(Écrit le mercredi 15 avril)
Kikou m'a appelé. Belle voix au téléphone. Elle va mieux. Momentanément. Je suis en Savoie, à la cure. Je n'étais pas revenu depuis la Toussaint. Chez E., rien ne change, jamais. Sauf que je ne touche plus à son jardin. Je n'en ai pas envie et je sens trop les gémissements de mes muscles. Je l'ai pris en photos, toutes ces fleurs dans la pelouse et sur les arbres, à la lumière rassurante de fin d'après-midi surtout.
Ce matin, les jardiniers municipaux sont passés. Plus de fleurs. Tout est coupé. Ces martiens en jaune et rouge ont fait leur travail. E. va revenir d'un enterrement et nous irons à Aix, au marché. Lorsque je suis ici, je n'ai plus envie de bouger. Je tombe chaque fois dans une espèce de torpeur qui m'ensommeille. Plongé dans un large fauteuil confortable, je lis et je somnole, fixant parfois en face la colline qui nous sépare du lac.
J. est en Allemagne. L'an dernier, j'étais du voyage. Je peux donc l'imaginer, lui et ses enfants, dans ce parc d'attractions qui, contre toute attente, m'avait tant plu. Même l'hôtel où il a passé la nuit, je le vois bien, cette reconstitution partielle mais pas ridicule du Colisée de Rome. Le temps devait être beau hier, comme ici. J'imagine sa joie à essayer la nouvelle attraction, encore plus impressionnante. Je suis sûr qu'il a levé les bras bien haut dans les descentes, en hurlant comme un gosse. J'avais réussi l'an dernier, à me décramponner du bord de la nacelle, à vaincre mon vertige, à le convertir en plaisir mêlé d'appréhension légère, mais où l'excitation l'emportait.
Les jardiniers sont partis. Je n'entends plus rien que les oiseaux. Hier soir, tout en lisant, j'ai suivi à la télévision un téléfilm d'Yves Boisset sur Roger Salengro, suffisamment bien ficelé, et admirablement bien joué, pour m'intéresser. Beaucoup de gens ignorent qui était Roger Salengro. Moi, je le sais depuis toujours car son nom est lié à mon enfance: c'était le nom de mon école primaire. Je n'ai jamais fait l'effort de lui donner un visage mais l'associer à celui de Bernard-Pierre Donnadieu ne me gêne pas. Ce qui m'a gêné en revanche, c'est l'alternance dans le film de la prononciation, tantôt "Salengro" comme je le dis moi-même, tantôt "Salingro". Pourquoi? Quelle est la bonne?
Je lis beaucoup ici, comme d'habitude, et vite: terminé un roman entamé à Lyon, lu un deuxième et largement attaqué un troisième. Lorsque E. m'a réveillé ce matin, à 9h, je dormais profondément, au milieu d'un rêve agréable en Provence. Il y a longtemps que je n'ai pas fait de cauchemars. Même pendant la "sonde", mes rêves étaient légers, parfois tendres et sensuels. Le trajet en voiture n'a pas perturbé Miss Prostate. J'en avais la crainte mais elle a bien supporté le voyage.
A relire ce billet, j'ai l'impression que parfois ce blog se transforme en journal intime. Pourquoi pas? Hier, dans la grande surface voisine, j'ai vu à la vente le neuvième tome de celui de Sevran. J'en ai lu la dernière page, ultime hommage rédigé par son ami Philippe Besson. Et c'est un roman de ce dernier, Un Homme accidentel, que j'ai acheté, pour voir, pour savoir si j'allais me réconcilier avec son écriture. Je suis en train de le lire. J'aurai sans doute terminé ce soir.
Le temps est plus couvert qu'hier. Je ne sais pas ce que nous ferons cet après-midi.
vendredi 17 avril 2009
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5 commentaires:
Pour moi, Roger Salengro, ça me rappelle toujours l'indignation de notre prof d'histoire-géo en terminale, qui nous racontait, scandalisé, qu'à l'époque on s'amusait à faire des contrepèteries sur son nom ! Après avoir compris, avec trente bonnes secondes de retard, ce que ça signifiait, j'avais éclaté de rire, et j'avais frisé l'exclusion.
Heureusement, j'avais su la défriser à temps, en étouffant tant bien que mal mon fou-rire....
Roger Salengro pour moi était une piscine, mais je ne sais plus où.
Tu as l'impression que ton blog se transforme en journal intime. Je ne comprends pas tout.
"L'homme accidentel", sans le détester en levant les bras (ouais, bon, j'ai soupiré tout au long), je n'ai pas compris l'intérêt du bouquin, sinon pour des ados homos en mal de fantasmes désuets (je suis vaguement dur, mais Besson n'aura jusqu'ici écrit qu'un bon succès : son premier).
Quant à la notion de journal intime, pour moi tu es en plein dedans depuis le commencement. Je ne comprends donc pas ta nuance.
Lancelot et Olivier: chacun des souvenirs différents, école, piscine, fou-rire. Etonnant comme un nom peut évoquer de multiples choses!
Pour "L'Homme accidentel", je prépare une fiche de lecture que je posterai sans tarder, Kab-Aod.
Pour le journal, j'essaie de me clarifier moi-même en ce moment. Ça n'apparaît pas forcément mais je nage un peu ces derniers temps.
J'ai la tête pleine de vague(s).
Olivier, tu sais que tu peux me joindre autrement, comme tous d'ailleurs, par mail (voir dans mon profil) et me poser des questions si tu le désires.
Dis-moi par exemple ce que tu ne comprends pas et, si je peux, je te l'expliquerai.
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