samedi 2 février 2008

Improbables propylées

.
J'ai passé l'après-midi à vagabonder dans le 7e arrondissement, dans un périmètre à peu près compris entre Rhône et Jean Jaurès pour les "cardo", Gambetta et Université pour les "decumanus".

Mon appareil à la main, je voulais profiter de ce beau soleil pour prendre quelques photos. Voilà qui est fait, même si je ne suis pas totalement satisfait de ma moisson: il m'arrive encore trop souvent de réaliser des clichés un peu flous, et je ne comprends pas toujours pourquoi.

Cette promenade m'a confirmé que je suis amoureux de cette ville, et que Lyon est de plus en plus belle. Cependant le quartier que j'ai traversé m'a semblé particulièrement à l'abandon.

La Guillotière, un des plus anciens lieux d'habitation de Lyon, un des plus célèbres aussi avec la Croix-Rousse, un des plus populaires et des plus vivants, est peu à peu en train de mourir. Beaucoup de magasins fermés, d'immeubles murés, de trous béants là où certains ont déjà été démolis. Pas une rue sans cette lèpre. Et l'étau des constructions modernes se resserre très vite.

Bientôt ces rues n'auront plus rien de particulier. Ce sera comme ailleurs: on pourra être n'importe où, tout se ressemblera, les échoppes auront disparu, les cafés avec les retraités jouant à la belote, les cordonniers, les ébénistes, dont l'un fabrique des "boîtes à dents", sans doute pour les enfants qui croient encore à la petite souris (Malheureusement, ma photo n'est pas bonne), les ateliers d'artistes, les immigrés installés sur le trottoir comme tout à l'heure où l'un d'entre eux dansait sur une musique orientale qui m'a rappelé la Grèce ou la Crète, les vieilles dames qui n'ont pas peur dans la rue lorsqu'on les aborde pour un renseignement, les cours où l'on peut toujours entrer sans interphone ni digicode, les glycines qui s'y cachent parfois et y prospèrent...

Mais dans sa décrépitude, dans son lent abandon, dans sa chute irréversible, la Guillotière a acquis une autre beauté: celle de certains lieux de Rome, comme le ghetto juif, où la moisissure des palais rend encore plus belles leurs façades sous la lumière d'automne, celle de cette antique Italie dont la Guillotière, en quittant Lyon, était le lointain propylée.


2 commentaires:

Anonyme a dit…

De vieux oncles, lyonnais, donc secrets mais sûrs, disaient souvent :"La Croix-Rousse c'est la colline qui travaille ...".
Je re-lis "La colline de Fourvière n'en finit pas d'abriter des hommes-contrastes. Réservés mais résolus. Au point qu'il soit devenu longtemps malaisé de distinguer clairement en eux le quant à soi du quant-à-soie".

Calyste a dit…

Et Fourvière celle où l'on prie.
Les contrastes, c'est ce que j'ai fini par découvrir et aimer à Lyon: une ville si belle et qui cachait sa beauté derrière le voile de ses brumes, des hommes réservés, voire froids au premier abord, mais sûrs et fidèles, et qui savent le prix et la valeur d'un sourire.
Rien d'ostentatoire, il faut mériter.