mercredi 9 février 2011

Surprise

Ce matin, cours commun avec ma collègue d'arts plastiques. Les élèves arrivent, plutôt calmes. Elle les agresse d'entrée de jeu, de sa voix égrillarde que parfois, moi-même, j'ai du mal à supporter. Au lieu de les calmer, elle les excite davantage. Je dis la même chose, fermement mais sans hurler. Ils se calment. Deux façons de faire. Comment peut-on vivre tout le temps dans le conflit?

Le projet me semblait au départ un peu loufoque: faire créer par les élèves un animal bizarre à partir d'un extrait du roman de J-C Mourlevat: La Rivière à l'envers (petit roman pour la jeunesse qui se révèle être un véritable petit bijou!). Ils doivent se servir de divers éléments apportés de chez eux, essentiellement objets végétaux (branches, écorce, feuilles...) et industriels (bouchons plastique, portemanteaux, ...). Je m'attendais au pire et à voir surgir de leurs mains de pitoyables horreurs branlantes. Je me trompais.

Peu à peu, j'ai vu prendre forme (pas chez tous, bien sûr), des silhouettes qui pouvaient ressembler à des animaux fantastiques tout droit sortis de leur imagination et du matériel à leur disposition, certains émouvants de fragilité, d'autres à l'allure agressive, des beaux, des laids, tous différents. J'avoue en avoir été bien surpris. Cela m'a rappelé une expérience quasi analogue: lorsqu'à Barcelone, il y a une vingtaine d'années, j'ai assisté à une répétition de la chorale d'enfants avant le concert de gala pour lequel nous avions été sélectionnés: trois chœurs, dont nous, sur une centaines de concurrents. Le chef de chorale avait tenu à auditionner chaque enfant individuellement et j'avais mal pour lui: nous ne serions jamais prêts pour le soir, nous allions nous couvrir de ridicule. Je trouvais toutes ces voix laides, désagréables, fausses. Lui ne semblait pas s'en formaliser. Et il avait raison: une fois réunies, elles constituèrent un magnifique ensemble, une harmonie parfaite et poignante. Le concert fut un succès absolu.

Les animaux seront terminés la semaine prochaine et prendront vie grâce à un dialogue que chacun imaginera entre lui et sa créature.

9 commentaires:

Cornus a dit…

Chouette initiative en tout cas que ces projets qui permettent l'expression de talents parfois inédits.

Calyste a dit…

Cornus: Et ce sont souvent des élèves moins doués scolairement qui réussissent parfaitement ces réalisations. Une façon comme une autre de les mettre en valeur.

karagar a dit…

mettre en valeur ou reconnaître leur valeur...

Lancelot a dit…

Tu pourras prendre des photos pour nous en montrer, dit ? Ou bien y a un copyright...?

Calyste a dit…

Je me renseigne sur les droits d'auteur, et éventuellement...

Calyste a dit…

karagar: ou la découvrir!

Valérie de Haute Savoie a dit…

Ah ben décidément, j'ai les mêmes désirs que Lancelot moi :D

Cornus a dit…

Très chouette en effet. C'est mieux que d'entendre dire qu'on est un bon à rien et qu'on n'arrivera à rien comme l'avait dit une prof de maths de 4e a à mon père...

Calyste a dit…

Peut-être tes désirs seront-ils exaucés, Valérie!
Cornus: la connerie est la chose la mieux partagée du monde, même chez les enseignants!