Ce matin, je ne me suis pas rendu au collège. On enterrait Agnès. La chapelle était pleine, foule recueillie auprès de sa famille. Certains ont retracé sa carrière, avec honnêteté et je m'en suis réjoui, sans en dresser un monotone panégyrique d'un seul bloc trop poli , sans cacher ce qui fit pour moi sa valeur, son humanité: la liberté de s'opposer et de le dire. D'autres ont parlé de l'amie, de celle qui avait été là quand il l'avait fallu. D'autres encore ont lu quelques-uns de ses textes, de ses "échappées" sur les routes, de ce qu'elle y aimait, jusqu'à la dernière, la semaine dernière, où elle finit dans les broussailles au bord du chemin.
Il y avait là de vieux collègues à moi, qui l'avaient bien connue et qui l'avaient aimée eux aussi. En les regardant, en les embrassant, je me suis mis à penser: "Qui sera le prochain ?", puisque la mort s'en prend déjà à ceux qui sont plus jeunes. Georges a soixante-dix huit ans, Françoise soixante et onze, Maryse combien ? Et les visages se marquent, les chevaux pâlissent, les dos se voûtent. Seuls, le sourire, la tendresse restent les mêmes. Je n'ai pas vu passer tout ce temps. Ce sont toujours les mêmes et pourtant, déjà, ils s'éloignent, avec un air de presque s'en excuser. Alors, j'ai marché, j'ai marché.
vendredi 14 juin 2013
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
2 commentaires:
Sans le vouloir, on se retrouve un peu par nos notes respectives.
Sachons profiter de la vie quand il en est temps !
Cornus: comme disait les latins "carpe diem" et j'aime à y ajouter "noctemque"!
Enregistrer un commentaire