samedi 1 août 2009

Que faire de vos enfants cet été?

Lu aujourd'hui sur une des petites news de la page d'accueil de Yahoo, qui s'adressait visiblement aux parents:

Que faire de vos enfants cet été?

Personnellement, je n'en ai pas. Je les rends justement à leurs géniteurs vers la fin juin avec consigne de ne pas me les ramener avant les premiers jours de septembre. Alors, oui, forcément, je me sens un peu responsable du désarroi des parents qui n'ont pas pensé, s'ils pensent, que, passé le moment de plaisir de la mise en terre de la petite graine (je suis prudent: des enfants peuvent me lire!), il s'ensuivrait de nombreux années et, dans ces années, de nombreux étés où il faudrait bon gré mal gré s'occuper de ce que l'on avait mis au monde. C'est un peu comme quand on adopte un animal: il faut voir jusqu'au bout les conséquences de son acte. Agir en responsable!

Mais je ne veux pas faire ma mauvaise tête. Après tout, ce ne sont pas des pros de l'éducation, eux: ils ont tellement pris l'habitude de laisser ce souci à d'autres. Alors, grand cœur, je veux bien leur donner quelques conseils, quelques idées qu'ils adopteront ou rejetteront selon leurs états d'âme, leur situation financière, le degré d'intimité et de tendresse qu'ils partagent avec leur progéniture, etc, etc.

1°) On peut toujours se débarrasser d'un enfant gênant en le congelant. Cette solution convient particulièrement aux enfants en bas âge car ils font moins d'histoires en général pour entrer dans l'appareil, que l'on est sûr de pouvoir se procurer des sacs de la bonne taille même s'ils ne sont pas "spécial congélation" et surtout que leur encombrement limité permet de les camoufler (oui, Madame, votre mari n'est peut-être pas d'accord avec votre décision et pourrait avoir idée de rechercher le ou les disparus!) sous les sachets de frites ou les saumons achetés en promotion après les fêtes de fin d'année. Mais attention: une fois décongelés, on ne peut plus les recongeler.
Là aussi, il faut savoir qu'en faire ensuite.

2°) On peut aussi abandonner l'enfant quelque part, lui dire qu'on revient tout de suite et ne pas revenir. Un conseil important: choisissez bien le lieu d'abandon. Si les cailloux du petit Poucet n'ont plus cours aujourd'hui, il est malheureusement beaucoup plus facile de vous retrouver, pour la police surtout, sauf naturellement si votre enfant est muet(te). Dans ce dernier cas, le jardin public d'un autre arrondissement est largement suffisant. Sinon, si l'enfant articule déjà des phrases relativement compréhensibles, même en langage sms, il sera nécessaire de changer de ville, voir de pays. Pour plus de précaution, vous aurez au préalable pensé à supprimer toutes les marques de vêtements que les colonies antérieures ou l'école obligatoire vous ont forcé à coudre au revers du col ou dans les pans intérieurs de la chemise. Vous aurez aussi recommandé à l'enfant, et ce pendant de longs mois avant l'abandon, de ne jamais adresser la parole à un inconnu, sous aucun prétexte, surtout si cet inconnu porte un costume bleu et une drôle de casquette. Précaution facultative (c'est vous qui voyez!): coupez directement la langue de l'enfant et, pour la camoufler, procéder comme indiqué au 1° (oui, sous les frites, mais les épinards font aussi bien l'affaire!). Cette solution a l'avantage d'être indolore pour l'enfant (sauf application de la précaution facultative) mais n'est que rarement définitive: la plupart des enfants perdus sont, hélas, retrouvés.

3°) Si votre enfant vous gêne à tourner en rond entre vos pattes en vous disant qu'il s'ennuie, surtout si en plus il se place toujours par rapport à vous de telle façon qu'il vous masque le soleil et que déjà votre bronzage n'est pas uniforme, louez-le. Oui, Madame, louez-le. Profitez d'un arrêt à un feu rouge, que vous aurez choisi bien sûr avec présence assurée chaque jour de la semaine, et même le week-end , d'une bonne dizaine de romanichels tous plus désireux les uns que les autres de faire retrouver à votre pare-brise sa virginité originelle avec un chiffon qui a connu les trois dernières guerres et a même servi à essuyer la poussière sur la visière du casque d'un pompier présent à New-York le 11 septembre. Ne soyez cependant pas trop exigeante, je vous le conseille: le feu ne dure pas une éternité. La tractation doit être rapide pour passer inaperçue, du public environnant comme de votre enfant. Acceptez le premier prix que l'on vous en propose et ne regardez surtout pas les autres petits marmots qui travaillent, vous risqueriez de changer d'avis et là, adieu le bronzage de rêve et les compliments de votre libidineux supérieur à la rentrée. Attention cependant: si, des années plus tard, vous croisez un jeune homme qui ressemble étrangement à ce qu'aurait pu devenir votre fils en grandissant, ne vous arrêtez pas, ce n'est pas lui. ce ne peut pas être lui, avec des cheveux aussi sales!

4°) Une dernière idée pour ceux qui consentent à récupérer ces petits monstres le soir, juste avant de les faire manger et hop au lit pour avoir la paix: confiez-les pour la journée à des entreprises de cours privées qui leur feront réviser leurs bases (oui, on n'y monte rarement plus haut dans les degrés de connaissance) de français, de mathématiques ou d'histoire. Où cela se trouve-t-il? Mais partout, ma douce amie. Ces échoppes font fortune actuellement, on s'y bouscule. Bien sûr, c'est un peu cher et n'attendez pas que votre rejeton devienne tout à coup l'égal de Victor Hugo ou d'Einstein (non, non, l'affiche, c'est de la publicité, pas la vérité, vous rigolez!). Mais ce n'est pas ce qu'on leur demande, n'est-ce pas! Pourvu qu'ils les occupent le temps de vous maquiller, de déjeuner avec Françoise-Jeanne, de faire un peu de shopping avec Bénédicte, de passer les premières heures de l'après-midi dans la moiteur d'un petit hôtel discret mais propre (oui, propre, tout de même) avec Enzo ou Luca, ou les deux, de faire un saut chez votre coiffeur (un homo, hélas, quel gâchis, mais tellement artiste!), de... Enfin, je m'égare, vous voyez bien: tout ce qui fait de la vie d'une femme ordinaire un véritable enfer, une perpétuelle course contre la montre.

Comment ferais-je moi-même? Mais je vous l'ai dit, je n'ai pas d'enfants. Quand je me souviens de ma propre jeunesse, je vois un jardin et une tonnelle de roses, ou bien un acacia en fleurs, sous lesquels je dévorais les heures à lire les romans de Jules Verne et d'Alexandre Dumas, je vois une chambre où l'on me laissait me reposer seul lorsque j'avais de la fièvre, où je passais mon temps à somnoler et à déchiffrer les messages oniriques du papier peint à fleurs et petits personnages, de prés fauchés embaumant encore l'odeur du foin coupé où nous jouions avec mes frère et sœurs à nous laisser rouler le plus vite possible jusqu'en bas, dans le fossé. Le premier qui arrivait avait gagné. Quoi? Rien. Il avait gagné, c'est tout. Mais je vous parle là, Madame, d'un autre siècle.

2 commentaires:

Thom a dit…

Autre idée, trop tardive pour cet été mais peut-être utile à l'avenir: juste avant la fin de l'année scolaire, on peut déménager pendant que l'enfant est à l'école. Si on veut, on peut lui envoyer un petit mot, genre « Nous avons déménagé pendant que tu étais à l'école aujourd'hui. Ne nous cherche pas, c'est inutile. Bonne continuation ! »

Calyste a dit…

Excellente idée, Thom. Je la retiens pour l'année prochaine. Tu as raison: je m'y prendrai plus tôt! Mais juste un détail: il ne faudrait pas alors que l'enfant reste à l'école, hein!