jeudi 27 août 2009

Couscous royal

Hier, soirée avec Nicolas. Il est arrivé tout bronzé de ses vacances, les cheveux un peu plus longs que d'habitude, la barbe non taillée, l'air reposé et heureux. Bises sous le cheval puis recherche d'un restaurant.

Lors de ma virée de l'après-midi, j'en avais sélectionné quelques-uns dans le deuxième arrondissement mais c'est un autre que nous avons finalement choisi: un restaurant tunisien, rue des remparts d'Ainay. J'avais remarqué la maison il y a quelques mois en me baladant avec mon appareil photos. Il faut dire qu'elle peut difficilement passer inaperçue si l'on prête un minimum d'attention à ce qui nous entoure: c'est la seule bâtisse du XVII° dans le secteur. La patronne nous a précisé qu'elle datait (pas elle, la maison!) de 1640 et nous a montré à l'étage les marques des artisans sur les grosses poutres de la charpente.

Couscous royal pour tous les deux, copieux et délicieux, avec différentes sortes de viandes. J'aime ces moments d'amitié en tête à tête avec Nicolas. Nous avons beaucoup parlé, sans trop brusquer nos timidités, ou nos pudeurs, respectives: d'abord des vacances (nous n'étions pas très loin l'un de l'autre dans les Alpes), de nos lectures ensuite et je suis heureux qu'il ait aimé Malevil, de Robert Merle, que je lui avais conseillé, de nous enfin, longuement, en sirotant un thé à la menthe.

Je ne suis pas surpris mais ému de cette intimité grandissante. Comme il le dit lui-même, nous avons des histoires assez différentes et pourtant nous en arrivons à nous découvrir de nombreux points communs. Nous avons encore abordé le sujet, délicat pour lui comme pour moi, de la paternité, celui de notre positionnement face aux autres, à ce qu'ils pensent, à ce que nous pensons qu'ils pensent. J'aime cette façon progressive d'aborder les choses importantes à chacune de nos rencontres, comme si, auparavant, nous avions chaque fois besoin de nous réapprivoiser.

J'avais l'intention hier de faire un pas de plus et de lui préciser mon homosexualité. Je pensais qu'il avait deviné, surtout depuis que j'avais honnêtement évoqué mes trente-trois ans de vie commune avec Pierre en des termes qui excluaient la possibilité que nous n'ayons été que de simples colocataires. Il m'a devancé dans cette intention et cela s'est fait de façon très naturelle. Il avait effectivement compris la sorte d'amour qui nous unissait, Pierre et moi. Nous avons parlé un peu de sexualité et puis de tout autre chose, naturellement encore.

En rentrant, je lui ai montré la plaque de la rue d'Auvergne précisant que Charles Baudelaire avait vécu dans cette maison entre sa onzième et sa quinzième année. Il m'a déposé devant chez moi. Nous nous reverrons mardi, à la prérentrée, et au cours de bien d'autres soirées, je l'espère.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Ma foi, mon ami, le calme (ou plutôt la calme évidence) de cette soirée me fait encore du bien aujourd'hui...
Il nous en faudra d'autres...