L'atelier écriture s'appelle maintenant module. Peu importe, si ça peut faire plaisir! Deux séances ont déjà eu lieu: une première pour expliquer le travail de l'année, la suivante pour que chacun lise le texte libre que j'avais demandé d'écrire. Bien sûr, dans la semaine précédente, j'avais eu des tas de questions sur "ce qu'on pouvait faire, ce qu'on avait le droit d'écrire, sur le nombre de lignes, sur la présentation, sur la possibilité d'un dialogue, sur l'obligation d'une description,etc, etc.". Ils ont tellement peu l'habitude déjà d'être libres!
Hier après-midi au CDI, où chacun a lu son texte à l'oral devant les autres et la documentaliste qui participe aussi à l'aventure, la séance a débuté par un grand silence: personne ne voulait commencer. On voyait bien que certains en avaient envie mais, devant les copains, on ne voulait pas montrer qu'on y tenait tant que ça. Les premiers à passer, finalement, ont été des garçons. Ils avaient écrits des textes trop léchés pour être honnêtes, au vocabulaire déjà tellement élaboré qu'avec Annie, la documentaliste, nous avons échangé un sourire en coin: ça sentait le recopié à peine déguisé.
Peu importe. Ces trois "plagiaires" avaient ouvert la voie (la voix!) aux autres. Toute la classe a eu le temps de passer, les uns rougissants, les autres avalant les mots pour en avoir plus vite terminé, d'autres cachant leur gêne derrière des attitudes de clowns, d'autres enfin calmes et les pieds bien plantés sur le sol, le feuillet immobile entre les doigts.
Que dire de leurs textes? Un plaisir d'abord: tout le monde avait fait l'effort d'écrire une dizaine de lignes au moins, personne n'avait "oublié" le texte chez lui. Encore plus surprenant: pas de petit chat perdu ou d'oiseau tombé du nid, pas d'attaque terroriste et meurtrière, rien de ces sujets bateaux que l'on retrouve encore souvent, et c'est bien normal, chez des enfants de cet âge-là. Le texte le plus "attendu" parlait de la passion d'une jeune fille pour l'équitation, et encore était-il bien écrit et échappait à la mièvrerie.
Non, des textes assez "originaux" à défaut d'être personnels, où l'on sentait le travail effectué. Jamais ce ne fut de l'oral couché à la va vite sur le papier. Un des derniers élèves à lire a même réussi à nous surprendre, Annie et moi, par la qualité de son texte. Et aucun doute, cette fois-ci: il était bien de lui. Pendant sa lecture, d'ailleurs, le silence était absolu dans la salle. Ces petits, sans le savoir, ont déjà de drôles d'antennes qui leur poussent pour déceler la qualité là où elle est. Il m'a ensuite confié que ce n'était pas la première fois qu'il écrivait pour lui-même. Ni la dernière sans doute!
vendredi 17 septembre 2010
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8 commentaires:
On aimerait lire plus souvent des choses rassurantes sur les gamins comme celles-ci. Sans doute d'ailleurs si on leur prêtait un peu plus d'attention, comme tu le fais, on aurait davantage confiance en eux.
Nous feras-tu lire un de ces textes ?
Suis curieuse, hein !
Je ne peux pas t'en faire lire: ils les ont lus à voix haute et je ne les ai pas récupérés. Ça leur appartient. C'est, je crois, une des conditions du contrat tacite de confiance. Et puis, à moi, ça m'évite de me crisper, en vieux maniaque, sur les fautes d'orthographe innombrables.
Mais pour les suivants, pourquoi pas.
Cela ne se faisait pas de mon temps. Et j'étais nul à un point... Dans de tels exercices, le risque n'est pas nul qu'on se moque méchamment des plus originaux ou atypiques. Cela ne me rappelle pas que de bons souvenirs du collège...
Mais ce sont justement les plus originaux et les atypiques qui m'attirent, Cornus. Tu le sais bien!
Je le sais bien, Calyste. D'une manière générale, il ne faut pas trop prendre pour toi mes réflexions. Car j'ai déjà eu l'occasion de le dire, je n'ai pas très bien vécu certaines années du collège et cela resteencore sensible, malgré les années.
Pour pas qu'on se moque de moi, mon prof de latin (4ème) avait décidé (il croyait vraiment bien faire) de ne plus m'interroger en classe (c'était à une période où j'étais en échec scolaire). Je ne suis pas sûr que cette idée ait été très bonne parce que cela m'avait incité à me renfermer davantage sur moi-même et ne pas faire d'effort.
Ne t'inquiète pas, Cornus, je ne "prends" pas pour moi. Chacun a ses cicatrices qu'il faut respecter car elles sont sûrement à l'origine de la richesse de la personne.
Quand j'étais élève, j'aimais bien la rédaction, et j'aimais bien aussi qu'on fasse partager mon texte à la classe, à un détail près : je n'aimais pas le lire moi-même, je préférais que le prof le fasse. Je trouvais mes écrits bien plus beaux, lus par une voix d'adulte !
C'est vrai, Lancelot. Je fais la même constatation avec les photos: une pièce d'appartement photographiée est toujours plus belle qu'en réalité.
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