mercredi 1 avril 2015

Rome 2015 : 3° jour (après-midi)

Cap vers le sud, direction Pompéi. Sur l'autoroute, quelques noms qui me parlent : Caserte, résidence royale des Bourbons de Naples, Capoue et ses délices chères à Hannibal, Torre del Greco dont le nom m'a toujours plu, Torre Annunziata sa voisine, Oplontis et la villa de Poppée visitée jadis, Herculanum tandis que se profile non loin la silhouette du Vésuve.


De nouvelles retrouvailles au moment de la visite guidée : je retrouve, après des années celui que j'appelais "le vieux beau" (j'ai appris cette fois-ci qu'il était largement plus jeune que moi) : un homme élégant et abominablement bavard, excellent francophone avec un rythme de paroles inimaginable. Bine sûr, il a vieilli, mais je l'ai reconnu à son nom, rappelant celui d'une famille princière régnant sur un célèbre rocher.


La visite commence par l'amphithéâtre, le plus vieux de l'antiquité romaine et assez bien conservé. Puis nous avançons dans les rues de la cité engloutie. J'avais peur de trouver un site délabré (c'est ce qui a été dit il y a peu dans les médias) et suis surpris par l'importance des travaux entrepris. Le guide m'en donne la raison : Pompéi est classé patrimoine de l'humanité et, devant le laisser-aller des Campaniens, l'Unesco a posé un ultimatum sous forme de date butoir pour rénover. Faute de quoi, le site serait déclassé.

L'amphithéâtre

En face, la palestre

L'amphithéâtre (intérieur)

Ainsi la rue de l'Abondance (je n'en connais que deux au monde : celle de Pompéi et celle tout près de chez moi, à Lyon), originairement le decumanus maximus, est-elle encombrée d'échafaudages multiples et barrée dans certaines sections. Partout aux carrefours fleurissent, en plus des fontaines,  les nombreux phallus dont l'inclinaison indique parfois la voie à suivre pour atteindre une des nombreuses "maisons de tolérance" de cette ville où le plaisir était roi. 

Phallus au mur

Phallus au sol

Fontaine (les fontaines, ayant toutes une décoration différente, permettaient de se repérer dans la ville dont les rues ne portaient pas de nom.)

Le lupanar, justement, nous le visitons rapidement : les fresques au-dessus de chaque cellule présentent la "spécialité" de la dame qui  l'occupait. Au première étage, le balcon d'où ces dames racolaient le client en imitant le cri de la louve (lupa, en latin, d'où le nom de "lupanar"). L'adjectif "trivial" est lié à ce genre de "commerce" toujours situé au croisement de trois rues.

Lupanar

Lupanar

Lupanar

Puis un thermopolium, ouvert récemment à la visite pour sa partie intérieure et dont je ne connaissais que la pièce donnant sur la rue. Dans l'Antiquité, on y servait à manger et à boire, souvent du vin mélangé à de l'eau de mer chauffée (!!!).

Thermopolium

Thermopolium

Thermopolium

Thermopolium

Aux thermes de Stabies (nous ne verrons pas ceux du Forum), la section féminine a été elle aussi restaurée et ouverte au public. Mais nous verrons pas non plus la maison des Vettii, la plus intéressante bien que reconstruite à l'identique après les bombardements américains de la dernière guerre mondiale et fermée au public depuis plus de dix ans, pas plus que la villa des Mystères, trop éloignée de la consigne où nous avions dû laisser nos sacs à dos, pas plus que la maison du Faune ni les théâtres. Mais il faudrait deux jours pour tout visiter...

Section féminine

Section féminine

Section féminine

Section masculine

Section masculine

Palestre des thermes de Stabies

Les élèves sont fortement impressionnés par le "jardin des suppliciés" où est regroupée la plus grande partie des empreintes de corps de Pompéiens n'ayant pu s'échapper à temps : moulages en plâtre effectués en comblant la cavité laissée vide par la putréfaction des corps.

Moulages de Pompéiens morts lors de l'éruption du Vésuve

La dernière étape sera réservée au Forum avec ses temples, ses arches, sa basilique et l'édifice Eumachia, siège de la corporation des foulons qui en dit long, par ses dimensions, sur l'importance économique de cette catégorie sociale des teinturiers. Je montre aux élèves la porte donnant sur le Forum et ornée d'un magnifique décor en relief représentant un feuillage abritant une multitude de petits animaux (lapins, escargots, oiseaux...), dont, malheureusement, la protection en plastique épais a beaucoup vieilli.

Le forum

Le forum

La porte de l'édifice Eumachia

Ensuite temps libre dans une rue de la cité actuelle où les élèves  achètent ces fameux livres montrant, par un jeu de transparents, la Pompéi antique dans toute sa splendeur et ce qu'il en reste aujourd'hui. Enfin, rituel quasi permanent de cette visite, nous leur offrons une glace chez le meilleur glacier de la ville (proche de l'office du tourisme).

Et, ce jour-là, il a fait beau, très beau, avec une chaleur telle que nous avons dû enlever manteaux et pull-overs ! Les jours se suivent et ne se ressemblent pas...

Une dernière photo pour montrer quelque chose qui ne paie pas de mine et qui, pourtant, a une importance capitale : ce petit renflement qui coupe la ruelle est en fait le canal creusé à la toute fin du XVI° siècle pour acheminer les eaux de la rivière Sarno jusqu'aux fabriques d'armes de Torre Annunziata, creusement qui a entraîné la redécouverte des ruines de Pompéi, le plus vieux site archéologique du monde.

7 commentaires:

CHROUM-BADABAN a dit…

C'est vachement bien ce petit reportage !
J'y apprends plein de choses et j'y découvre des paysages que je ne connaissais pas, bravissimo !

Jérôme a dit…

Tu continues avec nous à faire le - très bon - professeur ;-)

Cornus a dit…

Si je ne m'étais pas souvenu tout à coup d'avoir vu des films ou entendu des émissions sur Pompéi, j'aurais volontiers pensé que cette histoire de Phallus était poissonnière. Mais non.

Calyste a dit…

Chroum : merci. Tu devrais y aller faire un tour... Je te sers de guide, si tu veux !

Jérôme : c'est comme curé,quand on a été prof, on le reste à vie !

Cornus : pas de poisson cette année (manque d'inspiration). Mais j'ai cru en déceler un chez toi : la station de métro. je me suis trompé ?

Cornus a dit…

Non non, pas de poisson cette année. Je n'ai pas eu le temps de m'y pencher. En revanche, j'ai été victime d'une belle série de blagues ce 1er avril. J'y reviens dans une note.

karagar a dit…

Eh bien, j'ai appris quelques étymologies étonnnantes...

Calyste a dit…

Karagar : pour ma part, je connaissais celle de lupanar mais ignorais celle de trivial.