dimanche 16 juin 2013

Nanou

Au restaurant hier soir. La copine du patron s'appelle "Nanou". Je ne connais pas son vrai prénom, tout le monde l'appelle Nanou. Nous avons découvert cet endroit l'an dernier, avec Frédéric, dans un coin tranquille du Vieux Lyon, à l'abri des hordes de touristes qui s'empiffrent de lyonnaiseries sorties du congélateur. Dans ce quartier-là, maintenant, la tranquillité, c'est de l'or. Nous y étions allés une autre fois avec Jean-Claude.

Nanou, à notre arrivée, nous a reconnus et nous a gratifiés d'un "bonsoir, les garçons" qui résonnait de sincérité. Elle n'est pourtant pas très belle, Nanou, mais elle est mieux que ça: c'est Nanou. Pas très grande, la cinquantaine sans doute bien accomplie, elle a la voix cassée par les cigarettes, une de ces voix graves de femmes que j'adore. Elle porte sa vie sur elle, Nanou, et sa tendresse aussi. Elle est toujours habillée de noir, dans des robes qui la rendent encore sexy, elle est nature et ne s'embarrasse pas de chichi. Elle a accouchée de son dernier, de plus de vingt ans le benjamin, à quelques mois d'écart de sa fille, qui la rendait grand-mère.

En la voyant, je me demande toujours quelle a été sa vie, qui fut son premier homme, le père de ses deux aînés. Elle a l'air heureuse aujourd'hui et pourtant, on sent qu'elle a dû souffrir d'avoir trop aimé. Et ce que j'aime par dessus tout, c'est quand elle se penche sur moi et me fait un bisou dans le cou. On a de ces faiblesse, parfois...

(PS: au menu, ce fut foie gras maison, steak tartare, découpé au couteau, et gratin dauphinois.)

3 commentaires:

CHROUM-BADABAN a dit…

Tu pourrais mettre l'adresse du restaurant ! Les restaus à Lyon m'ont tjrs fait rêver !
J'ai la nostalgie des restaus lyonnais, ceux d'avant le TGV, il y a plus de trente ans, lorsque je descendait de Paris, en quatre-ailes par l'A6, pour aller bosser à la Feyssine, le dimanche, aux puces !
J'allais au Jura, je me demande s'il existe encore et ce qu'il est devenu... Et dans bien d'autres, une rue à prostituées, j'ai oublié son nom, où les restaus ouvraient le dimanche...
Je créchais rue des Chartreux, rue Romarin, rue du Thou, parfois à l'hôtel des Marronniers, rue des Marronniers !
Puis m'étant poli les dents et civilisé avec cette putain-puceau de bourgeoisie lyonnaise, j'allais à La tour Rose, chez J.P. Chavant. Il était inventif ce mec, en fait on avait table ouverte dans son annexe, rue du Boeuf je crois me souvenir. On se restaurait gratuitement ; je n'ai jamais compris pourquoi, il devait avoir quelque chose à se faire pardonner ou bien il aimait les loustics dans mon genre !
Parfois on allait aussi dans une grande brasserie (Chez George ?!) vers Perrache... Me demande ce qu'il est resté de tout ça...

Cornus a dit…

Je ne connais aucun établissement de ce genre. Mais ce que tu décris là me rappelle plutôt de vieux films en noir et blanc.

Calyste a dit…

Daniel: il s'agit du restaurant Le Cabaretier, sur la Place du petit Collège.
Le Jura existe toujours, il est rue Tupin, je crois. La rue à prostituées est la rue Mercière, mais elle a bien changé: aujourd'hui, c'est un haut lieu du tourisme gastronomique de Lyon et c'est devenu assez chic.
La Tour Rose est toujours là, bien sûr, au même endroit. Et la Brasserie Georges sert toujours sa choucroute (entre autres) à Perrache.
Je vois que tu connais bien Lyon.

Cornus: Nanou pourrait effectivement être un personnage de film en noir et blanc, bien que trop jeune pour avoir connu cette époque.