Samedi après-midi, je faisais mes courses au supermarché Casino le plus proche de chez moi. Comme il est actuellement en travaux, les produits changent constamment de place dans les rayons et gondoles, et cela ne me fait ni rayonner ni me gondoler (Bon, d'accord, un peu faible!). D'autant que je fréquente ces lieux depuis plus de dix ans et que me servir de ce que je désirais relevait pour moi de l'automatisme. Donc, tour, détour, contour et retour dans les allées encombrées, à la recherche des croûtes pour bouchées à la reine, des bonbons à la menthe ou du film alimentaire.
Alors que je me sers en fruits et légumes, je repère une très ancienne connaissance avec qui, il y a des années, j'eus d'agréables privautés dans quelque taillis de notre bonne campagne lyonnaise. Il me regarde un instant lui aussi, puis nous continuons nos achats. Les perpétuels allers et retours pour retrouver les produits font que, plusieurs fois, nous nous recroisons, avec , de sa part, un regard toujours aussi appuyé dans ma direction.
Je me dis alors qu'il serait poli, en tout cas civilisé, puisque nous sommes seuls tous les deux, de lui dire bonjour et de lui adresser quelques mots à notre prochaine rencontre. Mais je passe à la caisse sans l'apercevoir à nouveau. Lorsque je sors du magasin, il est un peu plus loin, arrêté sur le trottoir et observant à la dérobée la sortie des clients. Je suis un peu gêné, car si je veux bien être poli, je n'ai nullement l'intention de renouveler sous une forme ou sous une autre nos ébats de jadis (dont j'ai pourtant gardé un souvenir assez précis).
Comme je ne peux l'éviter, je m'avance dans sa direction et, parvenu à sa hauteur, alors qu'il vient de se remettre en marche, je lui lance un gentil "bonjour". Il ne bronche pas. Il n'a pas entendu, avec la circulation sur Gambetta? Je réitère ma salutation. Alors il tourne vers moi la tête, et me regarde comme s'il venait de me découvrir à la seconde. Je suis assez mal à l'aise et, pour alléger la situation, je lui précise que nous nous connaissons depuis déjà de longues années.
Alors, il me toise, comme s'il s'apercevait à l'instant qu'il avait marché dans une merde de chien et me lance un bref "C'est possible." dont les inflexions méprisantes me restent encore aujourd'hui au travers de la gorge. Ensuite, il tourne le dos et s'en va, s'enfuit, devrais-je dire, comme s'il avait vu le diable sortir de mon cabas.
J'avoue que je suis resté un peu baba devant sa réaction! Enfin quoi! Je ne lui demande rien, il me dévisage pendant au moins vingt minutes dans le magasin, il m'attend dans la rue et se sent insulté lorsque je lui adresse la parole. Eh bien, lapin, va te faire voir, ou plutôt va te regarder, car tu t'apercevras que tu n'es pas irrésistible. On m'y reprendra, moi, à vouloir être poli! C'est ce qui se dit prendre un râteau alors que l'on ne désirait même pas une....pelle. (Elle est meilleure, celle-là?)
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8 commentaires:
Les voies de la drague homo sont impénétrables (celle-là, elle est carrément NULLE)
Bah, mais tu ne le sais pas encore, pour avoir pratiqué 'ce monde-là' qu'il n'y existe aucune cohérence, aucune logique possibles ? La politesse, la convivialité, n'existent pas. Toujours attendre que l'autre fasse le premier pas, non pas par fierté, mais pour s'éviter ce style de déconvenue...
Oublie, c'est ce qu'il y a de mieux à faire....
En lisant le titre, j'ai craint un moment que tu ne te sois étalé au sol.
Heureusement, ce n'était pas ça !
Tiens, ça me rappelle ce jeune mec au parc qui t'a dit "bonjour" en te croisant. Là, comme ça. Gratuitement.
Bises, J.
Lancelot, ne t'inquiète pas: c'est plus la muflerie qui m'a déçu, puisque je n'attendais vraiment rien de cette rencontre.
Non, non, pas aujourd'hui, J. Je vais essayer de faire durer jusqu'à mon lit! :-))
Tu me rappelles un très bon souvenir, effectivement. Je vois encore ce sourire lumineux et gratuit. Un moment rare.
Situation qui me laisse toujours rageur.
Quand je disais "attendre que l'autre fasse le premier pas" , j'avais bien compris que tu n'attendais rien de lui sexuellement. Mis cette règle-là est valable aussi pour les simples rapports humains (dans le domaine des rencontres 'cul'). On s'est frôlés, touchés, caressés, on s'oublie. Deux minutes, deux jours ou deux ans après, plus rien n'existe. Donc, pas la peine de se dire bonjour, même si l'on se reconnaît. C'est là, selon moi, que résidait ton erreur.
Parfois, mieux vaut que certaines choses ne sortent pas des taillis. En tout cas, ça m'a bien amusé de lire ça. Possible hihihih
"Les voies de la drague homo sont impénétrables"...
MUHAHAHAHAHAHAHA!
Excellent!
Marthe Villalonga
Tellement usée! Je parle de ta chute!
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