Je suis sûr que c'est fait exprès. Pour que l'on consomme plus de produit. Et ça m'énerve, chaque fois que je me fais avoir.
On entre sous la douche avec les meilleures intentions du monde, on se dit qu'après tout la vie n'est pas si laide, qu'elle offre même des moments d'une rare intensité, même si pas nombreux si l'on n'y met pas un peu du sien, que, une fois le premier pas franchi, se lever de bon matin n'a tout de même rien d'une torture médiévale, qu'aujourd'hui on fera un effort pour être agréable avec tout le monde, élèves comme collègues, sauf elle peut-être, mais non, allez, même elle, on est dans un grand jour, que finalement la pluie, c'est beau aussi et puis c'est bon pour la nature, en principe.
On commence à se demander quelle chemise on va mettre aujourd'hui (eh oui, passées les vacances, les T-shirt, c'est fini!), la petite bleue pâle sans manches n'est pas mal mais il y a le minuscule trou de cigarette qu'y a laissé Pierre et que, bien entendu, quelqu'un, obligatoirement, te fera remarquer dans la journée. Comme si tu ne le savais pas, depuis le temps! La rose est jolie aussi, mais la transpiration sous les bras y apparaît trop évidente. Alors la blanche et jaune à petits carreaux, mais est-ce qu'elle n'est pas dans la corbeille à linge sale? Sinon, ce sera un polo, uni, pas ceux à rayures façon maillots de rugby qui ne t'avantagent pas depuis que tu as pris un peu d'embonpoint. Un polo par dessus le pantalon, ça peut aller tout de même. De toute façon, quand on voit comment les élèves eux-mêmes sont habillés...
Tout à ces pensées, que l'on essaie toujours de tirer vers le positif, le constructif, l'optimitif, on empoigne d'un geste machinal le flacon de shampoing usages fréquents antipelliculaire et, après s'être bien mouillé le cuir chevelu, comme précisé sur ledit flacon (existe-t-il vraiment des demeurés pour procéder à sec?), on en ouvre l'opercule pour recueillir dans sa main un peu du liquide glaireux mais à l'odeur agréable (de quoi, déjà? Il ne se souvient plus pour lequel il a finalement opté au moment de l'achat et ne peut vérifier, les yeux déjà fermés pour éviter les éclaboussures) avec lequel on doit se masser les cheveux puis qu'il faut laisser agir quelques minutes (en fait le temps de laver les autres parties du corps) avant de rincer.
Et c'est là que se produit le petit fait qui flanque tout par terre, la vague inattendue qui vient démolir le presque coquet château de sable patiemment monté depuis le réveil et qu'il faudra tâcher de rebâtir avant d'arriver au travail, sinon la journée risque d'être fichue! Alors que l'on rêve déjà d'une autre main que la sienne pour malaxer cette tignasse ou ce paillasson, pour caresser cette nuque, pour s'égarer peut-être ailleurs, enivrée par la vapeur d'eau chaude qui embrume la cabine de douche, voilà que la noisette annoncée se transforme en demi-flacon déversé en une seconde sur votre main par un trou beaucoup trop grand pour même un kilo de noix de Grenoble, les plus belles, qu'en une seule prise, vous avez quasiment vidé le flacon et que vous pourriez avec ce qui déborde de votre paume laver la tête de tous les élèves pouilleux du collège en temps de contamination (si, si, ça existe encore!) pendant un trimestre entier.
Vous vous étiez déjà fait avoir l'avant-veille, au dernier lavage de cheveux et le pire c'est lorsque, quelques secondes plus tard, la même mésaventure vous arrive cette fois-ci avec le flacon de gel douche que, pour le bien-être de votre peau fragile, vous achetez en pharmacie à plus de quinze euros les 750 millilitres. Adieu belles pensées, adieu généreuses intentions, adieu polo seyant et sourire éternel! Il ne reste plus qu'à vous rincer, rincer et rerincer cent fois, puis, lorsque c'est enfin terminé, à débarrasser le bac à douche de toute sa mousse, à le frotter avec une éponge pour ne pas risquer de glisser le lendemain sur les restes de ce gaspillage. Et à sortir de la cabine en vous apercevant que vous êtes presque en retard alors que vous vous étiez levé une demi-heure plus tôt que nécessaire pour ne pas avoir à stresser inutilement.
Et bien sûr, au boulot, une collègue bienveillante (oui, oui, celle-là même que vous aviez décidé, au prix d'efforts surhumains, de ne pas étrangler dans la matinée, à qui vous aviez consenti un délai supplémentaire, le temps pour elle de savourer son dernier café à 40 centimes d'euro en se plaignant de tout sauf d'elle-même)) vous fera "gentiment" remarquer, avec un large sourire découvert dans les Feux de l'Amour et copié mais sans qu'elle ait pu totalement en effacer les origines montluçonnesques, qu'il vous reste de la mousse au creux de l'oreille gauche, non de l'autre côté la gauche! Grrrrrrrrrr.........
mardi 25 août 2009
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4 commentaires:
Alors moi je dis que cela n'est que broutille à côté de ceci: on a déjà ouvert en très grand les vannes et on savoure le bonheur de la pluie chaude sur le corps que l'on sent se délier, on arrête à regret le jet régénérant, on temps la main vers un flacon, puis un autre, et encore un autre...et on constate qu'il ne reste plus ni shampoing ni gel-douche. Ah si, tout là-haut, relégué, ce truc infâme que l'on vous a offert et dont on espère vainement que des invités peu sensibles vont se le vider un jour sur la caboche...Non, tout mais pas ça. Allez, douche au savon de Marseille !
Car oui il y a des demeuré(e)s pour attendre le dernier moment de renouveler les stocks...
@ KarregWenn : Impensable, ce style de mésaventure ici, impensable. je ne voudrais pas la rejouer façon "Vieux Con" mais ces trucs-là me font tellement HURLER de rage que depuis des années, TiNours et mi prenons nos précautions : gel douche acheté au flacon par douzaine (je rigole pas). Le shampooing, y en a au minimum un d'avance.
@ Calyste : Qu'est-ce que je me suis bidonné !!!! ;-D Oui, le coup du bouchon qui laisse tout échapper, c'est fréquent aussi. Ca m'était arrivé aux USA avec un flacon d'assaisonnement à barbecue. Et comme j'étais dans un dîner où je voulais faire bonne impression, j'avais désespérément essayé de dissimuler discrètement la "soupe" dans laquelle baignait ma côte de boeuf... Je vous passe les détails, une horreur.
Sinon, ton choix d'une chemise m'a terriblement rappelé les hésitations de Scarlett devant ses douze mille robes avant d'aller au pique-nique des Tarleton ! Véridique ! Je te donnerais bien le numéro de la page, mais je sais que tu n'as plus le bouquin... je vais finir par te l'envoyer, c'est trop frustrant !
PS : Euh, la rentrée c'est pas encore, si ???? Ne me dis pas que tu fais partie de ces MALHEUREUX qui anticipent d'une semaine l'Horreur...?
Tu as la main lourde comme ça tout le temps ? Tout gicle fort entre tes doigts ?
Mais j'aime bien le savon de Marseille aussi, Kgwn, surtout si c'est quelqu'un d'autre qui me le passe dans le dos!
Non, Lancelot, ne t'inquiète pas, je n'anticipe rien du tout: pré rentrée le 1er, comme toi, j'imagine.
Permets-moi de garder un peu de mon mystère, Olivier.
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