vendredi 9 juin 2017
Journée : matin
Lever. Gris. Il pleuvra sans doute. Ou peut-être. Le temps change ici. Vite. Comme à la montagne. Ou à la mer. Les derniers pressés filent vers leur travail. Café d'abord et cigarette ensuite. Ou en même temps. Arroser les plantes. Même s'il pleuvra. Il faut qu'il pleuve oblique pour les mouiller. Depuis combien d'année as-tu ces géraniums ? Vaisselle de la veille au soir, plus le bol. Égoutter l'égouttoir, à cause du calcaire. Sur le balcon, deuxième cigarette. Assis sur les talons. Dix-sept vélos dans la cour. Quelques fenêtres ouvertes d'où parfois des femmes secouent des draps. Odeur des chambres au lever, intime, profonde. Le lit à faire, vite, mal. Pas loin d'ici, on dit le baptiser. Ça m'avait plu la première fois que j'avais entendu ça. Le recouvrir de la couverture, en lissant quelques plis. Le livre sur la table de nuit. Marque-page qui dépasse à la page du sommeil. La douche, très chaude, avec une éponge. La bonne idée de porter la barbe. Ne plus avoir à se raser, ou rarement. Avec la vieille tondeuse. Envie de caresser le blaireau de ton père. Uniquement décoratif maintenant. Liste des courses. Sourire à la caissière. J'ai oublié les œufs. Du pain, acheté dans la petite boutique. Qui craque sous ma main. Couvert de farine. Il y en aura sur la table, tout à l'heure. Ouvrir le téléphone aussi : on te reproche de n'être jamais joignable. Mais qui cherche à te joindre ? Des publicités sur le fixe. Tu te forces à être poli. L'ordinateur présente quelques messages. Des publicités encore ou des lieux de culture. Rarement des proches. Ils n'appellent pas non plus. Le repas à la cuisine, face aux géraniums. La cour sent la bonne cuisine. Parfois un peu de musique. Autrefois un violoncelliste qui répétait. Il a déménagé. Sa rengaine te manque. Pendant le café, le couple de pigeons sur le toit du hangar. Ils s'aiment, ou voudraient bien. Le ciel a bleui. Il ne pleuvra pas.
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14 commentaires:
le 1er quart d'heure, la 1ère demie-heure, la 1ère heure...on a chacun les nôtres....J'aime beaucoup ton récit "télégraphique".
Ah moi je n'aime pas! C'est bizarre, la forme, saccadée, m'a mis mal à l'aise... Je trouve qu'il manque la lenteur de l'observation. Et de la chaleur et des sentiments.
Bel exercice, même s'il n'est pas tellement de tradition calytéenne !
Cornus> Pas d'accord, plus cqlystéen que jamais, je dirais moi !
oh zut, j'ai mis un q à Calystee...
Karagar> Je suis en désaccord sur le fait que tu ne sois pas d'accord !
Je partage assez l'avis de Jéröme, ça fait une sorte de dissonance avec ton style.
Bon, au moins, ça a le mérite de varier :)
A tous : c'est drôle, on se croirait à la Grande Librairie, ceux qui aiment, ceux qui n'aiment pas. Mais vous avez tous constaté le changement de style et j'en suis très content. Plus dans la tradition calytienne, comme dit Cornus ou plus cqlystéen que jamais, comme dit Karagar (au fait, il faudra que vous vous mettiez d'accord sur l'adjectif pour la postérité !!!!). C'était un exercice de style, effectivement. Et que je compte bien renouvelé. Écriture un peu plate qui peut aussi servir à ne pas imposer ses sentiments. Évocation pour chacun, qui y met ce qu'il veut, comme dit Plume. Mais encore une fois, je suis ravi que cela ait provoqué des réactions.
Je parlais autrefois de style calystéen, mais j'ai mangé une lettre cette fois.
Il est vrai, est c'est là que je pourrais rejoindre Karagar, qu'en voulant dissimuler certains sentiments ou certaines émotions, tu gommes ton style pour mieux décrire de manière détaillée certains faits ou observations propres à Calyste et en cela, tu es profondément calystéen. En revanche, même si le texte n'est pas très long pour se rendre compte sur la longueur, je ne souscris pas au caractère plat de cette écriture, bien au contraire.
Cornus : je te nomme mon grand exégète !
Sauf que ton vocabulaire est trop précis, la narration trop orientée, pour l'évocation loulou.
Nicolas : la première place étant prise, tu seras exégète en second. En fait, je ne me suis pas posé autant de questions : j'ai écrit comme j'avais envie d'écrire à ce moment-là.
N'exagérons pas l'exégèse !
Si tu l'as écrit comme tu avais envie de l'écrire, c'est l'essentiel. C'est l'une des fonctions principale de l'écriture.
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