Quand les vivants se font rares, les morts viennent tenir compagnie. Gentiment, sans reproches, n'insistant pas si on les repousse, réchauffant pour peu qu'on les accepte. Le silence les aide à parler, comme les oiseaux. Ou bien parlent-ils toujours et ne les entend-on pas, comme les oiseaux ? Cette nuit, mon père était là, dans mon rêve et c'est à Ernst Wiechert que je le dois, je le sais.
Mais c'est aussi à mes amis disparus que je pense entre deux pages. Chacun m'a laissé quelque chose. A Pierre, j'ai déjà dit merci, sur son lit de mort. Ce fut mon dernier mot pour lui. A-t-il pu l'entendre d'où il était parti ? Mais les autres, souvent morts loin de moi, je n'ai jamais eu l'occasion de les remercier. Aujourd'hui, je le fait. Merci à :
- André, le pied-noir, pour le goût de la mauresque et l'amour, une nuit d'été, sur un balcon.
- Amédé, l'avignonnais, pour le mastic à mes fenêtres et la découverte de la tapenade. Et pour tant d'autres choses.
- Paul, le parisien, pour les belles nuits d'Uzès, promenade Jean Racine, et son portrait dans ma chambre.
- François, l'ajaccien, pour les baignades nus dans la crique isolée et pour la joie de vivre.
- Yvon, mon autre frère, pour mon enfance et mes premières années d'homme.
- Maurice, le savoyard, pour les fruits de mer et les surprises du matin.
- Jean-Luc, le bressan, pour la statue en bois sur ma bibliothèque et sa fin de vie rassérénée d'avoir retrouvé son père.
- François, le CRS, pour sa voix au téléphone qui me tint sous le charme pendant plus de quatre heures.
- François, le jésuite, pour mon premier appartement avec Pierre et pour mon travail.
- Michel, le provençal, pour les apéritifs enfumés et le rire ensoleillé malgré les yeux tristes.
- au brésilien dont je n'ai pas retenu le nom pour la carte à sa mère dans un livre de Bernanos acheté par hasard.
Merci à tous de votre visite.
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4 commentaires:
J'ai appris qui était Ernst Wiechert.
Je suis sûr que eux te disent au moins autant merci aussi, où qu'ils soient.
pas une femme?
Frères humains ... !
Cornus : pour Wiechert, j'ai lu les deux-tiers de son pavé. Tu ne vas pas tarder à en entendre encore parler.
Peut-être as-tu raison pour les mercis mais ce qui compte, c'est que moi je le fasse.
Karagar : non, aucune aussi proche.*
Chroum : poème admirable, bien placé dans mes favoris (et je ne suis guère fan de poésie écrite).
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