Pour mémoire (la mienne): ma mère m'a longuement parlé de son enfance, tout à l'heure, et avec une clarté rare dans ses propos ces derniers temps. Éclaircie passagère? Il a fallu à une ou deux occasions que je la recentre pour éviter d'entendre la même histoire racontée et entendue des centaines de fois, ces anecdotes qui font les sagas familiales et qui ne m'intéressent plus depuis longtemps.
Là, c'était elle, à sept ans, avec son frère qui en avait onze. Et son père qui mourait. De quoi? Elle ne se souvient plus. Elle a prononcé le mot "albumine". Meurt-on de trop d'albumine? Mon grand-père se prénommait Régis mais tout le monde l'appelait par son deuxième prénom, Barthélémy. Je ne sais pas pourquoi, plus personne ne le sait. Il était menuisier, non pas artisan mais aux service des mines, sous les ordres de mon autre grand-père, paraît-il.
Le jour de sa mort, mon oncle est venu la chercher à l'école privée pour la ramener à la maison. Son père l'avait réclamée: il voulait l'embrasser avant de mourir. Elle se souvient de ce baiser. Je n'ai de cet homme qu'une photo officielle, retouchée sans doute aux moment des obsèques, où je ne reconnais que l'implantation haute des cheveux et leur mouvement ondulatoire quasi crépu que j'ai sans doute hérités de lui.
Ma mère, pendant la maladie, avait été ballotée d'un côté de l'autre, chez une amie, une voisine, un autre membre de la famille, ma tante Lisa entre autres. Je ne savais pas ces détails de sa vie. Ma grand-mère dut ensuite travailler dur pour élever seule ses deux enfants. Et lorsqu'elle eut fini, c'est de moi qu'elle se chargea. C'était mon tour d'être balloté.
dimanche 23 novembre 2008
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2 commentaires:
Menuisier, Jean-Michel dirait que c'est un beau métier, bien sûr.
Si je n'avais pas été prof, c'est ce que j'aurais choisi, ou jardinier. Je suis sérieux.
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