Oui, j'ai résisté. Cette journée de réflexion pédagogique, proposée par le PASIE (Pôle Académique de Soutien à l'Innovation et à l'Expérimentation) s'est passée on ne peut mieux.
Arrivé à onze heures du collège où nous avons assuré les deux premiers cours de la matinée, j'ai, avec Evelyne, découvert le lycée de l'Ain où allaient se dérouler les divers ateliers. Pas de moment d'angoisse: la beauté moderne de l'architecture extérieure m'a fait oublier le reste. Oublié aussi d'en prendre quelques photos. Le public était nombreux et il a fallu se glisser dans la salle où les échanges avaient lieu depuis le matin. Public varié en sexe et âge, look et couleur de crinière (quand crinière il y avait). C'est justement un homme chauve d'une trentaine d'années que j'ai remarqué en premier dans la foule, d'abord parce qu'il me regardait, ensuite parce que je trouve les crânes dégarnis très sexy. Malheureusement, malgré mes espérances, je ne me suis jamais trouvé dans les mêmes groupes que lui et n'ai pu le voir que de loin tout au long de l'après-midi.
Petit bonjour à deux ou trois personnes de connaissance puis constitution des groupes d'échanges. Le mien du matin traite de l'interdisciplinarité. Animé là aussi par un monsieur vraiment pas désagréable à voir, avec qui j'ai pu ensuite échanger dans la file au self, il ne m'a pourtant pas apporté grand chose. J'en suis ressorti avec un sentiment bien orgueilleux mais, après vérification auprès de ma collègue et et de Gilles, je ne me trompais pas: je suis maintenant sûr que, depuis le lancement de notre projet il y a maintenant quatre ans, nous avons pris, au moins sur ce plan-là, une avance considérable sur la majorité des autres établissements. Ainsi, moi qui m'étais promis de me tenir tranquille, n'ai-je pas tenu bien longtemps et me suis-je entendu expliquer aux autres, à leur demande, notre façon de fonctionner qui les a, c'est selon, ou très intéressés ou vite effrayés.
L'après-midi fut en partie consacré à un atelier ayant pour titre: Comment favoriser l'autonomie des élèves dans la conduite d'une démarche d'investigation? (Mille pardon à tous pour cette cuistrerie!) A priori destiné plutôt aux enseignants scientifiques, cet atelier m'a enchanté par la qualité des deux intervenants (profs de math et physique à l'INRP), ouverts et pas du tout sectaires, par leur façon d'approcher la question et leur modestie quant aux réponses proposées, par le naturel et l'intérêt des débats. Je crois, décidément, que je suis un matheux dans l'âme. J'ai même eu la joie d'ajouter mon grain de sel en faisant connaître au prof de math le roman de Yoko Ogawa, La Formule préférée du professeur, où j'ai découvert l'existence des nombres premiers pyramidaux, dont il a été question aujourd'hui.
Au retour, Gilles nous a proposé de passer un instant par chez lui. J'ai déjà dit toute l'estime et l'amitié que j'ai pour lui, avec qui je me suis entraîné pour le semi marathon. Evelyne n'y était jamais allée. Nous avons accepté l'invitation. En confiance totale, Gilles nous a emmenés dans son bureau, un nid d'aigle aménagé dans le grenier de la maison, et surtout dans son atelier de peinture où il nous a montré ses toiles. Pour lui, je sais que c'est un geste intime qu'il accomplissait là. Vraiment, je l'aime, ce mec.
Le retour jusqu'au collège où je devais ramener ma collègue a été l'occasion d'une bonne discussion avec celle avec qui je travaille depuis bientôt trente ans, celle qui restera ma sœur pédagogique, malgré les accrochages, malgré nos caractères de cochon à tous les deux. Nous sommes ensemble en train de vieillir. Lorsque des mises au point s'imposent, comme c'est le cas en ce moment dans l'équipe, menacée d'imploser par les nouveaux arrivés, les nouvelles structures pédagogiques et la somme de travail, on peut même dire de travaux, quand cette mise au point s'impose, on sait qu'après un moment d'agacement réciproque, on n'aura de cesse d'échanger nos points de vue, de trouver des remèdes, des solutions pour sauver ce qui nous tient à cœur: le travail en équipe. Je crois que le pire qui pourrait nous arriver, c'est que nous nous fâchions véritablement et définitivement.
Je suis revenu chez moi fatigué mais satisfait de ma journée. Un petit tour sur le blog de J. m'a mis le sourire aux lèvres et mon gratin de courge réchauffé était délicieux. Que demande le peuple? Un bisou? Bah! Je me le ferai de votre part!
mercredi 19 novembre 2008
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5 commentaires:
Il faudra faire une note un de ces quatre sur ta (votre) conception et organisation de l'interdisciplinarité...
(je ne plaisante pas : ça peut s'expliquer en termes très simples, et le thème n'implique pas forcément de la cuistrerie de pédagogue bouffi...)
Lancelot, je t'aime bien mais non: après une journée de boulot prenante, je ne vais pas remettre ça le soir sur ce blog.
Ce genre de choses implique un contact, une conversation en direct avec verse et controverse, demande et réponse instantanées. Sinon, on tombe dans l'exposé figé et schématique.
Ne m'en veux pas mais je n'ai pas ce courage.Bises, R.
Favoriser l'autonomie des élèves dans une démarche d'investigation! Je suis preneur de la recette car chez moi ça ne marche pas! L'autonomie, les élèves même de lycée ne connaissent pas! Même guidés, il faut toujours être derrière pour les faire avancer. Quand ils le veulent évidemment!
Et "être derrière" te déplaît-il tant que ça, O Zeus? :-))
Pour être plus sérieux, c'est vrai que ce n'est pas toujours gagné davance. Leur proposer des sujets d'étude qui les accrochent, qui soient encore en lien avec leur vie sans tomber dans la démagogie et la répétition de thèmes ultra-usés n'est pas évident.
Oh, je t'en veux à mort, tu penses....
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