J'habite au deuxième étage de mon immeuble, un appartement double, c'est-à-dire correspondant dans la plupart des autres étages à deux foyers. D'un côté, il donne sur une rue assez passante, ce qui force à laisser les fenêtres closes hormis pour aérer. De l'autre, il surplombe une cour tranquille en principe, sauf lorsqu'une horde de gamins vient s'y ébattre certains après-midi. Lorsque Pierre était là, j'avais ma chambre sur la rue, lui occupait ce qui chez les autres est une cuisine, sur la cour. Je me suis maintenant installé dans cette pièce, j'ai pu le faire, au bout d'un certain temps, en en changeant l'aménagement et la décoration.
Cette chambre, ainsi que la cuisine qui lui est symétrique, à l'opposé de l'appartement, ouvre par une porte-fenêtre sur un petit balcon toujours encombré de nombreux pots de fleurs sur plusieurs niveaux en été. Ainsi pour l'instant y a-t-il un laurier rose sauvé in-extremis d'une maladie et qui s'est épanoui cette année, un chèvrefeuille un peu rabougri, un abutilon à fleurs jaunes, un lierre, une rose trémière peu vivace cette saison, une campanule, une misère, plus deux ou trois autres plantes, grasses ou non.
Dans un de ces bacs, à la terre rapportée de Bons-en-Chablais, poussent chaque année quelques pieds de belles de nuit, reste d'une plantation que j'avais faite le long de la fenêtre à la campagne. J'en avais donné quelques graines l'an dernier à J. mais elles n'ont pas su s'adapter sur son propre balcon. Trop de soleil peut-être. Les miennes étaient plus belles mais loin de ce qu'elles donnaient à la campagne.
Il y a deux ou trois jours, au réveil, j'ai vu, en poussant les volets, une tache de couleur sur la droite de la cour, à l'endroit où l'un des anciens concierge avait aménagé un petit bout de jardin. Ce ne pouvait être l'hortensia que nous lui avions donné et qui, après une taille sauvage de ma part (un dimanche après-midi, pendant la sieste), donne aujourd'hui de belles boules roses. Non, les fleurs de la tache avaient l'air plus fines.
Une fois mes lunettes sur le nez, j'ai vu de quoi il s'agissait: des graines de mes belles de nuit avaient sans doute fait le grand saut de deux étages dans les années précédentes et étaient venues s'installer en pleine terre dans ce coin de jardin où elles ont prospéré. Magnifique, encore davantage le soir bien sûr. Je les ai encore regardées tout à l'heure, avant de commencer à écrire. J'attendrai la grande absence urbaine de mi-août pour en récupérer quelques-unes et leur faire regrimper les deux étages. Et l'an prochain, il y en aura de nouveau sur mon balcon!
dimanche 2 août 2009
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4 commentaires:
Ah les belles de nuit ! Moi aussi j'aime beaucoup ces fleurs qui ne s'ouvrent qu'à la fraicheur du soir.
J'en ai quelques-unes au jardin, rescapées des plants de l'an dernier. Hélas, les escargots ont mangé toutes les jeunes pousses sorties au printemps, alors il y en a peu cette année.
Quelle chance d'avoir un jardin!
@ La Discrète : les escargots, on les a avec de la bière dans une coupelle : si, si, c'est pas des blagues ! Ils aiment ça, ils en boivent, et ça les empoisonne. Un moyen radical, et écologique, pour s'en débarrasser autour des plans de fleurs que l'on veut protéger.
Quelle marque, la bière, Mimi Jajar?
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