samedi 12 novembre 2016

Mes ratés (2)

Ce souvenir me hérisse encore aujourd'hui. Si l'échec aux bourses des mines m'était entièrement attribuable, le raté qui suit me paraît toujours le fait d'une grande injustice.

Notre école était, je l'ai dit, très active. Un jour, notre instituteur (le seul de tout mon primaire que je n'ai pas aimé : il serait aujourd'hui condamné pour violence sur élèves) nous proposa des cours d'accordéon avec un intervenant extérieur. Chez mes parents, comme sans doute dans tous les foyers du hameau, l'accordéon était l'instrument roi. Si très peu en jouaient, tous l'écoutaient, à la radio surtout. Ce fut mon premier contact avec la musique, juste avant les valses de Strauss. Il me fallut attendre le collège pour rencontrer Beethoven, mon premier "grand" musicien.

La proposition fut acceptée avec enthousiasme, aussi bien par mes parents que par moi. Mais, avant de commencer les cours, il fallait passer une petite "audition" devant l'intervenant, cela afin de savoir à quel niveau nous en étions question solfège, lecture des notes.

Lorsque ce fut mon tour, je ne m'en tirai pas trop mal pour les mesures de la première ligne, sauf à la dernière où je commis une faute. L'homme, qui n'était pas particulièrement sympathique, me regarda méchamment et me dit : Recommence.

Pour moi, recommencer voulait dire reprendre la première ligne, pour lui, lire la seconde (je l'ai su par la suite). Cette fois-ci, bien sûr, tout était faux. On me fit arrêter et je ne fis jamais partie du petit groupe de ceux qui eurent accès aux cours. Tout ça parce que ce monsieur ne connaissait pas le sens du verbe recommencer. Hélas, je n'avais pas à l'époque la langue aussi bien pendue que par la suite pour le lui faire remarquer. Mais j'avais déjà le sens épidermique de l'injustice qui ne m'a jamais quitté.

A noter que, pour ces deux ratés, jamais mes parents ne me reprochèrent mes échecs. Mais je vécus très mal, chaque semaine, le moment où, alors que je devais rentrer chez moi, les autres se mettaient à leur piano à bretelles.

4 commentaires:

Cornus a dit…

Quand j'étais beaucoup plus jeune, j'écoutais l'accordéon "musette" à la radio/télévision avec mes parents et éventuellement ma grand-mère paternelle. Et puis, ça a fini par me sortir par les yeux et surtout les oreilles. Les yeux parce que nombre d'accordéonistes se croient obligés d'arborer un sourire niais. Et je ne parle pas de la musique car à la longue, j'ai l'impression qu'on joue toujours le même morceau. Bref, je n'aime pas beaucoup l'accordéon et quand je le dis à ma mère, je me fait engueuler, car par là, je serais contre les gens simples et les prolétaires (je caricature à peine), ce qui a le don de m'en faire rajouter une couche (car j'adore la faire bisquer, ça marche à tous les coups). En revanche, j'ai déjà entendu quelques rares morceaux d'accordéon classique et c'est franchement autre chose.
Quant à l'intervenant en piano à bretelles, c'était un sale con, je ne trouve rien d'autre à dire.

Calyste a dit…

Cornus : je parlais ici de l'accordéon musette que, maintenant, je n'écouterais pas à longueur de journée, moi non plus. Mais quand, parfois, j'en capte un air à la radio, ça ne me déplaît pas.

karagar a dit…

tu avais donc des notions de solfège pour pouvoir te plier à cet excercice.

Calyste a dit…

Karagar : oui, la lecture des notes, c'est tout.