me souviens plus très bien) qui n'existe pas chez Perrault et qui ouvre le ventre du loup pour en sortir intactes l'enfant désobéissante et sa fragile grand-mère? Et Chronos, que Zeus, le petit dernier, oblige à recracher ses cinq frères et sœurs, eux aussi intacts, alors que l'estomac divin aurait dû les avoir digérés depuis belle lurette? Alors? Pourquoi pas moi?
Le même Lancelot suggère une suite à l'histoire: les amours agrestes du Prince et du paysan, une sorte de Maurice exilé d'une plus fameuses universités anglaises pour batifoler dans les meules de foin de la Beauce ou les champs de maïs de la plaine de l'Ain. D'accord, mais je propose que ce soit lui qui s'y colle! N'a-t-il pas, il y a de cela de nombreuses semaines, promis un soir dans son blog de nous régaler avec une nouvelle érotique? S'il le faut, je rechercherai le jour exact de cette promesse. Alors, il est temps de la tenir, preux chevalier. De tenir la promesse, veux-je dire bien sûr! Il me plairait assez, et je suis sûr que ce n'est pas Karregwenn qui dira le contraire, de vibrer aux évocations lascives et aux dialogues pleins de fougue et de désirs entre un rustre s'ouvrant à la concupiscence et un prince à jamais adonné au stupre et à la fornication, car, vous l'avez sans doute remarqué, l'un ne va jamais sans l'autre, au moins dans l'expression consacrée .
Alors, promis. Juste après la fin de l'histoire inter galactique déjà amorcée? Bon, d'accord. Nous nous préparons donc à vibrer. Mais ne nous fais pas trop attendre, car, même si comme l'écrivait, paraît-il, Corneille: "Le désir s'accroît quand l'effet se recule", on ne peut éternellement entretenir une turgescence, pardon un désir à assouvir, au chaud!
PS: le contenu de ce billet a complètement dérapé après les premières phrases. Je n'avais pas du tout l'intention d'écrire sur ce que je viens d'écrire. Ah! Muse! Que de surprises tu nous réserves!
dimanche 1 novembre 2009
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4 commentaires:
Et pourquoi pas une suite à quatre mains, Lancelot et toi ?
"Le prince et le chauffeur de bus", en sous titre "transports amoureux" (et j'ai pas dit transports en commun).
Aaaah ouiiiii, on attend fébrilement !
Mais accepterais-tu d'être notre muse, ô karregWenn?
@ KarregWenn : Jeux de mains, jeux de vilains. Si t'es mon copain, serre-moi la main, et si t'es ma copine... oui bon vous la connaissez déjà, celle là...
@ Calyste : KarregWenn en Muse, elle serait parfaite. Non pas la 9° qui manque en haut de l'opéra, mais la 10° ! En plus c'est parfait comme nom de Muse, "KarregWenn". La Muse Garce ! Celle qui fait mumuse avec nous, ses soupirants blogueurs !
Quant au fait d'écrire moi-même la suite, tu ne manques pas d'air, dis donc ! Ma pudeur naturelle s'en offusque... Moi, tu me connais... je suis tout en timidité... je sais esquisser... suggérer... laisser entrevoir le début d'une romance. Mais pour écrire des scénarios genre Falcon ou Cadinot, c'est trop compliqué. Cessez de voir en moi un obsédé sexuel qui sublime ses phantasmes à travers son clavier... Mes prétentions se limitent à imiter la Comtesse de Ségur... rien qu'on ne puisse mettre entre toutes les mains...
"Rechercher le jour où j'ai fait la promesse d'écrire une nouvelle érotique"...? C'était dans mon blog...? CHICHE ! Lance-toi ! Ca t'obligera à tout relire, gniak gniak gniak... Ca va t'aider à retrouver le sommeil si tu es en proie à l'insomnie... De quoi calmer tes 'turgescences', petit satyre libidineux...
Pour l'instant, j'ai fort à faire avec mon brave Yaril, que j'ai laissé en plan après la mort de la vieille... Et, moi aussi, dans mon histoire, je n'arrive pas à imaginer ce qui se passe plus tard que 24h après... C'est coton...
(PS : Mon Calyste, je sais que c'est très grossier de faire remarquer les fautes des autres, mais là c'est un titre ! Ca se voit... à "Making-of" il ne faut qu'un seul F... Tuman veut pa hin...? Byzoux)
Merci pour la parenthèse, Lancelot: je ne me vexerai jamais que l'on me fasse remarquer une faute, surtout sur un mot anglais! Courage pour les futures aventures de Yaril mais il y a parfois aussi du sexe dans la fantasy. Bon d'accord, j'arrête de m'exciter!
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