On dit qu'il est des livres à la lecture desquels on peut difficilement s'arracher. Je viens d'en terminer un: Le Chemin des âmes, du canadien anglophone Joseph Boyden. Un titre un peu mièvre qui cache un grand roman comme je les aime. Deux jeunes amérindiens de la tribu des Cree, passionnés de chasse et de grands espaces, s'engagent comme volontaires dans le grand conflit européen de 14-18. Ce qu'ils vont découvrir enchantera l'un comme un philtre magique qui finira par le rendre fou. L'autre, gravement blessé, sera, à la fin de la guerre, rapatrié dans son pays et ramené dans son territoire en pirogue par sa vieille tante qui l'arrachera des griffes du souvenir et de la morphine.
Les pages alternent récit des batailles dans le nord de la France, atrocités et portraits bien trempés, et remontée de la rivière canadienne, à peine moins sombre. Le narrateur est tantôt la tante qui, pour sauver Neveu, lui racontera, tout au long de leur voyage, les années d'enfance des deux futurs soldats, tantôt Neveu lui-même, découvrant progressivement que son ami s'est transformé en bête féroce et qu'il lui reste, pour l'arracher à la folie meurtrière, à faire le geste que lui seul à le droit de faire.
C'est beaucoup plus qu'un livre de guerre. D'ailleurs rien n'est poussé à l'outrance pour complaire au lecteur avide de sensations fortes. Et pourtant, ces sensations, on les éprouve, face aux faits bien sûrs, mais surtout grâce à une sorte de retenue dans le récit qui les rend encore plus poignants. C'est un premier roman publié en 2004 au Canada et traduit en France en 2006. Depuis, un recueil de nouvelles, Là-haut vers le Nord, et un second roman, Les Saisons de la solitude (encore un titre sur lequel il y aurait beaucoup à dire), sont également sortis, respectivement en 2008 et 2009. Je ne vais sans doute pas résister longtemps.
mardi 8 février 2011
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