Deuxième séance, consacrée ce matin aux animaux étranges façonnés la semaine dernière. De simples objets hétéroclites, ils sont devenus personnages aujourd'hui, acquérant, grâce à l'imagination des élèves, un nom, un caractère, des qualités, des défauts, un mode de vie, un habitat, des habitudes alimentaires,etc.
Après avoir rempli cette fiche d'identité pour son animal, chacun a alors travaillé en tandem avec son voisin de table pour imaginer la rencontre entre les deux bestioles et le dialogue qui s'en suivait. Dialogue d'abord oral puis écrit (il s'agissait, pour l'objectif de français, de leur faire employer au mieux les types de phrases révisés la semaine dernière: déclarative, interrogative, exclamative et injonctive). La partie orale a donné lieu à de belles trouvailles, même si la plupart ont traditionnellement commencé par une présentation réciproque ("Bonjour, comment t'appelles-tu? - Et toi?...)
Le plus surprenant, cependant, est l'attitude de ces enfants de 11 ans au moment de mettre leurs animaux en situation de dialogue. Presque tous ont pris leur "créature" en main et l'ont manœuvrée tout en parlant, la manipulant comme un jouet, ou mieux: avec tendresse et délicatesse. On était là bien loin d'un cours traditionnel. Ils laissaient s'exprimer la part encore très enfantine de leur personnalité, un peu comme ils s'amusaient sans doute à six ans dans leur chambre avec un camarade. Pour eux, ce matin, l'animal existait, avait pris chair et consistance, vivait réellement entre leurs doigts. Et eux-mêmes étaient devenus leur animal, au point de changer de voix pour certains pour le faire parler lui.
Ces métamorphoses successives observées pendant les deux séances m'ont vraiment surpris: transformation d'éléments hétéroclites assemblés en créature animale, transformation de l'objet en personnage, mise en situation rapide des élèves... J'ai sans doute, vue ma matière, une approche plus (trop?) intellectuelle des apprentissages et une propension à considérer mes élèves comme déjà plus grands qu'ils ne le sont. Côtoyer une matière dont de nombreux aspects sont plus directement concrets, comme les Arts Plastiques, me fait, sur ce point, beaucoup de bien.
mercredi 16 février 2011
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7 commentaires:
Elles sont géniales ces bestioles ! Et qu'est-ce que j'aurais aimé être une petite souris discrète pour assister aux dialogues ! Bravo les prof, bravo les gamins !
Merci, Karreg. En parlant de souris, il parait qu'il y en a dans mon immeuble. Elles n'ont pas intérêt à venir s'attaquer à mes papiers peints tout neufs! Sinon, d'animaux, je les transforme en objets hétéroclites! Et sans dialogue, en plus!
Je trouve les réalisations des enfants très créatives et originales !
Tes réflexions sur l'enseignement dans ce contexte ont des résonances en moi et me portent à l'introspection sur ma propre pratique...
Pas mal en effet ces bestioles. Et pourquoi jamais de plantouzes ? Ah, c'est vrai, ça ne parle pas, contrairement aux animaux !
Introspection est moins stressant qu'inspection, La Discrète! Personnellement, j'espère bien en avoir fini avec ce genre d'exercices (je parle des inspections, bien sûr).
Si, si, Cornus, j'ai dans mes classes quelques poireaux et quelques navets qui ne cessent de parler!
J'étais persuadé en jetant un coup d'oeil rapide sur les photos qu'il s'agissait d'une vraie exposition d'art moderne. Dis donc, c'est génial !
Merci pour avoir publié les foire aux bestiaux, comme je te le demandais il y a quelques jours.
Sinon, je ne suis absolument pas étonné de la 'retombée en enfance' pour ces élèves que tu considères plus grands' qu'ils ne sont réellement. Et même, j'oserais m'avancer en disant que je suis persuadé que des adultes auraient eu, lors du même type d'exercice, une relation un peu "enfantine" avec leur jouet.
Moi, en tout cas, c'est sûr.
Pour certains, sans doute, Lancelot, mais j'en connais beaucoup qui n'auraient pas baissé leur garde de grandes personnes "sérieuses"!
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