dimanche 20 novembre 2016

Mes ratés (3)

Cette histoire date de moins longtemps que les précédentes, bien qu'elle ait eu lieu il y a déjà une petite dizaine d'années.

Nous avions, Pierre et moi, un excellent ami dans un ordre monastique que je ne citerai pas, ayant un jour eu un problème avec eux sur ce blog. Quelqu'un issu de la grande bourgeoisie parisienne et possédant une culture assez impressionnante, même si je ne partageais pas toujours sa façon de l'appréhender : disons que sur les mêmes éléments, nous ne tirions pas forcément les mêmes conclusions. Cela ne nous empêchait pas de nous entendre très bien et d'avoir plaisir à nous voir chaque fois que cela était possible. A l'époque, par exemple, je "montais" beaucoup plus souvent à Paris, et, tout naturellement, c'est chez lui que je logeais lors de ces séjours.

Ses pas l'amenèrent ensuite à Lyon, puis à Rome où il resta fort peu de temps et où je n'eus donc pas le plaisir de lui rendre visite. Peu à peu, les liens se distendirent sans pourtant se rompre. Deux ou trois ans après la mort de Pierre, n'ayant plus de nouvelles, je décidai de le recontacter : toujours mon vieux défaut de vouloir savoir ce que deviennent les gens que j'ai connus, appréciés et perdus de vue (je précise que ce défaut m'a aujourd'hui quasiment passé, suite à quelques déceptions).

Je mis quelque temps à retrouver sa trace, l'oiseau ayant toujours eu l'habitude de changer fréquemment de nid. J'appris, je ne sais plus comment, qu'il entamait une retraite (bien méritée) à Paris, au couvent de son ordre. Tout content, je lui téléphonai. Je pensais sincèrement qu'il serait lui aussi heureux de ces retrouvailles. Ce en quoi je me trompais complètement. Lorsque je me fus présenté, ses premiers mots furent : "Pourquoi m'appelles-tu ? Tu as besoin de quelque chose ?". Ces deux phrases  me glacèrent : comment pouvait-il penser ça de moi qui ne lui avais jamais rien demandé ? Je le rassurai sur ce point mais la conversation tourna rapidement court.

Je savais en raccrochant que je n'en aurais jamais plus de nouvelles et que je ne réitérerais pas l'expérience. Et c'est bien ce qui s'est produit.

5 commentaires:

Cornus a dit…

Je me demande si tu n'as pas déjà évoqué la chose, ou alors il s'agit d'une expérience un peu similaire avec une autre personne.
De mon côté, il m'est arrivé d'avoir une personne au téléphone après une longue période et de parler avec elle comme si on s'était vu la veille. A contrario, j'ai eu quelques rares déceptions avec des amis. Et il y a ceux qui ne répondent jamais aux lettres, cartes de vœux ou courriels, alors que j'ai été très proche d'eux à une époque... Je ne parle pas des gens complètement injoignables ou qui ont complètement disparu des écrans radar. Je constate néanmoins que presque personne ne cherche à me joindre dans mes vieilles connaissance, même si quelques camarades d'école demandent de mes nouvelles à mes parents à l'occasion (pour les rares qui connaissent l'identité de mes parents). Le hic est que ces personnes (des femmes en l'occurrence à ne m'étaient nullement agréables à l'époque et je n'ai pas envie de les voir. Cependant, je suis sûrement un ours mal léché et ces personnes ont pu s'amender depuis.

plumequivole a dit…

je me faisais la même réflexion interrogative que Cornus. Sommes-nous deux à nous tromper ?

Calyste a dit…

Cornus et Plume : peut-être dans un "momentini". Mais à mon âge, rien d'étonnant à ce que je rabâche !

karagar a dit…

ah moi aussi, ai eu cette impression !

Calyste a dit…

Karagar : idem Plume et Cornus