dimanche 21 septembre 2008

Je suis fier de moi!


Après l'après-midi en compagnie de ma mère, je me demande si j'ai bien vécu ce qui s'est passé ce matin. J'ai l'impression d'un rêve lointain, de quelque chose que j'ai imaginé. Aucune courbature, aucun signe de fatigue. S'il n'y avait cette grande sensation de paix intérieure, d'équilibre, je douterais fortement.

Autant le dire tout de suite: j'ai rarement vécu un moment aussi fort. Et pour plusieurs raisons: la première, c'est qu'en passant à un endroit précis du parc de la Tête d'Or, je me suis revu l'an dernier à la même époque, de l'autre côté de la barrière. Après avoir travaillé une bonne partie de la matinée, j'étais venu applaudir les derniers arrivants du semi-marathon de Lyon. A voir le rayonnement qui se dégageait d'eux, je m'étais promis d'être là, avec eux cette année.

C'était un rêve assez fou, je le savais. Je courais déjà mais en touriste, un peu certains jours, un peu moins d'autres, selon l'humeur et le temps. C'était aussi, je l'avoue, un prétexte rêvé pour rencontrer de beaux garçons. Vouloir m'inscrire à une compétition sportive me plaisait, à la manière d'une utopie irréalisable. Les amis à qui j'en avais alors parlé en avaient beaucoup ri.

Je l'ai fait, et aujourd'hui, j'y étais. Ce n'est pas tout les jours que l'on voit un de ses rêves se réaliser. Je l'ai fait parce que je l'avais décidé et que j'ai tenu bon. Pour moi, c'est une victoire, sur les autres qui n'y croyaient pas et sur moi-même qui n'y croyais qu'à peine plus. J'ai l'impression d'avoir créé quelque chose.

Moment fort aussi à l'arrivée lorsque j'ai compris qu'emporté par la dynamique de la course, je venais de pulvériser mon record personnel de près de 5 minutes. Mais, alors que le précédent avait été obtenu dans l'effort et la souffrance, celui-ci ne m'a pas coûté. Je tenais à couvrir la distance en moins de deux heures, là aussi sans être sûr de moi. Je l'ai fait apparemment (j'entends la confirmation officielle) en 1h48. Un membre de l'encadrement de la course, avec qui j'ai bavardé à l'arrivée, m'a félicité quand il a su que c'était ma première compétition. Je crois que vous l'avez deviné: je suis très fier ce soir, oui très fier de ce que j'ai fait.

Moment fort aussi par ce départ dans la température plus que fraîche de ce matin. On nous avait annoncé cinq mille participants. Gilles et moi n'y croyions pas. Ils étaient assurément bien là, à essayer comme nous de trouver une place de stationnement puis à se glisser dans la masse compacte qui s'agglutinait près du portique de départ. Une multitude tant masculine que féminine, avec des participants de tous âges, de tous physiques, des beaux, des moins beaux, des superbes. On (je) remarque ces derniers mais le cœur est à ce qui va se produire quelques instants plus tard: le coup de pistolet lançant la course.

Il a fallu s'adapter en ce début de parcours. Gilles et moi, qui étions la semaine dernière seuls en Saône-et-Loire au milieu des champs avec pour spectateurs quelques bovins, nous avons dû apprendre à composer, à réfléchir, à trouver la faille dans le mur pour accélérer et mieux se positionner. J'avais voulu que nous fassions toute la course ensemble, mais, arrivé aux Terreaux, j'ai perdu mon compagnon dans la foule. Alors, j'ai accéléré un peu, remontant vers Bellecour dans les rues du centre ville.

Plusieurs fois, j'ai croisé J. et Jet. sur mon chemin. Ils m'avaient promis d'être là, ils y étaient, à se geler, eux, immobiles sur les ponts ou les quais. Merci à tous les deux, du fond du cœur. Bien sûr, je savais que je pouvais compter sur J., mais la sympathie qui s'est dégagée ce matin de l'attitude de Jet envers moi m'a beaucoup touché. S'il lit ce billet, je voudrais qu'il le sache! Rue de la République, cette semaine, c'est moi qui occupais le milieu de la chaussée, au demeurant d'un contact très agréable à courir et eux qui m'ont accompagné et encouragé jusqu'aux abords de l'Opéra. Je sais que je les ai vus ensuite plusieurs fois, mais, de plus en plus pris par la course, je serais maintenant incapable de dire où. J. a fait de nombreuses photos, comme d'habitude. Dès que je saurai comment faire, j'en rapatrierai quelques-unes sur Potomac.

Après maints allers et retours sur les quais du Rhône et une chute sur la voie mouillée (ravitaillement en eau) due à un coureur inattentif, direction fut prise pour le retour au parc. Il restait encore à mon avis au moins huit kilomètres. Je voulais accélérer encore mais craignais de m'essouffler avant les derniers mètres. Pourtant, tout roulait à merveille: je me sentais bien. D'ailleurs, je crois que j'ai souri tout au long de cette course, tellement j'étais heureux. Assertion confirmée par J. qui m'a dit que beaucoup d'autres faisaient, eux, la grimace.

J'ai donc peu à peu allongé la foulée. Le souffle et les jambes ont parfaitement encaissé le choc. J'avais l'impression que mon corps était devenu un automate que mon cerveau pouvait commander comme il le voulait, une sorte de machine qui avançait toute seule et sans se plaindre. Je ne courais pas pour la performance, mais quelle joie tout de même de se voir remonter des centaines de concurrents sur les derniers kilomètres, eux étant partis trop vite et à bout de force, moi encore frais et fringuant. C'est d'ailleurs une autre fierté de la journée: avoir fait une course intelligente, avoir su m'économiser le temps qu'il fallait pour pouvoir ensuite fournir les efforts nécessaires.

Je pensais profiter au maximum de cette ballade inaccoutumée en ville. En fait, je n'ai vu que très peu de choses. On se concentre sur son effort et sur les coureurs qui nous entourent immédiatement. Ma prédilection pour les côtes s'est confirmée dans la remontée de la trémie du Sofitel: c'est là que j'ai vraiment pris conscience que j'étais en pleine forme et que je n'avais pas à rougir de mon niveau, loin de là.
Une image, belle, pourtant reste encore gravée sur ma rétine: celle de cette immense chenille serpentant partout sur les ponts, sur les quais et sur les bas-ports du Rhône, mille-pattes humain suant et souffrant, gratuitement, juste pour le plaisir de le faire.

Gilles est arrivé quelques minutes après moi, comme moi presque déçu que ce moment de plaisir se termine, heureux comme moi de l'avoir fait. Nous étions comme deux gamins dans le village, à refaire le parcours en paroles tout en avalant boisson et fruits secs. Nous nous sommes promis de poursuivre ensemble un entraînement sérieux et, pourquoi pas, d'en venir peu à peu à de plus longs parcours. Maintenant que la barrière du doute a été franchie! Sur le parking, devant nos voitures, nous avions du mal à nous quitter. Même si nous avons fait la course séparément sur la majeure partie du trajet, nous venions de vivre en commun quelque chose de formidable, et d'inattendu pour l'un comme pour l'autre.

Le dernier jour de cet été qui m'a tant offert de joies et de plaisirs n'en a donc pas été le moindre! Je vous le redis: je suis très heureux et très fier. Et que mes lecteurs non sportifs m'excusent pour ces longs débordements dont ils ne partageront sans doute pas l'enthousiasme.

P-S: Je viens de rajouter, ce soir de lundi, quelques photos de Jahovil. Merci à lui pour ces vues de la course.

10 commentaires:

Tef69 a dit…

Même non sportif, j'apprécie et partage ton enthousiasme. Bravo !

Anonyme a dit…

Si, si. Même non sportif, je partage cet enthousiasme qui transpire à chaque ligne, qui est si réel à sa lecture.
Bravo pour ta course et pour ce récit si vif !

Calyste a dit…

J'ai déjà tout vu! Même celles de Bourg. Mais je n'ai pas trouvé le biais pour les importer, et ce soir, je n'ai pas trop envie de chercher plus longtemps. Pas fatigué mais la sagesse voudrait que je ne m'attarde pas trop. Merci, J., d'avoir été là. Oui, je suis super heureux de l'avoir fait.
Bises à toi.
R.

Merci aussi à Tef et Olivier. Leurs félicitations me touchent d'autant plus qu'ils ne sont en rien sportifs, ni l'un, ni l'autre.

Anonyme a dit…

Mais il est en grande forme ! Maintenat, les marathons de Paris et New-York !

Anonyme a dit…

bravo pour ton enthousiasme, on a envie d'y être, peut-être l'an prochain pour moi ?

Anonyme a dit…

Vous avez raison d'être fier. Le goût de l'effort, mener jusqu'au bout, sans se décourager, un beau projet, ne pas renoncer. Bravo.

JaHoVil a dit…

Tu étais le mec le plus souriant du troupeau, dont tu te détachais aisément.

Bon, les photos le montrent, elles sont là : (faire détails pour plus de ... détail) http://www.flickr.com/photos/jahovil/sets/72157607409196416/
Tu y es au moins trois fois.

Et pour récupérer une photo, rien de plus simple : clicker dessus pour quelle soit seule affichée, puis clicker sur la petite loupe avec un + (juste au dessus de la photo, indique "afficher toutes les tailles"), puis choisir la taille voulue (par exemple "large", "normale"), puis clicker sur "Télécharger la taille xxxxx" au dessus de l'image, à gauche.
Ah si, mettre ses lunettes et ne pas hésiter à prendre des petites feuilles jaunes pour tout noter.
Bises, J

Calyste a dit…

Ça marche! ( c'est le comble pour un semi marathon!).
Bises.
R.

Anonyme a dit…

Félicitations. J'aime ton texte qui SUE l'optimisme et qui dégage une belle sérénité, sans forfanterie aucune. On a (presque) envie d'y être avec toi ! L'an prochain peut-être...?
Bravo encore

Calyste a dit…

Je ne réponds pas à chacun en particulier mais vos compliments me font rougir. Merci à tous. Je le redis: ce fut un grand bonheur.