Je n'ai pas vu d'images. Je ne regarde plus la télévision. Je ne connais du désastre dans les Abruzzes que ce qu'en dit la radio. Le choc n'en est pas moins grand parce qu'il n'y a pas le spectacle des maisons détruites, des routes arrachées et l'errance des survivants effondrés dans cette vision d'apocalypse.
Je suis allé il y a très longtemps à L'Aquila. Si je me souviens bien, c'est une ville qui mérite son nom d'"Aigle" (en latin), perchée dans les montagnes qui sont la colonne vertébrale de l'Italie. Un tremblement de terre dans cette région ne pouvait être qu'impressionnant ( je redoute la catastrophe annoncée lors de la prochaine éruption, prévisible, du Vésuve) et meurtrier. Ce n'est pas une région que j'ai particulièrement visitée. Traversé plusieurs fois par autoroute pour aller plus bas, vers Rome ou Naples. Pourtant cette montagne des Abruzzes est liée pour moi à un de mes premiers souvenirs d'Italie.
Un ami prêtre, Laurent, faisait partie des guides d'une association de pèlerinages. Il avait pensé à moi pour le relayer parfois. Cela ne se fit jamais et je n'eus droit avec cet organisme qu'à un voyage d'initiation à cet emploi. Je ne regrette rien d'ailleurs car je trouvais ses responsables religieux un peu rétrogrades et j'avais été profondément choqué d'entendre, lors de ce voyage, un vieux chanoine expliquer, en commentant la visite du forum républicain, que les Romains avaient tracé leurs voies partout en Europe de l'ouest pour favoriser l'expansion du Christianisme. A l'époque, j'appelais ça du racolage, aujourd'hui je parlerais de bêtise.
Pendant ce séjour d'une semaine à Rome, à l'époque de Noël et du Jour de l'An, j'avais découvert la tradition du panettone et de l'Asti spumante et pu apercevoir, sur les escaliers de la Trinité des Monts, la crèche installée chaque année par les bergers des Abruzzes. Près de cette crèche, sur les marches, étaient assis un ou deux bergers musiciens qui jouaient, il me semble, de la flûte et d'une sorte de cornemuse. J'entendais aussi pour la première fois ce nom d'Abruzzes et je le trouvais beau, sauvage, rude et doux à la fois. J'eus par la suite l'occasion de constater qu'il collait parfaitement aux paysages qu'il représentait.
On a aujourd'hui célébré une messe exceptionnelle le Vendredi Saint pour les funérailles des centaines de victimes du tremblement de terre. Autrefois on a dit que le Christ s'était arrêté à Eboli, un peu plus bas, en Campanie. Je suis sûr qu'aujourd'hui, il était là, à L'Aquila, au milieu des ruines, dans la prière.
vendredi 10 avril 2009
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2 commentaires:
Berlusconi aurait lire ton dernier paragraphe et s'en inspirer avant de lancer son hommage personnel aux victimes, sous forme de plaisanterie de café de la gare.
"Les Romains cherchant à tracer leurs voiES (et non leurs voix, quel joli lapsus écrit... :-)) partout en Europe de l'ouest pour favoriser l'expansion du Christianisme" : OUARRRFFF ! Celle-là, même Berlusco ne l'aurait pas osée
A l'époque, on n'en avait jamais entendu parlé, du brave homme!
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