Puisque nous étions sur la route, autant en profiter. Arrêt à Montbazin, sur l'ancienne Via Domitia romaine, pour visiter l'église Saint-Pierre, en fait chapelle romane (XI°-XII°) du château. On peut y voir des fresques romanes, ce qui est rare dans la région, et quelques objets gallo-romains découverts alentour.
Puis montée jusqu'aux ruines de l'abbaye Saint-Félix de Montceau, sur la commune de Gigean. D'origine bénédictine (puis cistercienne au XII° et à nouveau bénédictine au XV°), elle existait déjà en 1104 mais l'abbatiale de style gothique qui dresse son vaisseau au sommet d'une colline dominant la région date de la fin du XIII°.
En errant dans les ruines que restaure une association , nous avons été surpris de découvrir des tombes, dont celles d'enfants en bas âge. J'ai appris depuis qu'il existait dans la région un dicton disant : "Saint-Félix de Montceau : 12 nonnes, 13 berceaux" et que, en 1332, l'évêque de Maguelone publia une ordonnance afin de remettre les moniales dans le droit chemin. On trouvait d'ailleurs dans l'abbaye une "enfermerie", prison où les religieuses ayant commis des écarts étaient enfermées. Au XVI°, suite a de nombreux pillages, les nonnes s'installent dans un nouveau bâtiment à l'intérieur des remparts de Gigean et l'ancienne abbaye sert de carrière de pierres jusqu'en 1970.
Si, devant Valmagne, nous avons parfois, Frédéric et moi, éprouvé la sensation d'être quelque part en Toscane, ici ce sont deux sites qui nous sont revenus à l'esprit : d'une part San Pere de Rodes pour le site, d'autre part San Galgano, près de Sienne, pour la sérénité des lieux. Ah ! San Galgano !
Enfin, dernier arrêt à Vic-la-Gardiole. Il se fait tard et l'église romane Sainte-Léocadie (XII°) est malheureusement déjà fermée. Dommage car nous voulions y voir la citerne intérieure servant à approvisionner en eau les habitants qui se réfugiaient dans cette église fortifiée en cas de danger.
5 commentaires:
Tout ça représente un merveilleux voyage !
De mon coté, après avoir vu l'expo Rodin/kiefer à Paris et lu les Cathédrales de France de Rodin, j'ai enfin compris que "dans le gothique", il était possible de dissocier le fantastique et merveilleux travail des hommes et l'ambition architecturale religieuse qui me dérangeait particulièrement jusqu'à présent !
Je préférais l'art roman, qui est un peu désuet et qui garde un air malicieux, irrévérencieux et un coté sauvage (voire africain !); j'exécrais le gothique et toutes ses dorures, ce luxe éhonté et "hypocrite" ! .
Depuis le gothique et ses cathédrales, j'aime l'appréhender comme dans la chanson de Jacques Brel, La Cathédrale que je t'invite à écouter sur internet !
Très sympa tout cela.
Tu m'as appris quelque chose : je pensais que les Cisterciens n'étaient qu'une sous-catégorie des Bénédictins, puisque observant la même règle, au moins au départ. Mais non, bien que cela me fasse doucement rigoler puisque les rigoristes ont souvent fini par sombrer dans les mêmes dérives que leurs aînés.
Chroum : j'ai eu la même évolution avec le baroque (à petite dose) mais je continue à être davantage touché par le roman, pour moi plus intime, plus "spirituel".
Cornus : dans le même ordre d'idée, il y a eu les franciscains et les capucins.
Que du beau. J'aime ce gothique sobre.
Karagar : moi aussi, j'aime, et l'atmosphère qui s'en dégage.
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