Voleur d'images.

Photos hier après-midi, photos aujourd'hui en rentrant de la station vélov où j'avais raccompagné J., à midi.

J'y éprouve un plaisir de plus en plus intense. Je ne peux plus, à certains moments, regarder quelque chose sans penser à ce que cela donnerait en photo, au meilleur angle de prise, au meilleur cadrage, à la meilleure lumière. Même les infimes détails ne m'échappent plus guère. Je crois que l'on s'éduque l'œil par cette pratique photographique.

Attention: j'ai dit "regarder quelque chose", pas quelqu'un. Lorsque je croise la beauté, ou le charme, ou la coquinerie dans un regard, je ne pense à rien d'autre qu'à ce que je vois: un homme qui me plaît. Trois regards portés avec insistance sur moi aujourd'hui, rien qu'en traversant la place. Qu'avais-je donc de si particulier, de plus que d'habitude? Je souriais, c'est vrai. Et ça doit tout changer!

Ce qui doit être changé aussi, c'est mon appareil photo. Il devient parfois capricieux (J. dit que je l'accuse de la rage comme, dans l'adage, le chien que l'on veut noyer ). Mais j'aimerais surtout profiter d'un zoom beaucoup plus important pour pouvoir photographier des détails, et m'approprier, en voleur d'images, les visages ou les silhouettes qui me plaisent. Je déteste prendre des clichés convenus où les gens tiennent la pose en n'osant qu'à peine respirer. La beauté des êtres, c'est dans l'instant fugace qu'on la perçoit.

Le plaisir aussi, ce sont les balades à travers la ville, qu'on découvre souvent sous d'autres aspects, et l'émulation saine et sympathique qui s'est créée entre J. et moi sur la qualité de nos clichés. Il arrive parfois d'ailleurs que nous ayons la même photo tous les deux. Mais demain, l'appareil restera sans doute toute la journée enfermé dans le cartable. Reprise des cours. Rideau!