J'ai toujours été élevé dans le plus grand respect du pain. Je ne suis pourtant pas d'une époque où il était rare mais ma grand-mère et mes parents ayant eu à souffrir de la dernière guerre mondiale ne supportaient pas qu'on le gaspille. Pas plus d'aulleurs qu'il n'était permis de le poser à l'envers sur la table.
Mon père avait d'ailleurs une expression favorite qui nous laissait perplexes, nous, les enfants. Lorsqu'il était très en colère contre nous, il nous lançait chaque fois, voulant dire que les jours heureux étaient finis : "Vous avez mangé votre pain blanc !" Comment pouvait être le pain s'il n'était pas blanc ? C'était sans doute pour lui qui en avait manqué le luxe suprême.
Aujourd'hui, je suis toujours atterré quand j'entends devant moi à la boulangerie des clients demander une baguette "pas trop cuite". Comment peuvent-ils aimer ça ? Moi, c'est toujours la plus cuite que je prends, celle que la boulangère garde dans son arrière-boutique pour des clients comme moi, des gens âgés en général, celle qu'on n'expose pas à l'étal. Ma grand-mère m'a toujours dit que la croûte bien grillée "faisait du bon sang".
Au collège, j'étais écœuré par les élèves qui jouaient avec, en en faisant des boulettes qu'ils se lançaient dessus, ou qui rapportaient leurs plateaux avec trois tranches intactes. Chez moi, il est rare que j'en jette un morceau. Il faut vraiment que le trognon soit trop dur pour mes dents pour qu'il passe à la poubelle.
Ma mère, elle, en faisait une soupe en le trempant dans du lait avec un peu de gruyère râpé. J'adorais ça, alors que mon frère disait que c'était la soupe du chien. Il faudra que j'essaie la recette un de ces jours.
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8 commentaires:
On n'a jamais gaspillé le pain chez mes parents, mais mettre le pain à l'envers (celui du bourreau) n'a jamais été un scandale (chez Fromfrom, si, mais c'est une question "esthétique"). Personne ne faisait la prière non plus avant le repas, mais j'ai vu (vécu) ça chez les grands-parents protestants de mes cousins au Chambon-sur-Lignon, mais je n'ai pas besoin de faire un dessin par rapport à ces "huguenots orthodoxes".
Quand je mangeais à la cantine du collège, je faisais le même constat que toi au sujet du jeu avec le pain et du gaspillage. Inutile de dire que si j'avais été surveillant dans ce "bastringue", j'aurais été en furie.
J'ai entendu des tas de fois parler de "Vous avez mangé votre pain blanc en premier", mais très peu finalement par mes parents, qui ont pourtant eux aussi vécu la guerre et n'étaient pas riches.
L'été, quand il faisait très chaud, on mangeait parfois le soir une soupe de lait froid avec du pain, sans rien d'autre. Sinon en hiver, tiède avec des châtaignes cuites préalablement à l'eau et décortiquées, sans rien d'autre.
Je peux reprendre beaucoup de choses dites ici à mon compte, y compris la cuisson ! Et le pain est resté un aliment dont je ne peux que difficilement me passer.
La "soupe" par essence est une tranche de pain qu'on trempe dans un bouillon chaud..., dans un potage...
Le pain est sacré aussi chez moi, à cause du manque durant la guerre.
Mon père qui n'était pourtant pas branché religion disait qu'il ne fallait pas retourner le pain à l'envers sur la table "parce que ça fait pleurer le petit Jésus".
Il y avait chez ma mère une grosse boite métallique carrée qui contenait des miettes de pains pour faire de la "panure", des trucs panés quoi !
Il n'y a pas de pains perdus !
Oui, moi aussi, j'ai oublié de dire que j'aime bien le pain "bien cuit", qu'en réalité j'ai tendance pour ma part à qualifier de "cuit" tout simplement. J'ai tendance à penser que les Nordistes aiment mieux qu'ailleurs le pain "pas cuit", amoureux qu'ils sont de cette sainte horreur qu'est la faluche.
Comme Karagar, je suis un amateur de pain. Je pense que la vie sans pain serait moins belle.
Eh mais vous oubliez tous le Bettelmann (mendiant en français de l'intérieur :D)
http://www.madeinalsace.com/mendiant_aux_po/
C'est très très bon et ma maman nous en faisait régulièrement, et du coup plus jamais de pain à la poubelle ! L'alsacien est économe.
Calyste, pour réviser la langue de Goethe à la cuisine,outre le "Bettelmann" de Valérie, tu as le "Arme Ritter" ou tu peux aussi faire des "Knödel" pour "légèrement" accompagner tes plats en sauce (encore meilleures le lendemain, tranchées et passées dans la poêle pour accompagner une salade...). Je conserve les restes de pain aussi pour faire de la panure.
Il y avait le même respect du pain (bien cuit) chez moi et un reproche que je ne comprenais pas bien, étant enfant, qui était de "ne pas manger correctement" si on ne consommait pas son pain.. et pas de pain perdu, il allait dans le sac pour les poules du voisin.
A tous : là, j'étais presque sûr que ça allait réagir. Ah ! le pain, c'est quelque chose en France ! Et je vais vous faire un aveu : vous savez mon amour pour l'Italie et les italiens. Eh bien, je n'aime pas leur pain. Mais chut....
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