Voilà: dernière ligne droite déjà bien entamée. On peut même dire qu'on touche au but et qu'il faut maintenant regarder les vacances à l'horizon des chrysanthèmes de novembre, à moins que cette star de grippe mexicaine ne vienne vider les rangs plus tôt que prévu.
A midi, en pique-niquant avec J. à la tête d'Or, je lui ai dit que je comptais bien profiter de chacune des secondes de ce dernier après-midi de vraie liberté. Il me semble que j'ai tenu le pari. Parti de chez moi à 11h30, je n'y suis rentré qu'à 18h précises. J'avais dans l'idée de faire un grand tour pédestre soit en direction du Rhône et de la Feyssine, soit dans les rues du centre ville. Je n'ai pratiquement pas quitté le parc, tout au plus l'ai-je longé à l'extérieur des grilles du côté de la Cité Internationale.
Quid de tout ce temps dehors? Marche, photos et rencontres. Trois pour être précis. D'abord un grand mec qui a tenu à m'expliquer qu'il n'était pas homosexuel mais qu'il tenait comme un "challenge" de se masturber devant un autre homme. "Ce n'est pas de l'attirance, uniquement une histoire d'adrénaline." Bien, mon bonhomme mais encore? En fait, passée la première pensée un peu réductrice sur son compte qui n'avait pas manqué de germer dans mon esprit, je finis par m'avouer que ce type n'était pas aussi cinglé qu'il en avait l'air au premier abord, voire même que sa conversation pouvait être intéressante. Une heure donc, assis sur un banc. Après quoi il était grandement temps d'aller jeter un œil sur l'expo photos de l'Orangerie pour laquelle j'avais attendu l'ouverture des portes. Je n'en dirais rien, simplement qu'il y a vraiment à boire et à manger.
Je suis sorti du parc par la porte de l'Amphithéâtre: il y a par là toujours quelque angle intéressant ou lumière favorable pour tenter la photo du siècle. En bas, près du bassin, je me suis mis à photographier un banc de poissons rouges. Pas évident: ça bouche tout le temps et il y a les reflets de l'eau. Je n'ai pas entendu arriver l'homme qui m'a adressé la parole. Il voulait me montrer un poisson plus gros que les autres, certain que celui-ci serait bien plus intéressant pour lui tirer le portrait. L'homme était un vieillard maghrébin, seul dans ce coin perdu où je n'ai jamais vu grand monde. Il devait en savourer le calme et la fraicheur agréable sous l'ombre de la salle de spectacle. Mais quelle immense impression de solitude! Il ne me regardait pas, fixant seulement les poissons en dessous de nous, et parfois m'adressait ce qui devait être quelques mots mais qu'il me fallait décrypter tant il semblait avoir perdu l'habitude de la parole. Alors, très ému mais ne voulant pas le montrer, je me suis accoudé à côté de lui à la balustrade et en silence nous avons ensemble regardé les poissons. Parfois, sans plus parler du tout, il me désignait simplement du doigt ceux qui lui paraissaient dignes d'intérêt. Quand je l'ai quitté, je l'ai vu, de loin, toujours seul, frapper avec un branchage la bouche d'une poubelle, sans doute pour en chasser les guêpes.
A la Cité Internationale, autre ambiance, autre fréquentation: les employés y sont tous jeunes, dynamiques, bronzés et nonchalamment affairés. C'est du moins l'impression que l'on a en arrivant. L'un d'entre eux, pourtant, me voyant sortir mon appareil photos, m'a proposé de m'ouvrir la porte d'un immeuble de bureaux pour que je puisse en photographier les œuvres d'art exposées dans le hall.
En revenant vers le parc, j'ai aperçu, devant le Musée d'Art Contemporain, une œuvre assez gigantesque exposée sur une pelouse où je ne l'avais jamais vue. Toute de métal, elle reflétait parfaitement la lumière de cet après-midi finissant. Mais les étais de bois qui semblaient la maintenir d'un côté étaient-ils partie intégrante de l'oeuvre d'art ou bien l'installation n'était-elle pas terminée? J'optai pour la première hypothèse: l'artiste avait voulu rajouter la chaleur du bois à l'éclat du métal. Et en plus, elle émettait des sons! Venus de ses entrailles, mille bruits ressortaient à l'air libres et donnaient une coloration vivante à cette feuille froissée de journal économique anglais. Mais, en faisant le tour, je vis émerger du ventre du monstre, après ses outils jeter sur le sol par une ouverture de la carcasse, un jeune ouvrier qui m'expliqua bientôt de quoi il s'agissait: une oeuvre d'un artiste chinois dont je n'ai pas retenu le nom et que la municipalité de Lyon vient d'acquérir. Conversation très intéressante avec ce jeune homme attaché au musée et proche des œuvres qu'il manipule. Nous avons un instant parlé de l'exposition Keith Haring à la mise en place de laquelle il avait participé.
Le retour à pied jusqu'à ma voiture me sembla un peu long mais me laissa le temps de ranger dans une petite boîte de mon cerveau cet été 2009 que j'ai aimé, dont j'ai apprécié tous les instants, dont j'ai mis à profit toutes les occasions pour être bien. Et je suis bien.
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6 commentaires:
Et tu n'as pas aidé le jeune monsieur à relever le défi ? (Je tiens le même « challenge » que lui, que c'est bizarre!) ;-)
L'histoire ne le dit pas, mon cher Thom. Même "challenge" peut-être mais il me semble que les conditions d'application ne sont pas les mêmes...
J'aime bien quand un texte finit par une phrase qui n'a l'air de rien : "Et je suis bien"............
Sinon, tu sais quoi ? Je viens enfin d'acheter un papyrus, et une tondeuze à gazon. Ah oui, un schaefflera aussi: je ne suis pas inconditiel fou des schaeffleras, mais ca prend vite du volume. Et ensuite, dans une petite heure, j'attaque la raratouille.
Ne te trompe pas: ne tonds pas le papyrus. Moi, je viens d'abattre ma première journée de boulot et je suis...ko! Question de rythme!
Moi aussi, je suis content si tu es bien et si l'été a eu sur toi un impact agréable. Mais n'en oublie pas les règles élémentaires de l'accord du participe passé, mon grand Calyste : "nous avons parlé", "-é" et non pas "-ER". Si tu veux les revoir rapidement avant la rentrée, je te livre quelques exemples, à étudier en vrac :
"On a tous dans l' cœur une petite fille oubliEE..."
"Si j'avais bossE un peu je me serais payE une guitare..."
Amicalement ! ;-D
Y m'énerve, mais y m'énerve!
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