Il faut que j'écrive à chaud sur ce roman, sans trop réfléchir à ce que j'ai ressenti en le refermant. J'ai lu très vite Hôtel Iris de Yôko Ogawa. Parce que j'aime cette écrivain, parce j'aime son style, parce que j'aime ses histoires, parce que j'aime sa perversion.
Et côté perversion, cette fois-ci, j'ai été gâté. Pourtant celle d'Ogawa me plaît, j'y décèle même une forme de pureté et d'aspiration à l'ascèse, alors que par exemple, je ne pourrais plus jamais lire un livre de Stephen King.
Une toute jeune fille travaille dans l'hôtel tenue par sa mère et, un soir, elle fait la connaissance d'un client un peu bizarre, qu'une prostituée vient d'insulter et qui semble avoir des désirs bien particuliers. Cet homme la fascine au point qu'elle désire le revoir et qu'elle y parviendra. Il naîtra entre eux une relation sado-masochiste intense sur l'île faisant face à la petite ville où se trouve l'hôtel. La jeune fille se pliera à tous les caprices du presque vieillard, transformant en plaisirs et orgasmes tout rabaissement, toute violence, toute insulte.
On est parfois mal à l'aise et pourtant c'est une belle histoire d'amour, une des premières de Yôko Ogawa aussi achevée. A aucun moment ne m'ont rebuté les détails sordides de cette passion car il s'agit d'une passion, où plaisir et douleur, eros et thanatos sont toujours étroitement liés. Cet homme est-il un pervers dangereux? Que cherche cette fille à peine sortie de l'enfance dans cette relation qui pourrait la détruire et qui pourtant la construit? Le plus amoral de tous n'est-il pas le neveu, jeune et beau lui, avec qui elle aura une seule relation sexuelle et qui disparaîtra sans se retourner? Le mal n'est pas forcément là où l'on croit qu'il se trouve.
Si comme d'habitude nous avions été seuls tous les deux, si le neveu étudiant n'avait pas été là, j'aurais sans doute passé de l'huile sur son corps.
- Rien qu'avec la langue, aurait-il ordonné sur le ton qui retenait prisonnier celui qui l'écoutait. (...)
Quel goût pouvait donc avoir l'huile de noix de coco? Je me disais que ce serait bien si elle n'était pas trop douce à en engourdir l'intérieur de la bouche. Parce que je voulais goûter pleinement sa nudité avec ma langue.
Je léchais ses épaules tavelées d'éphélides. J'introduisais ma langue entre les plis de son ventre. Je la faisais crapahuter sur ses flancs moites de transpiration, sous ses pieds pleins de sable. J'étalais uniformément l'huile de manière à ne rien laisser à découvert.
Plus la chair au service de laquelle je suis est laide, mieux c'est. Cela me permet de me sentir vraiment misérable. Lorsqu'on me brutalise, lorsque je ne suis plus qu'un bloc de chair, naît enfin au fond de moi une onde de pur plaisir.
(Trad. de Rose-Marie Makino-Fayolle.)
vendredi 29 mai 2009
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