vendredi 20 février 2009

Silences.

Comme diraient nos amis de la radio, la circulation sur la blogosphère, ce soir, est assez fluide.

Pas de bouchons, pas de ralentissements, pas de textes. En tous cas chez ceux, dans leur grande majorité, chez qui j'ai l'habitude de me rendre quotidiennement.
Certains sont en panne depuis bientôt un mois, d'autres parfois se réveillent d'un long sommeil hivernal le temps d'un billet, avant de replonger dans les bras d'un Morphée glacé. Certains n'ont jamais écrit beaucoup et leurs parutions en sont d'autant plus attendues, d'autres, les plus nombreux, avouent tout simplement leur manque d'inspiration en ce moment.

Alors, à quoi cela tient-il? Tous au même moment? Un par ci, un par là, je comprendrais, mais tous en même temps! Est-ce l'hiver qui n'en finit pas et achève d'engourdir les esprits ou les bonnes volontés? Est-ce la morosité sociale ambiante qui déteint sur la plume et la volonté de s'en saisir (par plume, je veux bien sûr dire clavier, mais j'aime bien les archaïsmes, n'étant pas très loin moi-même d'en être un)?

Les fêtes sont passées, Noël et Nouvel An, le printemps n'est pas encore là, l'été et ses tentations encore bien loin, pas de photos d'automne non plus. Alors on se tait parce qu'on n'a rien à dire. Je ferais peut-être bien de suivre l'exemple, n'ayant pas moi non plus de révélation fracassante à divulguer. Et pourtant, je fais encore claquer le bout de mes doigts sur les touches noires, parce que j'aime ça, ce rendez-vous quotidien avec les autres, avec moi-même. Une sorte de fidélité stupide mais qui me tient chaud.

Alors, je peux vous raconter n'importe quoi. Tiens, par exemple, que je viens de découvrir, à cinquante-six ans, que les deux petits coussinets du bout de mon nez ne sont pas exactement symétriques, le gauche l'emportant de peu sur le droit. La contemplation de ma moustache de plus en plus fournie est peut-être à l'origine de cette découverte. Intéressant, non?

Ou bien vous parler de la grosse dame et de son fils installés comme moi cet après-midi dans la salle d'attente de la clinique. Elle avait trop chaud et se déplaçait fréquemment jusqu'au couloir, en s'aidant de sa canne. Lui, la trentaine, gros aussi, restait avachi sur sa chaise. Au premier abord, l'air tous les deux un peu demeurés. Pour passer le temps, ils jouaient à "pierre et ciseaux", les mains dans le dos. En les écoutant, découverte chez chacun, de par ses réparties, d'une intelligence plus vive que prévue et, fort émouvante, la preuve irréfutable d'un grand amour.

Vous dire aussi que me balader à poil devant l'assistante médicale ne m'a gêné en rien, même s'il s'agissait de la belle-sœur d'une de mes anciennes collègues. Enlever mes vêtements ne m'a jamais paralysé la langue, parfois bien au contraire.

Vous dire qu'il a fait beau, vous dire que le soleil brillait, vous dire que, malgré les mauvaises nouvelles, les tristesses, les angoisses, j'aime la vie comme un fou,un amoureux fou qui ne se lasse jamais de la respirer, de la serrer contre lui, de lui dire que je l'aime, que j'aime tous ces gens qui se battent jusqu'au bout, même s'ils tombent, même s'ils finissent par perdre comme nous perdrons tous mais après avoir tant gagné!

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Ecrire sur le rien apparent, c'est déjà beaucoup.

Amour de la vie tapé sur vos touches noires (chez moi elle sont blanches), et venu à la fin comme la fin d'une cantate de Bach.

Anonyme a dit…

Non, point de révélation fracassante !
Oui à la fidélité mais pour quoi stupide ?
Restez au clavier, courbé pour mieux aimer (bis), ne changez pas, continuez à nous faire entendre votre andante.

Anonyme a dit…

Ce sont tous les petits rien(s) de la vie qui font un grand tout.
Et personnellement, j'aime beaucoup les petits rien(s), ils sont la "vraie vie"...

Anonyme a dit…

J'admire la facilité avec laquelle tu parviens à écrire sur tout et rien.

Calyste a dit…

Dominique et Océania, vos échos à la musique me touchent beaucoup, surtout celle de Bach bien sûr, puisque ce blog a commencé par des rêveries sur des sons, sur la musicalité particulière à chaque mot.
Si cette musique est perceptible dans mes phrases, alors je suis comblé!

Discrète et Gonzo, j'aime ces petits riens quotidiens à la beauté desquels on ne fait pas souvent attention. C'est le tissu de nos vies, la trame sans laquelle les boutons dorés ne tiendraient pas!

Anonyme a dit…

La semaine dernière, j'étais pô là ! D'où l'absence de notes chez moi (mais de toute façon, je n'arrive jamais à écrire de façon quotidienne).
Mais, il m'arrive quelquefois de me dire qu'il est sain également de se mettre en "vacances de blog". Ca permet aussi de recharger des réserves d'inspiration qui s'épuisent. Je parle pour moi, bien évidemment.
Quant à tes notes 'pour ne rien dire', je les aime beaucoup (je me souviens de celle sur les produits que tu n'avais pas trouvés au supermarcé, notamment la mousse à raser, il y a quelques mois).

Au fait, tu as une moustache...? Ah.... C'est un détail qui m'avait échappé dans tes écrits... fournie, tu dis.....? Ah.......

Calyste a dit…

Mise à jour: pour la mousse à raser, ils sont réapprovisionnés, mais... je ne me rase plus. La barbe a poussé et encore davantage la moustache, ce qui me ravit, puisqu'à vingt ans, elle avait refusé de dépasser les quelques poils raides à la maffioso. Que de choses je pressens derrière ce "Ah..."! Pas désagréables du tout.