lundi 23 février 2009

Le Livre du bambou

Je viens de lire un livre reposant, un de ces textes assez difficilement classables dans une catégorie ou dans une autre. Cela démarre comme un conte. Tout de suite, on est dedans, on est pris par le mot, par la phrase, par l'agencement des phrases entre elles, comme si cela ne pouvait être écrit autrement. Cela se poursuit comme un roman historique dans la Chine et le Japon du Moyen Âge. On y côtoie des shoguns, des samouraï, on y assiste à des intrigues de pouvoir, à des meurtres, à de la violence et à des guerres. Cela dévie aussi souvent du côté de la philosophie, de la méditation qui me semble être la finalité ultime de ce livre.
Une fois commencé, je n'ai plus arrêté de le lire, attendant parfois impatiemment le soir le moment de pouvoir le retrouver. Il y a bien longtemps que je n'avais éprouvé dans la lecture un plaisir aussi simple et profond. Que raconte l'histoire? Pour une fois, je ne vous le dirai pas. Allez à la librairie la plus proche et achetez-le. C'est ce qu'il y a de mieux à faire.
Son titre: Le Livre du bambou. Son auteur: Vladislav Bajac (un serbo-croate). Son édition: Editions du rocher. sa collection: Motifs.
En voici les premières lignes:

Obuto Nissan s'habilla et se mit en route pour effectuer sa tournée matinale dans les plantations du seigneur. Accoutumé à la solitude qui était son lot depuis des années, il avait l'habitude de parler tout seul en marchant. Il avait décidé d'éviter autant que possible la compagnie de ses semblables quelques mois après son mariage, le jour où était morte l'élue de son cœur. Pendant toute une année, la peste avait sévi dans la province, et Nissan n'avait compris qu'une seule chose: que le malheur des hommes est infini. Constatant que le destin le condamnait à rester en vie, il se présenta au daimyo Bonzon et brigua le poste de gardien des plantations de bambous les plus éloignées, celles du mont Shito. Treize ans s'étaient écoulés. Nissan ne descendait jamais de sa montagne. Il n'avait de contact avec les humains que deux ou trois fois dans l'année, quand quelque moine zen du temple Dabu-ji, au cours de son pèlerinage, s'arrêtait dans sa cabane pour se reposer.
(Trad. de Mireille Robin.)

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