lundi 12 juin 2017

Journée : soir

Entre chien et loup. Entre rien et tout. Autrefois l'heure des rencontres furtives, pour me rassurer sur la vie. Jusqu'à la nuit amie. La mort oppressante ne m'aurait pas. Sacrifier au plaisir pour oublier les ombres. S'alléger du soleil, entrer dans la pénombre. Sans faire de vagues. Cueillir le premier souffle et s'en oindre la peau. Après, accepter que le jour meurt, que l'on va ponctuer d'un râle libérateur. La feuille est plus bruissante, le gravier plus crissant. Le hâle se répand sur les visages vus. Silhouettes éphémères et pressées d'en finir. Frères humains du soir, d'un soir sans avenir. Tendresse d'un sourire avant l'oubli total. Comment s'appelait-il ? On ne l'a jamais su. Qu'importe le prénom, il reste le sourire. Souvenir d'un sourire. Ou des yeux sans visage. Ou d'un parfum furtif qu'on emporte avec soi. Ou d'une main si fine, ou calleuse ou trop brusque. Si je passais la nuit auprès de ces bosquets ? Sue le banc, je verrais planer les libellules, s'activer les fourmis, se dissoudre les chants, s'éteindre la clarté. Le monde minuscule qui reprendrait ses droits. Mais il faut bien rentrer. Oublier l'éphémère. Faire comme si le reste ne l'était pas.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Te voilà fin prêt pour l'atelier poésie. La nuit est souvent bien inspirante, c'est une vieille noctambule qui te le dit ! :)

Calyste a dit…

Anonyme : merci et..... bonnes nuits !

RPH a dit…

Joli...

plumequivole a dit…

Bon, faut que je me dénonce, Anne O'Nym c'était moi. Accident de clic ! :)

Cornus a dit…

Les phrases s'étirent (un peu), comme les ombres du soleil crépusculaire.

Calyste a dit…

RPH : merci.

Plume : bon, en bonne nuits tout de même.

Cornus : je viens de me rendre compte que, sans le faire exprès, j'avais souvent écrit des alexandrins.