Attention! Ce soir, âmes sensibles, abstenez-vous! Les faits que je vais raconter, et qui sont avérés puisqu'entendus sur France-Inter (!!!), peuvent, par leur cruauté, en blesser, voire en traumatiser, quelques-uns. Éloignez, en tout cas, les enfants de l'écran de votre ordinateur!
Ça y est? Ils sont partis au dodo? Alors, allons-y. Je vais vous parler de ces petits morceaux de vie, de ces monstres hideux en devenir, que l'homme en général écrase sous le talon lorsqu'il en croise un spécimen sur son chemin: je veux nommer la larve, le fœtus de l'insecte, encore plus laid, souvent, que son papa ou sa maman.
Savez-vous comment ces choses de rien se débrouillent pour ne jamais disparaître de la surface de la terre, pour toujours résister à tout et réapparaître alors qu'on les croyait éradiquées? Elles sont diaboliques! S'il y avait assez de place dans leur petite tête (quand elles en ont une) pour placer un cerveau, on dirait qu'elles sont intelligentes. Jugez plutôt.
La larve d'un coléoptère dont j'ai oublié le nom a besoin pour survivre de se nourrir du nectar et des œufs des abeilles. Comment attirer ces butineuses vers les plantes en bordure de plage sur lesquelles elles éclosent? Rien de plus simple: entre copines, elles se réunissent, s'imbriquent, se façonnent et parviennent ainsi à prendre la forme d'une abeille. Pour attirer à tous les coups ce balourd de mâle, elles sont même capables de sécréter un phéromone très proche de celui de la femelle du faux bourdon.
Le lourdaud n'y voit que du bleu et entreprend vaillamment l'acte de copulation qui, en principe, est la seule chose à faire dans ce cas-là entre adultes consentants. Mais, avant qu'il ne s'aperçoive de sa bévue, ces harpies larvaires se collent à lui et ne le lâcheront que lorsqu'il aura rencontré une âme soeur plus digne de ses ardeurs. Alors, elles passeront tranquillement du mâle à la femelle, qui, innocemment, les introduira dans la ruche. Une fois sur place, rien de plus simple, pour ces ventres affamés, que de se nourrir d'abord des provisions de l'abeille et de son nectar, puis, au bout de la grossesse (?), d'ingurgiter tous les oeufs de l'infortunée hyménoptère. Pas bête, n'est-ce pas.
Un autre exemple, tout aussi édifiant. Le chemin de la douve jusqu'au foie du mouton est encore plus complexe: après une étape par l'escargot, que je ne vous raconterai pas, ayant eu un moment d'inattention, elle investit le corps d'une fourmi qui a eu le malheur de patauger dans la bave du gastéropode et se dirige tout droit vers le cerveau de la grande travailleuse. Elle fait rapidement en sorte, après peut-être une défragmentation (?), de rendre la pauvre petite fourmi totalement dépendante d'elle-même, au point de lui insuffler des envies suicidaires.
Ainsi voit-on cet insecte pourtant si raisonnable selon La Fontaine se comporter comme la gourde absolue (ça existe, des fourmis blondes?): pour obéir à la larve, elle va s'installer tout au sommet d'un brin d'herbe, ce qui habituellement n'est pas sa place favorite, et attendra qu'un mouton, aux heures fraîches où ils aiment paître, consente à l'avaler. Si la chaleur revient sans que le sacrifice soit consommé, elle reprendra sa vie normale de brave travailleuse jusqu'à la prochaine fraîcheur. Le brin d'herbe et la fourmi avalés, il ne reste plus à la larve qu'à entreprendre le doux voyage vers le foie de l'animal. Et le tour est joué! Impressionnant, non.
Alors, un conseil: si vous croisez, pendant vos vacances à la mer, un amas glaireux, ressemblant de loin à une abeille, qui vous inonde de son parfum ou, dans le pré de votre sieste, une fourmi alpiniste qui vous fait de grands signes de haut de son sommet, comme si elle y plantait le drapeau de la réussite, ne croyez pas qu'elles vous invitent à partager leur bonheur du moment: elles vous veulent du mal. Fuyez.
( Le libellé de ce billet est humour, mais bon: je ne pouvais tout de même pas le ranger dans Échange ou Vibrations!)
vendredi 5 septembre 2008
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2 commentaires:
Je vois que tu as toutes les qualités nécessaires pour enseigner aussi les SVT... Ca tombe bien, on va avoir besoin de quelqu'un sous peu ! ;-)
Les jérémiades et les oukases de qui tu sais vont te manquer, alors.....
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