mercredi 31 juillet 2019
Brèves rencontres
Lui, il en a une, petite histoire. La première fois que j'ai l'ai vu, c'était de nuit. Je rentrais chez moi et il était couché sur le sol, endormi, protégé sous une colonnade d'immeuble de la place. On voyait à peine sa tête mais sa tignasse abondante dépassait de sous la couverture sale.
Une semaine plus tard, jour pour jour, à peu près à la même heure, je l'ai revu, au même endroit, mais cette fois-ci, il ne dormait pas. Lorsque je suis passé, il m'a fixé de ses grands yeux bleus qui le rajeunissaient presque. Il ne m'a rien demandé.
Troisième rencontre pour la photo, à l'autre bout de la place, regardant passer les voitures, n'attendant rien, seulement que le temps passe, son sac apparemment lourd sur les genoux. .
Et le lendemain, encore lui, presque au même endroit, debout à cette heure de la matinée. Je fumais une cigarette. Il m'en a poliment demandé une, que je lui ai donnée, parce qu'il était poli, parce qu'il n'était pas agressif et, bêtement parce que c'était lui. Après tout, nous nous connaissions depuis plus de huit jours.
Je lui ai demandé si la nuit du samedi n'avait pas été trop dure, avec le bruit de la pluie. Il m'a dit qu'il avait connu pire et m'a souri. Quelle douceur dans ce visage d'intellectuel déchu ! C'est en tout cas comme ça que je l'ai vu, ou comme un peintre raté cassé par la vie. Maigre, fragile, humain.
Dernière rencontre, le lendemain. Il marchait sur le trottoir d'en face, son sac sur le dos et semblait hésiter sur la direction à prendre. Décision difficile à prendre quand on ne va nulle part. J'ai failli traverser pour lui proposer une autre cigarette et tenter d'aller plus loin dans l'échange. Mais ne l'aurais-je pas froissé ?
Depuis deux jours, je ne le vois plus. Il me manque presque.
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5 commentaires:
Ton histoire me rappelle mon "petit vieux" à moi, que je ne voyais plus, que je croyais avoir perdu, et dont je n'osais pas demander des nouvelles dans son bistro refuge habituel. Et avant-hier je l'ai revu ! Propre comme un sou neuf, cheveux et barbes taillés, un jeune homme ! Je lui ai dit "eh bien ça fait longtemps qu'on ne vous voyait plus !", il a éludé, je n'ai pas insisté. Mais on a repris les bonnes habitudes, un euro pour un café. J'étais toute contente !
Tu racontes bien les histoires vraies.
Plume : imagine-toi que j'ai pensé à "ton petit vieux" en voyant le mien et en écrivant cet article. Et comme toi, je prends des pincettes pour ne pas froisser. Je ne sais pas si je reverrai "le mien".
Cornus : juste des faits, je t'assure. Je ne veux surtout pas faire de "littérature".
Les faits font de belles histoires, la preuve.
Cornus : merci.
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