mercredi 13 mai 2009

Planchon, oui mais...

Roger Planchon est mort. De toutes parts proviennent les hommages et les rétrospectives de sa vie, que ce soit en tant que comédien ou que metteur en scène. A Lyon l'émotion semble tout particulièrement vive, puisque Planchon, créateur du Théâtre des Marronniers, toujours existant tout près de Bellecour, a aussi dirigé pendant de nombreuses années le TNP (Théâtre National Populaire) installé à Villeurbanne.

Très longtemps, j'ai été un des abonnés fidèles de ce théâtre. Je me souviens de spectacles époustouflants de poésie, à la mise en scène intelligente, comme celle de Georges Lavaudant pour Les Géants de la Montagne de Pirandello, je me souviens avec tendresse de la grande époque Chéreau, je me souviens des salles écroulées de rire avec Le Saperlo ou autres productions de Gildas Bourdet. Oui, j'ai vécu à Villeurbanne, dans ce théâtre, des moments exceptionnels.

Mais au fil des années, ces moments sont devenus rares. D'abord la proportion majoritaire de profs intellos dans le public m'a très vite exaspéré: qu'y avait-il de populaire dans les commentaires "éclairés et profonds" que l'on entendait à l'entracte ou à la sortie, sur la place Lazare Goujon? Ces gesticulations et discours de petits snobs à la culture souvent aussi limitée qu'elle voulait paraître brillante ne m'intéressent pas. J'ai toujours alors envie de leur clouer le bec en leur mettant le nez dans leur ignorance, ce qui ne serait pas bien difficile. (J'écris au présent car c'est toujours une envie que j'ai aussi forte aujourd'hui!)

Et puis à ce qui m'avait tant touché et passionné ont succédé des pièces à thèses, lourdes de messages inavalables, des mises en scène à la provocation gratuite, une indigestion de théâtre allemand d'avant-garde (et l'on ne peut pas me taxer de ne pas aimer l'Allemagne). Ainsi voyait-on une truie sur scène, ou bien un personnage assis sur la cuvette de ses toilettes ou vomissant avec bruitages expressifs à l'appui. Le pire était les pièces dont la représentation s'étendait sur deux soirées. Ce fut la mode à une époque, comme si la longueur avait à voir avec la qualité (Piergil, s'il te plaît, ne t'arrête pas à cette phrase!). Et Planchon en a été un grand adepte.

Au total, je ne garde pas une estime particulière pour le Planchon metteur en scène, pas plus d'ailleurs que pour le Planchon acteur, trop semblable chaque fois à lui-même. Je lui préfère de loin comme acteur son ami Jean Bouise, décédé il y a quelques années, et comme metteur en scène Jean Dasté qui créa la Comédie de Saint-Etienne et en fit longtemps une des scènes françaises les plus renommées. Je tenais à citer ces deux hommes, Bouise et Dasté, bien trop oubliés aujourd'hui, et à leur rendre hommage.

(Pas de photo du TNP: il est en (gros) travaux. Une vue partielle de la place Lazare Goujon, juste devant, qui sépare le théâtre de la mairie de Villeurbanne.)

6 commentaires:

JaHoVil a dit…

Hélas, voici un endroit où je ne suis allé qu'une fois. Par contre, en primaire, j'allais faire trempette dans la piscine sise en dessous.
Pour des photos, fait un tour sur Flickr.
Tiens, voilà la mienne :

http://farm1.static.flickr.com/213/499672424_ee8d51820d.jpg

Bises, J

Calyste a dit…

Tu devais être mignon, les pieds dans l'eau!
Bises, R.

totem a dit…

Point de vue plein d'intérêt,en contre point de la vague de louanges médiatiques qui nous aurait dupé.

Calyste a dit…

Il en faut, Totem, pour rééquilibrer la balance.

Lancelot a dit…

"qu'y avait-il de populaire dans les commentaires "éclairés et profonds" que l'on entendait à l'entracte ou à la sortie"

Des citations, des extraits, des morceaux choisis ! Une note sur ça ! J'en raffolerais !

Calyste a dit…

C'est trop vieux, tout ça. Je risquerais de déformer. En plus, j'en suis si loin maintenant, de ce monde de snobs!