vendredi 6 février 2009

Quand le ciel bas...

Rarement il aura fait cet hiver une journée aussi mauvaise. Pas froid, mais le ciel et la grisaille se sont effondrés sur la ville. Il fait presque nuit, et ce depuis le début de l'après-midi au moins. Un temps à se pendre, comme le canal de Brel.

C'est le jour qu'a choisi une entreprise commanditée par le syndic pour venir faire un devis sur l'enlèvement des encombrants dans le local à vélos de la cour. Bien sûr, le coup de sonnette retentit chez moi, au hasard. Je suis près à renvoyer l'homme à la régie pour qu'elle veuille bien lui donner les clés mais quelque chose dans sa voix me dit qu'il est gentil, oui, gentil, c'est le seul mot qui convienne. J'accepte donc d'arrêter mes corrections de copies et la cantate de Bach que j'écoutais en travaillant pour l'aider dans sa tâche.

Au bas des escaliers, je découvre un jeune homme un peu timide, et gentil assurément, qui a l'air de prendre son travail au sérieux et, de plus, est poli, puisqu'il s'excuse de m'avoir dérangé. Il ne m'en faut pas plus. Il a caressé l'ours dans le bon sens du poil. Nous partons tous deux dans la cour et là, impossible d'ouvrir la porte du local. Je suis sûr qu'il n'est pas fermé à clé et le vérifie, mais le bois, avec le froid et l'humidité, a gonflé. Impossible de la faire bouger ne serait-ce que d'un millimètre. Je remonte chez moi chercher un tournevis pour tenter de faire levier. A mon retour, le jeune homme a réussi à la débloquer.

Il y a quelques mois, en plus des vélos suspendus à des crochets au plafond, il y avait déjà beaucoup d'autres choses qui n'avaient rien à y faire. Mais aujourd'hui, j'ai eu une belle surprise. L'espace vital s'est encore réduit considérablement. On trouve ainsi accumulés un sommier, un meuble à chaussures, une table de nuit, une cuisinière et d'autres ruines non identifiables de par la pénombre et leur forme.

Pendant que le jeune homme prend des notes pour établir le devis, je furète un peu partout et découvre, dans un tiroir de la table de nuit, deux papiers: l'un est une enveloppe contenant les résultats d'une imagerie médicale, l'autre une ordonnance pour prescrire cet examen. Et sur l'enveloppe, il y a le nom. Celui de l'ancienne locataire du rez-de-chaussée qui a déménagé mi Janvier.

Après avoir quitté le jeune homme qui me remercie encore, téléphone à la régie. Ils vont retrouver sa trace. Un quart d'heure plus tard, la régie me rappelle. Elle a pu joindre cette femme dont le mari va me contacter pour récupérer sa table de nuit "oubliée". Quant au reste, ce n'est pas à lui, bien sûr. Encore un coup de la petite fée Clochette! J'ai tout de même prévenu que je n'étais pas chez moi 24h sur 24. Dès ce soir, d'ailleurs, je sors pour un petit repas dont je reparlerai.

Et voilà comment, avec en plus une vidange pour ma voiture, j'ai passé l'après-midi, à des futilités, des occupations plus inintéressantes les unes que les autres, dont certaines ne m'incombaient nullement. Tout ça parce qu'un homme qui avait sonné chez moi par l'interphone avait une voix gentille!

Seul avantage: j'en ai complètement oublié le temps extérieur. Heureusement car maintenant, la nuit est tombée, j'ai dû aller récupérer ma voiture et la pluie a été remplacée par de la neige, pas celle dont on dit, dans les mauvais romans, qu'elle va recouvrir le sol de son manteau immaculé, non, une neige aux énormes flocons déjà à moitié transformés en eau qui disparaissent aussitôt au sol, une neige qui, comme la pluie, n'a qu'une intention: mouiller.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Ah, zut.... Moi j'espérais qu'en furetant dans le local à vélo, tu dénicherais les vestiges d'un lit à baldaquins sur lesquels, toi et le "jeune homme gentil", vous vous seriez abattus en gémissant d'enthousiasme...
Ca aurait tout de même été plus excitant que la radio "oubliée" par une idiote dans sa table de nuit...

Calyste a dit…

La cour fait caisse de résonnance et les gémissements se seraient vite transformés....