De la deuxième réunion de parents de la semaine, je suis rentré tout à l'heure avec Agnès, une de mes collègues d'Anglais que j'apprécie et qui n'habite pas très loin de chez moi.
En longeant le Square Raspail, elle m'a fait remarquer les bancs occupés par des dizaines de SDF, empilant leurs vêtements et couvertures sur les sièges, à même le sol ou dans des caddies de supermarché. J'ai aussi vu au moins une petite tente. C'était impressionnant. Je n'avais jamais remarqué qu'au bas de ce cours Gambetta que j'aime tant, à l'endroit où, par une trouée magnifique, il débouche sur le Rhône et sur la perspective de Fourvière et des contreforts des Monts du Lyonnais, se rassemblait ce peuple de "gueux" sans toit.
Ainsi, tout près de l'Amphithéâtre des Berges, tout près des installations pour skate et des pistes pour coureurs ou cyclistes, dans ce lieu si beau, tous les soirs sans doute se retrouvent ces hommes et ces femmes pour affronter la nuit. Mais ce qui m'a le plus apostrophé ce soir, c'est d'y voir deux enfants, deux petits qui partagent ce même sort. Que font-ils dans la journée? Vont-ils à l'école? Sont-ils déscolarisés? La mère était (encore) bien mise et s'occupait d'eux comme une mère s'occupe de ses enfants.
Mais ce soir, pendant que je tape ce billet et que je me dis qu'il fait à peine chaud dans mon appartement, eux sont sans doute encore là-bas, sur leur banc, à sentir descendre un à un les degrés Celsius. Moi, il me suffit de mettre en route mon chauffage ou d'enfiler un pull plus épais. Eux n'ont pas droit à des solutions pourtant si simples. Ai-je au collège des enfants dans une situation analogue ou proche? Je n'ai jamais pensé à cela. J'en ai déjà remarqué qui s'installent dans la salle à manger mais ne prennent pas un repas au self: ils sortent d'un sac en plastique quelque nourriture moins chère.
Je crois qu'une fois la retraite arrivée pour moi, je me tournerai sans doute vers ce type de bénévolat ou vers l'aide scolaire aux enfants en difficulté. Nous avons déjà évoqué le sujet, un jour, avec J.. Pour l'instant, je ne peux qu'assister à ce genre de spectacles et refuser qu'ils ne deviennent une réalité banale aux yeux de beaucoup.
P-S.: Agnès va sans doute apparaître un soir ou l'autre sur ce blog. Je viens de lui en donner l'adresse. Bienvenue, cocotte.
jeudi 25 septembre 2008
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3 commentaires:
une 100e de personnes dont des enfants ont été expulsés hier et se sont retrouvés à la rue !!
Tu as raison, ma mère est à la Croix-Rouge depuis sa retraite. Elle vit parfois des choses assez dures, heureusement qu'il y a des actions de bénévoles, ce n'est pas la collectivité qui agira.
Et le nombre des sans-abris augmente sans cesse, notamment à Paris où ils sont les plus visibles, mais ailleurs aussi, où la maladie se propage sans bruit...
On peut bien sûr lutter en travaillant bénévolement pour eux, mais peut-on sans cesse endiguer cette marée de misère avec de la simple bonne volonté individuelle (même si elle est, bien sûr, indispensable) ? Moi je finis par avoir la trouille de cette pente sur laquelle notre société est en train de glisser.
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