A chaque nouvelle édition ou presque d'un roman pour la jeunesse, l'éditeur en change non seulement l'illustration de première de couverture mais aussi maintenant (c'est nouveau) la pagination. Une façon comme une autre d'enquiquiner les professeurs qui font étudier régulièrement ces œuvres. Pourtant, il me semble que nous sommes parmi leurs meilleurs clients!
Ces nouvelles illustrations sont, à mon avis, de plus en plus laides et aguicheuses. Tout y est fait pour attirer le jeune chaland: visages des personnages ultra-modernes, souvent façon manga, mise en exergue des scènes les plus "violentes", quitte à en réinterpréter gravement le contenu, choix de couleurs tape-à-l'œil sans rapport avec l'atmosphère du roman. Ainsi ai-je vu passer une première de couverture des Dix Petits Nègres vert pistache.
Quand j'étais moi-même enfant, je rêvais devant ces portes ouvertes à l'imagination. Ou bien, pour d'autres livres sans illustrations, je restais de longs moments à observer le titre et le nom de l'auteur, essayant d'imaginer par avance les plaisirs que les pages imprimées allaient bientôt m'apporter. C'était par exemple le cas des romans de Jules Verne dans l'édition Hetzel, avec leur couleur rouge profond et leurs dorures un peu baroques. Les dessins intérieurs, légendés d'une phrase extraite du roman, me fascinaient. J'apprends ce soir qu'ils étaient pour la plupart d'un certain Paul Souzé dont, malgré mes recherches, je n'ai rien pu savoir. Je me souviens encore d'une forêt d'eucalyptus qui devait se trouver dans Les Enfants du Capitaine Grant, je crois. Dessins en noir et blanc qui laissaient toute latitude à l'esprit enfantin pour vagabonder, et je ne m'en privais pas. Place était faite au rêve et à la poésie, dans une recherche de beauté et de précision: de vraies gravures!
Aujourd'hui, les illustrations actuelles ne m'inspirent rien, que rejet bien souvent. Est-ce parce que j'ai perdu mon âme et mon regard d'enfant? Mais alors, si c'est le cas, pourquoi certains de mes élèves me disent parfois: "Monsieur, la couverture est moche!"? Il leur faut alors un effort supplémentaire pour avoir envie d'ouvrir un pareil livre et je dois bien souvent donner le coup de pouce nécessaire.
lundi 7 février 2011
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12 commentaires:
Plus que les couvertures, je crois que c'est Le Club des Cinq qui a été modernisé dans son écriture afin d'attirer les jeunes lecteurs de la génération Internet! C'est un crime encore plus grand à mon sens!!
Je pense que les éditeurs essaient de suivre la tendance, mais que les codes graphiques qu'ils utilisent ne touchent tout simplement pas, peu importe peut-être l'âge. Peut-être que les lecteurs, petits ou grands, préfèrent de toute manière les mots aux images!
Je ne savais pas, Samuel! Mais comment s'arrangent-ils avec les droits d'auteur?
Je pense qu'il existe aussi d'anciennes couvertures archi-tarte, mais je ne me rends pas du tout compte de l'évolution globale.
Tartes, sûrement, Cornus, mièvres et tout ce que tu voudras, mais nettement moins axées, il me semble, sur le tout commercial.
Je ne sais pas ce qu'il en est des droits d'auteurs. J'imagine que c'est fait en accord avec les ayant droits... ou de manière illégale, remarque! Va savoir!
Mais je trouve que le processus dénature l'oeuvre. Imagine Emma Bovary si, au lieu de se faire sauter dans une calèche lorsqu'elle visite Paris, se retrouvait à l'arrière d'une Citroën Saxo!! hihihi !!
tout ça m'a donné envie de retourner du côté de mes collections d'ado.Rouge et Or, Bibliothèque Rose et Verte, Signe de Piste, Marabout Junior... C'était vraiment pas mal du tout; même si gamin j'adorai les "tartes"...
Samuel: ou Cosette habitant Les Minguettes!
Charlus: Tu les as gardés? Moi, je n'ai pu en sauver que quelques-uns, dans un piètre état, après le passage de mes frères et sœurs plus jeunes et surtout de mon père qui, lors de mon départ à l'université, les a relégués dans une cave humide.
j'en avais pas mal! Ces livres n'ont pas résisté à de multiples déménagements! Nous n'avions pas de maison de famille!! Et maintenant que j'en ai une, il n'y a personne qui soit vraiment intéressé par ces vieilleries!!!
Ah ! les première de couv... Toute une rêverie à elles seules.
J'ai offert un club des 5 nouvelle génération à ma sauterelle en allant passé quelques jours chez mon beau-père. Dans la chambre qu'elle occupe lors de nos séjours se trouvent quelques livres du temps où mon Espoir était enfant.
Elle y trouve le même club des 5. Quelle différence entre les couvertures ! Elle rigolait comme une folle de voir ce vieil exemplaire, très vieillot à ses yeux. Moi j'y ai retrouvé mes personnages aimés, et une foule de bons souvenirs me sont revenus. Elle s'est bien plus marrée encore lorsqu'elle nous a entendu raconter Nos club des 5, nous les vieux, mon Espoir, son grand frère et moi.
Moi aussi, Erin, je me sens de plus en plus souvent devenir un dinosaure!
@ Calyste : Me trouveras-tu "envahissant" sur ce coup-là, si je te dis, une assiette en porcelane à la main, que j'avais fait une note sur cela que tu avais commentée (et Sammy aussi d'ailleurs) très longuement il y a quelque temps.....? Jamais je ne me relèverai d'un pareil affront.... Bon, je te redonne tout de même le lien, par cuistrerie. Tu en feras ce que tu voudras....
http://boatontheocean.hautetfort.com/archive/2008/08/21/le-passe-complique.html
C'était en août 2008. Mon Dieu que le temps passe. Le titre de ma note était "le passé com compliqué" ! C'était prémonitoire ! Il l'est beaucoup plus qu'on ne croit !
Erin, les illustrations des vieilles versions des Club des Cinq, faites par Simone Beaudoin et Jeanne Hives, c'était magnifique ! Je les adorais. Les nouvelles, c'est hideux.
Autant dire la préhistoire, Lancelot, pour un vieillard de mon âge!
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