dimanche 23 juin 2013

Un dimanche à Caluire.

Un dimanche à Caluire, avec Frédéric, Jean-Claude et nos vieux. Une petite villa comme il y en a tant dans cette banlieue rendue célèbre par Jean Moulin.

C'était le Père Grandet qui recevait dans son jardin. Cette année, nous avons échappé au kir avec du sirop de cassis. A la place, un magnum de champagne, oui, mais de quinze ans d'âge (couleur madère; heureusement, pas le goût !). Le menu était le même qu'il y a deux ans: comment peut-on cuisiner aussi mal ?

Madame Grandet, en fin d'après-midi, eut un peu froid. Il faut dire, que, par dessus ses trente-cinq kilos d'os, il n'y a pas grand chose pour la protéger. Chaque fois que nous nous retournions vers elle, elle avait enfilé une couche supplémentaire de veste, de gilet, de châle, avant de se réfugier définitivement dans le salon.

Super Dupont fut, lui, exceptionnellement agréable: pas de paroles définitives (enfin, pas trop), pas de prise à partie, pas de colère contre les autres parce qu'il est sourd et nous pas (enfin, pas trop). Peut-être avait-il fait réviser ses appareils ? Et puis, il était heureux: il part demain avec sa femme-enfant pour les châteaux de la Loire.

Madame Bras-Croisés, en fin de repas, a débarrassé le couvert. Un événement dans notre microcosme. On ne l'a pas reconnue (enfin si, avec sa moustache...). Elle revenait de l'Ariège. "C'est beau, les Pyrénées!". A son précédent voyage, elle s'était perdue dans l'escalier de Chambord.

Le Marquis de Carabas était à l'autre bout de la table. Pas de surexposition aux décibels, donc. D'ailleurs, il m'a paru un peu éteint, et même complètement lorsqu'il s'est mis sur une chaise longue pour faire la sieste. Il nous avait annoncé qu'il voulait se baigner nu dans la piscine. Il ne l'a pas fait. Que de la gueule.

La Mère Cotivet a l'air heureuse depuis qu'elle a quitté son quatrième où elle est née pour un appartement au rez-de-chaussée. Solide comme un roc, après toutes les hospitalisations qu'elle a dû subir. Et bon appétit, toujours. Surtout quand il n'y a rien à payer.

Eh bien, je vais surprendre: ce fut une journée bien agréable, où j'ai perfectionné mon jeu de la belote. Et puis, il y avait de belles roses, deux magnifiques seringas en fleurs dont le maître de maison avait fait deux bouquets qui embaumaient les tables. Et puis, ne nous moquons pas: nous verrons bien comment nous serons, nous aussi, dans vingt ans.

Dans vingt ans ? Seulement ?

5 commentaires:

Yo a dit…

Merci, j'ai bien ri.

Valérie de Haute Savoie a dit…

Comme toi un bouquet peut me sauver une journée :)

Calyste a dit…

Christophe: sais-tu que j'ai beaucoup pensé à toi en l'écrivant. Toi aussi, tu égratignes pas mal quand tu veux...

Valérie: ou un rayon de soleil, ou un sourire, ou une parole tendre...

Cornus a dit…

Qu'est-ce que j'ai ri, avec ton air de ne pas y toucher.
Un champagne couleur madère, j'ai du mal à m'imaginer. En revanche, le goût ne m'aurait pas déplu. Enfin si, en fin de compte, pour du champagne.
Ta mère Cotivet me fait penser à ce "feuilleton" radiophonique dont m'ont parlé mes parents, dont je n'ai retenu que le "en descendant, montez donc voir le petit comme il est grand".

Calyste a dit…

Cornus: son nom vient bien de ça!