Avec moi, Camus n'avait pas eu de chance : la première fois que j'ai lu un de ces livres, c'était en terminale sous l'égide d'une jeune prof de français. Jeune et femme, elle accumulait les handicaps avec moi qui n'avais connu que de vieux puits de sciences, des messieurs très savants et passionnants.
Et puis, grâce à une de mes élèves de seconde qui l'avait défendu bec et ongles, en particulier sa pièce Les Justes, j'étais revenu sur mon jugement peu favorable et j'avais relu, avec plaisir cette fois, L’Étranger. Mais j'ai déjà raconté tout ça !
Meursault, contre-enquête part du plus célèbre roman de Camus mais je dis "il en part", c'est à dire qu'il va tout ailleurs. Cette fois-ci, c'est le frère de "l'Arabe" qui, vieillard, dans un bar, raconte à un universitaire ce que fut sa vie à l'ombre du crime du frère aîné, sa dépossession de sa propre identité, le mal-amour de sa mère, leur errance dans la ville à la recherche de l'assassin. Il confie à cet étranger sa non-vie et l'on voit peu à peu se dessiner le destin et la personnalité d'un homme meurtri pour qui rien ne compte plus, pas même Dieu ni l'allégresse de la fin de la colonisation.
Un autre Étranger que, Dieu merci, j'ai découvert, et aimé, seul cette fois-ci.
(Kamel Daoud, Meursault, contre-enquête, Ed. Actes Sud.)
dimanche 28 juillet 2019
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4 commentaires:
Toujours eu beaucoup de mal avec Camus, sauf une pièce, pas lue mais vue, Caligula, qui m'avait emballée.
Celui-ci me tente bien du coup, mais faudrait que je me replonge d'abord dans L'Étranger, aïe !
Meursault ? Ah oui ? Quel rapport avec le fromage... euh le vin ?
Plume : pas la peine de t'y replonger : en lisant Daoud, l'essentiel de L’Étranger revient.
Cornus : arrête ton char, Donnay !
Bien bien, Calyste !
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