Il fait beau, malgré le vent. Sur le parking, quelques voitures seulement. Dans le chemin qui descend à la plage, un arbuste à fleurs blanches sent déjà bon. Bientôt ce seront les arbres à papillons qui répandront leur senteur de miel. Il faut encore un peu de soleil. Le lac porte quelques équipes d'aviron qui s'entraînent sans être troublées par les corps nus étendus sur les rives.
Très peu en cette fin de matinée. A cause du pont, sans doute, ou du vent un peu frais. Tout au fond, nous sommes deux, séparés par des bosquets qui ne laissent deviner que le bout de nos pieds. Un autre arrive, en vélo, lorsque le premier s'en va. Un petit signe de politesse avant de s'installer un peu plus loin. Il se déshabille.
Au bout d'un instant, il est prêt à accueillir le soleil. Là où nous sommes, le vent ne se fait pas trop sentir. Seules quelques bourrasques parviennent à soulever les bords des draps de bain. Je le regarde alors qu'il est étendu sur le sien. Je peux m'attarder dans mon inspection car, tel qu'il est placé, il ne peut voir l'attention que je lui porte.
Il n'est pas très grand mais bien charpenté dans le style un peu rond mais pas trop. Tout lisse, pas un poil, nulle part, du sommet du crâne à l'extrémité des doigts de pieds. Il s'est auparavant enduit d'une huile protectrice ou, plus sûrement destinée à accélérer le bronzage d'un corps déjà bien cuit. Je n'aime pas ce physique, trop apprêté pour moi: les chairs sont fermes, les fesses bien dessinées mais le bronzage excessif et cette luisance huileuse ne m'attirent pas. Si je le touchais, il me filerait sans doute entre les doigts, comme une savonnette. On ne voit plus beaucoup, il me semble, de ces spécimens-là: parfaitement rasés (ou épilés) et portés sur l'UV à outrance.
J'ai apporté deux livres. Je finis le premier et entame goulûment le deuxième. Le soleil est de plus en plus chaud. Je renoue vraiment avec lui aujourd'hui, je le sens qui me caresse, me masse, me fait du bien. Je suis bien, étendu au bord de ce lac, dans le silence à peine interrompu par les toussotements d'un cygne qui a avalé de travers. Je lis, je savoure. je suis nu, le slip de bain tout près, au cas où. Mais personne ne viendra déranger ma quiétude, ni les uniformes bleus à vélo ou à pied, ni les âmes errantes en mal de sensations tactiles. Pour moi, aujourd'hui, les caresses du soleil me suffisent.
Peu avant que je parte, deux autres arrivent, jeunes, à la peau extrêmement blanche encore, à la silhouette que l'on dirait à peine sortie de l'enfance. L'un des deux portent sur la peau, près de l'épaule, un tatouage dont je n'arrive pas, d'un peu trop loin, à vraiment cerné le dessin. Cet artifice viril sur ce corps encore gracile est émouvant. Petit poisson deviendra grand. Pour l'instant, il rit d'une voix claire avec son compagnon. Fin de l'épisode.
samedi 2 mai 2009
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4 commentaires:
Ce billet est vraiment un plaisir à lire. Moi, j'adore le soleil, bien que je n'aie que trop rarement la possibilité de me bronzer nu. Je suis jaloux de ton petit plage si près de chez toi!
Merci, Thom. C'est vrai qu'avoir la possibilité d'accéder à cette plage si près de Lyon est un grand privilège.
Merci de me faire, toi, le grand plaisir, de me lire.
Bises. R.
Moi je préfère être trop bronzé que trop blanc.
Et puis, les tatouages très réussis, c'est très rare. C'est comme pour les cheveux rasés : ça peut être magnifique mais il faut un genre physique particulier.
Attends de me voir!!! :-))
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