La langue française, par ailleurs et quoiqu'en disent certains d'une grande richesse de vocabulaire, de sonorités et d'adaptabilité, a parfois de légères faiblesses pour rendre clairement quelques nuances, en particulier si on la compare au latin.
Prenons par exemple le cas de l'expression de la condition dans les deux langues. (Je précise que, si vous souffrez en ce moment, c'est la faute à Karagar!):
- la première façon de la marquer s'appelle l'éventuel (indicatif dans les deux propositions en français, idem en latin).
Ex: S'il faisait beau, nous allions au bord de la mer.
- l'autre nuance où les deux langues se rejoignent est l'irréel du passé: la condition exprimée ne s'est pas réalisée dans le passé. ( indicatif plus-que-parfait+ conditionnel passé en français, deux subjonctifs plus-que-parfaits en latin) Notons que le latin est ici tout de même plus simple que le français.
Ex: S'il avait fait beau, nous serions allés au bord de la mer.
C'est ensuite que les choses se gâtent pour notre bonne vieille langue nationale:
où le latin marque deux nuances, le français, qui les perçoit aussi, ne les rend pas clairement et les juxtapose même.
- le potentiel indique que la condition peut se réaliser un jour. (Indicatif imparfait+ conditionnel présent en français, deux subjonctifs présents en latin, encore une fois plus logique).
Ex: S'il faisait beau, nous irions au bord de la mer (sous-entendu: et cela est bien possible à un moment ou à un autre car, comme le dit mon grand philosophe d'ami Jean-Claude: "Il fait toujours beau quelque part!")
- l'irréel du présent indique que la condition n'est pas remplie en ce moment (Indicatif imparfait+ conditionnel présent en français, deux subjonctifs imparfait en latin).
Ex: S'il faisait beau, nous irions au bord de la mer (sous-entendu: mais il ne fait pas beau.)
Ainsi, dans ces deux derniers cas, là où le latin exprime les nuances différemment, le français ne peut être clair sans recourir au contexte qui, parfois, n'aide guère.
Merci, Karagar, de m'avoir fourni l'occasion de mon premier cours sur écran!!! Et pardon pour les autres: promis, je ne recommencerai plus. Enfin, sauf si vous insistez!
jeudi 23 septembre 2010
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10 commentaires:
Hahaha, je vois le moment où l'on va voir surgir un cours détaillé sur l'expression du conditionnel en breton. Et si vous séchez aux exos, je peux vous filer discrètement les réponses (contre rémunération bien sûr).
Au fait, Calyste, pourquoi tu provoques Karagar comme ça, avec tes conditionnels, j'ai dû rater un épisode !
Bin moi j'aime bien la mer quand y fait pas beau!!..
pis j'comprends plus mieux le français qu'le latin.
Euh !
Si tu permets...
Je ne suis pas d'accord sur ta définition du potentiel et ton exemple : pour moi le potentiel signifie que la condition peut se réaliser, en effet, mais je trouve ça embrouille les choses de préciser derrière "un jour". Quand j'explique ça à mes élèves, je préfère dire "dans l'avenir". Et, de fait, ça donne : présent dans la subordonnée, futur dans la principale.
"S'il FAIT beau, nous IRONS au bord de la mer".
La différence entre potentiel et irréel du présent est mal marquée en français, à l'oral, surtout à cause du conditionnel présent qui ressemble, à l'oreille, au futur, pour la première personne.
"Si tu viens, je serai content" / "Si tu venais je seraiS content" et de fait la nuance d'incertitude, plus forte dans le deuxième cas, a tendance à s'estomper quand on juxtapose les deux phrases.
Que j'aime "cuistrer" avec toi. Déjà la sonorité du mot soulève toute une cohorte d'images follement érotiques dans mon imagination survoltée... :D
L'aime non seulement "<cuistrer" mais aussi "pinailler", le chevalier!!
Bon, j'ai regardé la météo: va pas faire beau... alors? quèqu'on fait?
Voir commentaire du 22 septembre, KarregWenn. (Si j'étais).
Le langage des mains aussi, non, Piergil?
En lisant ton commentaire, Lancelot, je me demande si tu ne confonds pas le potentiel et l'éventuel. Les deux existent en français et en latin. En anglais, je ne sais pas. mais je suis heureux que cela éveille en toi des idées.... chaudes!
Qu'est-ce que tu proposes, Piergil? Sur la plage ou ailleurs....
Je ne pense pas !
Eventuel : S'il fait beau, nous allons...
Potentiel : S'il fait beau, nous irons...
Différence entre éventuel et potentiel : dans le premier le fait est acquis dans la continuité : pendant les vacances, s'il fait beau, nous allons à la plage.
Dans le second, on vise un moment précis. par exemple : LUNDI, s'il fait beau, nous irons...
Oui, j'adore enculer des mouches... de l'érotisme de la grammaire...
Enfin, affaire à rediscuter de vive voix, éventuellement (ou potentiellement !!!). Quelle idée de discutailler de ces bêtises sur blog ! On est vraiment barges... :D
Alors, Lancelot, nous n'avons pas appris la même chose. Pour moi, l'éventuel est à l'indicatif, quelque soit le temps (s'il faisait beau, nous allions / s'il fait beau, nous allons / s'il fait beau, nous irons), le potentiel au conditionnel, en français (s'il faisait beau, nous irions).
Et moi qui ai hésité à écrire et envoyer ce billet. Jamais je n'aurais pensé qu'il intéresse qui que ce soit.
Bon, j'avais tout bien compris, mais Lancelot est venu mettre son nez et a cassé le jouet !
Bon, pour en revenir au fond des choses, de mon côté, je vois une différence majeure entre potentiel et éventuel.
- potentiel : qui est bien réel mais dont on n'a pas encore identifié la survenue dans le temps ou l'espace (quand il fera beau, nous irons...) ;
- éventuel : qui n'est pas forcément réel et est entièrement probabiliste (s'il fait beau, nous irons).
Bon, vous pouvez mettre ça à la poubelle, j'y connais rien et j'ai pas révisé.
Oups, je n'avais pas encore vu ce que j'avais provoqué !
Lancelot> S'il fait beau nous irons... est un projet réel et demande confirmation, s'il faisait beau n'exige rien, c'est une hypothèse de réflexion, ou de rêve.
J'indiquais en titre un "petit" moment! .........
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