mardi 3 février 2009

Petit papier vert

J'avais froid ce matin. Plutôt l'humidité.

Du placard, j'ai ressorti une parka que je n'avais pas mise depuis l'année dernière. Avec Pierre, nous avions la même, classique: bleu marine avec l'intérieur du col de velours beige clair, une capuche et des poches, beaucoup de poches où se perdent clés, portable et carte bancaire. Dans l'une d'elles, en plongeant la main, j'ai senti sous mes doigts un petit papier, tout froissé, au fond. Un papier qui y avait passé l'année entière.

J'ai pensé d'abord à une liste de courses: salade verte, yaourts, croque-monsieur, chocolat, à un billet de cinq euros ou à un reçu de distributeur automatique ou de station de vélos. Ayant réussi à l'extraire des profondeurs de la poche grâce à deux doigts en pince, j'ai découvert un petit rectangle de sept centimètres sur cinq, vert pomme et parfaitement vierge du côté qui m'est apparu d'abord. Mais de l'autre, il se montra plus bavard.

Il s'agissait d'un ticket de café-théâtre, L'Espace 44, rue Burdeau, remis lors d'une soirée que j'avais complètement oubliée. Et alors me sont revenus en foule les souvenirs, les détails: les amis avec qui j'étais et qui m'en avaient présenté d'autres, les deux filles sur scène, loufoques et intelligemment clownesques, la redescente des pentes de la Croix-Rousse, eux voulant que je partage leur dîner, moi préférant rentrer à pied dans les rues pas trop froides, mon appareil photos en main.

L'un de ces amis que l'on me présenta ce soir-là, allemand, jouait du piano dans un pub derrière la place des Terreaux. Nous devions nous revoir, faire des soirées musique et délire, pour prolonger le bon moment passé au théâtre. Gone with the wind! Autant en emporte le vent! Pourquoi pas, après tout. Sincérité de l'instant, elle est vraie mais ne dure pas. Manque de racines pour la plante. C'est la vie, c'est normal. Il reste le souvenir heureux ravivé par ce petit papier du fond de ma poche, petit rectangle vert que je n'ai pas encore le courage de mettre à la poubelle. Mais ça viendra vite.

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