C'est le titre d'un roman de John Banville, que la quatrième de couverture présente comme aussi estimable que ses parallèles dans la chanson (Trenet) ou dans la musique dite classique (Debussy). Je ne partage pas tout à fait ce point de vue, surtout complété par l'expression employée : "un roman inoubliable". Quand donc s'arrêtera la surenchère de cette quatrième de couverture qui n'en peut plus d'user jusqu'à la corde les expressions grandiloquentes et les superlatifs les plus éculés? Présenter le thème du livre, en donner une première idée devrait suffire. Pas besoin de l'avis de Truc de Télérama ou de Machin de Lire. Mais peut-on en vouloir aux éditeurs quand on entend les journalistes commenter des événements qu'ils sont censés présenter de la façon la plus neutre possible (et je ne parle pas uniquement de neutralité politique, la mode immonde d'offrir à l'écran un visage larmoyant ou catastrophé à l'annonce d'un cataclysme excitant ma bile encore bien davantage!)?
Mais je m'éloigne du sujet. On pourrait croire, à lire ce qui précède, que je n'ai pas aimé ce roman, ce qui est faux. Simplement, ce n'est pas le chef-d'œuvre annoncé et, dans un mois ou deux, j'aurais sans doute totalement oublié ce dont il y était question.
Le narrateur est Max, la narration comme une écriture de journal intime où ce personnage évoque la mort de sa femme, son retour après le deuil au village en bord de mer où il a passé son enfance. La trame se complique de l'évocation des rapports établis au cours de cette enfance avec les enfants de gens aisés venus passés leur vacances dans la grande maison voisine. Peu à peu, les deux fils de ce canevas se rapprochent et la mort de la femme précède de peu, dans la succession des chapitres (et non pas chronologiquement), la mort des deux enfants sous les yeux de Rose, leur gouvernante qui, justement est cette Melle Vavasour qui héberge Max après son deuil.
Roman de mort, donc, et de souvenirs recomposés, d'amour aussi, adulte et enfantin. Mais il est loin, le vert paradis évoqué par Baudelaire. Là, tout baigne dans la mélancolie et les ciels changeants de la grève océane.
J'ai toujours eu la conviction, laquelle a résisté à toute considération rationnelle, que, à un moment non spécifié du futur, cette répétition perpétuelle que constitue ma vie, avec ses innombrables erreurs d'interprétation, faux pas et ratages, arriverait à son terme et que la véritable pièce pour laquelle je me prépare depuis toujours avec tant de ferveur commencerait enfin. C'est une illusion courante, je le sais, dont tout un chacun se berce. (...). Je n'ai pas idée de la manière dont se passerait ce saut dramatique au cœur de l'action ni de ce qui pourrait se produire au juste, sur les planches. Néanmoins, j'anticipe une sorte d'apothéose, un climatère grandiose?. Je ne parle pas ici de transfiguration posthume. Je n'imagine pas la possibilité d'une vie après la vie ni un dieu capable de me l'offrir. Vu le monde que Dieu a créé, ce serait un sacrilège que de croire en lui. Non, ce que j'attends avec impatience, c'est un moment d'expression terrestre. C'est ça, c'est exactement ça: je serai exprimé, totalement. Je serai délivré, tel un noble discours de clôture. Je serai, en un mot, dit.
(Trad. de Michèle Albaret-Maatsch)
lundi 17 août 2009
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