samedi 22 juin 2013

Ma musique à moi

Mon dernier ci, mon dernier ça. Quelques jours encore et ça devrait passer. Ces derniers quelque chose, je les connais, je les nomme. Et j'ai pensé aujourd'hui à tous les derniers que je ne connais pas encore, dont je n'ai pas conscience parce que l'avenir, je l'ignore.

Retournerai-je un jour aux Arènes de Vérone écouter Aïda ou Samson et Dalila ? Aurai-je encore le plaisir d'y houspiller un allemand prétentieux qui voulait un gradin pour ses fesses et un autre pour ses pieds ? A la terrasse d'un café proche, saluerai-je encore la diva qui fait la surprise en recevant des roses ?

Rigolerai-je encore sous cape à l'opéra de Karlsruhe  en voyant les robes du soir improbables des bourgeoises de la ville aux énormes fleurs multicolores maculant une soie qui semblait pourtant de qualité ? Reverrai-je ce ténor qui chantait dans La Veuve joyeuse et avec qui j'avais passer la nuit, ce type à la beauté aryenne qui me fit me prendre un instant pour cette chère Arletty ?

Entendrai-je encore un concert dans la grande salle du Concertgebouw d'Amsterdam après avoir passé la journée à visiter les lieux de plaisir néerlandais où les hommes nus ressemblent à des dessins de Tom de Finlande, et à me souvenir de mon enfance lorsque je lisais Le Journal d'Anne Franck encore expurgé en pleurant comme une madeleine ?

Arriverai-je encore à avoir des places au Festival de Salzbourg à la dernière minute parce qu'il y a eu justement deux défections ? Y serai-je encore assis à côté de Patrice Chéreau, venu écouter du Mozart alors qu'il mettait en scène la Tétralogie à Bayreuth ? Et les gens de la rue admirant les festivaliers, de l'autre côté de la barrière coupant en deux la rue pendant l'entracte, les reverrai-je un jour ?

Aurai-je encore trop chaud tout en haut de l'Opéra Garnier où, d'une place achetée peu cher, j'avais une meilleure vue sur le plafond de Chagall que sur la scène où se jouait un opéra que j'ai complètement oublié ? A l'Opéra de Lyon, connaitrai-je encore l'émotion ressenti à l'écoute de l'Orfeo de Monteverdi quand, étudiant, je le découvris et passai ma soirée debout au poulailler ?

Connaitrai-je un jour toutes les places que je ne connais pas encore, Bayreuth, Milan, New York, et tant d'autres ... ?

La Fête de la Musique, ce soir, elle était dans ma tête.

4 commentaires:

Cornus a dit…

Évidemment que tu retourneras, auras, salueras, rigoleras, reverras, entendras, arriveras, sera, connaîtras. Des choses pires, à coup sûr, mais aussi des choses meilleures, sans aucun doute.
En tout cas, je constate qu'hier soir, tu as beaucoup voyagé dans l'espace-temps.

CHROUM-BADABAN a dit…

Mais oui !
La bouteille est à moitié vide !
Daniel

Unknown a dit…

Moi c'est sous mon crâne qu'elle est ma musique à moi, ce matin, genre carillon et tambours !

Calyste a dit…

Cornus: c'est un voyage qui ne coûte pas cher!

Daniel: tu es un grand optimiste...

La Plume: bon concert, alors... Quelques excès, sans doute ?