Qui connaît Milena Agus, cette jeune sarde auteur de ce roman Mal de pierres? Il paraît, selon l'éditeur, que son livre a, en France, enthousiasmé la presse et les libraires aussi bien que le public avant de la faire reconnaître en Italie. Mais qui croit encore à des louanges d'éditeur?
Le livre lui-même n'est pas inintéressant: une petite-fille évoque sa grand-mère et les hommes qui gravitèrent autour de l'aïeule, puis, de façon plus succincte, les figures de sa père et de sa mère. Mais c'est la vieille dame qui l'intéresse, dans ce qu'elle a de fou, de hors-norme, de moderne en elle alors qu'elle vit dans la société très figée de la Sardaigne du début du XX° siècle. Au travers de l'histoire de ces deux générations, on voit se profiler l'histoire d'un pays qui ne parvient toujours pas aujourd'hui à être totalement une nation et la pauvreté de cette île pourtant si belle.
Mais que me restera-t-il de cette lecture dans un mois ou deux? Probablement rien, si ce n'est un peu du plaisir d'avoir vu revivre devant moi quelques images de ces contrées désolées du centre de l'île que nous avions visitée avec Pierre en 81. Moi qui venais de passer plus d'un mois dans l'écrin sublime de l'Ombrie et de la Toscane, j'avais trouvé le contraste rugueux, et la langue tout autant. Pourtant le pays avait fini par l'emporter et par m'intéresser pour ce qu'il était: un endroit où ce n'est pas la richesse artistique qui importe mais bien plutôt l'âpre générosité de ces habitants, îliens des côtes ou des plateaux, si bien montrés dans un film aujourd'hui un peu oublié: Padre Padrone, des frères Taviani (1977), d'après le roman de Gavino Leddda.
Mal de pierres n'est pas un mauvais livre, il se lit même avec plaisir. Mais il en existe tant d'autres comme lui et je suis en manque, en littérature, d'un coup de poing au ventre, d'une émotion si forte qu'elle me cloue au fauteuil ou au lit jusqu'au livre fini. Il y a, hélas, bien longtemps que je n'ai plus ressenti quelque chose d'aussi fort.
Le texte de fiction est suivi d'une postface intitulée Comme une funambule. C''est de ces quelques pages que j'extrais les lignes suivantes, où je me reconnais assez:
Avant, j'écrivais des nouvelles, et maintenant des romans. De plus en plus courts. Car j'ai hâte d'arriver à la fin. J'écris comme je mange: j'avale à toute vitesse, et puis je regrette que mon assiette soit vide. Pareil pour les provisions dans le frigo. Mais je n'arrive pas à être patiente. J'aimerais énormément écrire patiemment un long roman.
(Trad. de Dominique Vittoz)
mardi 3 novembre 2009
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4 commentaires:
Ah les livres coup de poing dans le ventre...Combien en une vie ?
Des bons livres à la pelle, mais on attend autre chose n'est-ce pas.
Quoique certains apparemment ne supportent pas les coups de poings dans le ventre mou, comme il est conté chez Karagar ce soir.
J'en viens, et je partage votre indignation.
Et des exemples vécus, Msieurs Dames, de livres 'coups de poing dans le ventre'.....? Si vous en donniez ?
Des livres "coup de poing"? Ils sont très liés à un âge ou à une époque. En vrac et sans réfléchir: Cent ans de solitude, Le monde selon Garp, La Route, L'Expédition du Kon Tiki, Les Illusions perdues, Le Mur invisible, Le Musée du silence, etc.
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