lundi 23 septembre 2013

Alpinistes précoces

Le deuxième souvenir rattaché à mon frère, le voici. Il y avait, derrière chez nous, un crassier, que dans la région stéphanoise, nous appelons terril, sorte de grosse montagne faite des scories de la mine toute proche. Jusqu'à ce jour, nous n'étions montés que jusqu'aux paliers intermédiaires aménagés en terrasses sur lesquelles avaient poussé des genêts et des tas d'herbes folles où nous installions nos cabanes. Ce souvenir est plus ancien que le précédent car mon frère n'était vraiment pas grand.

Un après-midi, nous décidâmes d'effectuer l'ascension complète : la pente du côté de chez nous n'était pas très abrupte et le sommet paraissait relativement facile d'accès. Effectivement, nous l'atteignîmes en quelques minutes. Ce que nous ne savions pas, c'est que l'autre versant était beaucoup plus pentu et plongeait de façon inquiétante sur des maisons en contrebas.

Je n'en menais pas large mais mon frère, lui, fut soudain pris d'une panique incontrôlable à cause du vertige sans doute et se coucha sur le sol en enserrant de ses deux bras le sommet. Pourtant, il nous fallait bien redescendre, d'autant plus qu'il nous avait été formellement interdit de monter sur ce terril, à cause des risques d'éboulement, je pense. Je me rendis vite compte que mon frère était incapable de se remettre debout ni même de faire le moindre geste. Et ce qui, par malheur, arriva ensuite, mit un comble à sa peur : un avion passa dans le ciel, juste au-dessus de nous.  "Il va nous écraser, il va nous écraser !" Bien sûr, l'avion était beaucoup trop haut pour que nous courrions le moindre risque, mais allez faire comprendre l'évidence à un enfant paniqué.

Il ne restait plus qu'à attendre que quelqu'un nous aperçoive et nous vienne en aide. Ce fut la même voisine que pour les pommes mais qui, cette fois-ci, fit œuvre charitable. Elle alla prévenir mes parents et mon père vint nous récupérer au sommet. Bien qu'ayant bravé un interdit, nous ne fûmes pas punis, tant la peur avait été grande. Je pense même que mon père, sans nous le montrer, avait beaucoup ri de l'histoire, surtout de l'épisode de l'avion.

5 commentaires:

Cornus a dit…

Cette évocation est également très sympa.
Le terme "terril" est un terme générique qui concerne généralement, en contexte minier, des schistes houillers. Dans le Nord-Pas de Calais, on prononce souvent "terri".

plumequivole a dit…

Ah me voilà rassurée, la vieille carne délatrice n'était donc pas mauvaise à 100% !

CHROUM-BADABAN a dit…

Tu sais dans le Nord, sur les terrils, les Ch'tis, ils y skient, comme à Helsinki !
Escalader les terrils, c'est guère plus dangereux que de farfouiller dans les ferrailles de Firminy !

Cornus a dit…

Daniel> Si je puis me permettre, il y a au contraire des terrils qui sont dangereux, notamment ceux qui sont en combustion et qui peuvent d'effondrer de l'intérieur (cela ne se voit pas forcément quand on n'est pas bien informé) ou laisser échapper des gaz toxiques. A côté de cela, beaucoup de terrils ne présentent aucun risque.

Calyste a dit…

Cornus : c'est tout à fait ça !

Plume : ou bien elle voulait que nous ayons droit à une raclée ?

daniel : j'ai entendu aujourd'hui à la radio que des parents divorcés, pas d'accord sur la garde des enfants, avaient escaladé un puits de mine près de St-Etienne

Cornus : le nôtre émettait parfois de petites fumerolles.