mercredi 27 février 2013
Courage, fuyons
Je suis un vieux cheval récalcitrant, je piaffe et me cabre devant l'obstacle à franchir. J'ai ouvert ce matin les dossiers qu'il me faut remplir pour accéder à ce qu'ils appellent mes droits à la retraite et déjà, le courage m'abandonne devant toute cette paperasse, ces justificatifs à fournir, les centaines de fois où il faut que je redonne mon nom, mes prénoms, adresse, date de naissance et tutti quanti, comme si j'étais hier sorti de la jungle la plus épaisse ! Et, bien sûr, tout ce qui est demandé est clair comme du jus de chique ! Allez, j'y retourne. Peut-être faudra-t-il que l'on me bande les yeux !
Petit Déjeuner chez Tiffany
De Truman Capote, j'avais lu, il y a bien longtemps, son roman De sang-froid qui m'avait fasciné autant par son contenu que par la manière, "neutre", documentaire, dont il était écrit.
Folio a publié un recueil de nouvelles du même auteur portant le titre de la plus longue et de la plus célèbre: Petit Déjeuner chez Tiffany. Et pourtant, ce n'est pas celle que je préfère, gêné sans doute par l'image omniprésente dans mon esprit de son adaptation cinématographique par Blake Edwards et de sa sublime actrice, Audrey Hepburn.
En revanche, les trois autres nouvelles qui complètent le recueil, La maison de fleurs, La Guitare de diamants et Un Souvenir de Noël sont extraordinaires de délicatesse et de poésie. L'humanité qui s'en dégage est époustouflante et en contraste absolu avec De Sang-froid. Il faut décidément être un très grand écrivain pour avoir tant de cordes à son arc.
( Truman Capote, Petit Déjeuner chez Tiffany. Ed. Gallimard. Trad. de Germaine Beaumont.)
Folio a publié un recueil de nouvelles du même auteur portant le titre de la plus longue et de la plus célèbre: Petit Déjeuner chez Tiffany. Et pourtant, ce n'est pas celle que je préfère, gêné sans doute par l'image omniprésente dans mon esprit de son adaptation cinématographique par Blake Edwards et de sa sublime actrice, Audrey Hepburn.
En revanche, les trois autres nouvelles qui complètent le recueil, La maison de fleurs, La Guitare de diamants et Un Souvenir de Noël sont extraordinaires de délicatesse et de poésie. L'humanité qui s'en dégage est époustouflante et en contraste absolu avec De Sang-froid. Il faut décidément être un très grand écrivain pour avoir tant de cordes à son arc.
( Truman Capote, Petit Déjeuner chez Tiffany. Ed. Gallimard. Trad. de Germaine Beaumont.)
mardi 26 février 2013
Une journée avec ma cousine
Et dire que j'ai failli l'oublier. En feuilletant mon agenda, juste comme ça, puisque je suis en vacances, je vois, à la date d'aujourd'hui: rendez-vous chez le notaire. Ce qui attend d'être réglé depuis trois ans (la vente à la mairie d'un petit bout de pré, hérité de ma grand-mère, et même pas constructible), c'était aujourd'hui, et j'étais prêt à poser un lapin à tout le monde!
Dimanche, la neige est tombée ici, et deux centimètres à Lyon, ça veut dire plus de dix à Saint-Étienne! J'étais disposé à prendre le train, avec plaisir même puisque le voyage m'aurait rappelé ceux que je faisais quand j'étais étudiant, dans la micheline rouge et jaune, une comme celle dont parle Patrick Drevet dans un de ses romans. Mais ma cousine, sur place, m'a rassuré: toutes les routes étaient bien dégagées. Rendez-vous chez elle en fin de matinée.
Après l'autoroute, j'ai repris la vieille route tout en lacets, au paysage si beau et sauvage qu'on en oublie qu'elle s'enfonce dans le bassin minier que l'on ne découvre qu'au sommet. De l'autre côté de la vallée, le massif du Pilat resplendissait sous la neige fraîchement tombée. Dans un virage, j'ai reconnu l'endroit où, lorsque, étudiant, j'essayais de gagner quelques sous pour payer mes études en travaillant aux Antiquités Historiques, j'avais enquêté pour retrouver l'emplacement d'une des sources où une partie de l'eau de l'aqueduc du Gier était captée. Plus loin, la boutique du coiffeur (il s'appelait Benite) où ma mère nous envoyait pour des coupes au bol a été démolie et remplacée par une station essence. En pénétrant dans le village, une grande salle omnisports, très laide, mais plus loin, le parc est toujours là, avec ses vieux arbres recouverts de blanc aujourd'hui.
Ma cousine, je la connais peu: son père et le mien (P2) ont été fâchés pendant plus de vingt ans et il a fallu attendre la disparition de leur mère pour qu'ils se réconcilient. Et, pendant tout ce temps, nous ne nous sommes pas vus. Nous étions enfants, nous avons renoués les liens adultes. Lors de la mort de sa mère à elle, j'avais été estomaqué par sa ressemblance avec ma grand-mère, non seulement le physique mais aussi le rire très particulier et la façon de parler. Je le lui avais dit, ce qui l'avait touchée.
Elle vit seule maintenant: des enfants grands et un mari parti après un divorce. Nous devions manger dans un petit restaurant de son village, mais impossible de se garer: jour de marché ! Donc pizza commandée et salade. C'est la première fois que nous nous retrouvions seuls tous les deux. J'avais peur que ça ne colle pas, que nous soyons l'un et l'autre gênés par un si long silence. Et puis, tout a été fluide, ça collait! Même très bien. Nous avons bien ri lorsque nous avons découvert par exemple qu'il nous était pratiquement impossible de rouler en voiture toutes vitres fermées, même en hiver et au risque de passer pour des fous.
Nous étions en avance. Petit tour dans le centre de Saint-Étienne en attendant l'heure du rendez-vous: place de l'Hôtel de ville et place Marengo où se trouvent la préfecture, un petit kiosque à musique façon Peynet, l'église où j'ai fait ma communion et un cinéma encore en place que j'ai beaucoup fréquenté lorsque j'avais dix-huit ans, juste avant de venir à Lyon. De nouveaux trams aussi, mais plus de trolleys place Dorian qui, autrefois, était leur terminus.
Après la signature de l'acte de vente (ouf, c'est fait!), nous sommes passés par des lieux perdus où j'ai usé mes fonds de culottes et mes semelles dans mon enfance. Ici, habitait l'oncle Honoré, un oncle de mon grand-père, que la maladie avait cloué dans un fauteuil roulant mais qui a survécu même à son petit neveu, mon père, et que j'ai connu. A côté, la Gladys, qui aimait tant boire son petit coup, et même son grand. Le parc du château où j'avais fait ma retraite de communion et son portail devant lequel j'avais appris, le soir, que je redoublais ma classe (cinquième ou quatrième ?). L'emplacement de la mine, dont il ne reste plus rien du tout, à un point tel que je ne reconnaissais pas l'endroit. La propriété des médecins des houillères, grande bâtisse bourgeoise qui contraste tant avec la pauvreté des maisons avoisinantes, en fond d'écran le terril et puis le village, la maison d'Yvon et les bois.... Tout un monde que je retrouvais aujourd'hui en essayant d'imaginer à quoi je ressemblais à l'époque.
Nous nous somme quittés tard. Le vente de ce terrain aurait pu marquer la fin polie d'une relation qui n'a jamais vraiment été familiale. Je crois plutôt que cela marque le début d'autre chose.
Dimanche, la neige est tombée ici, et deux centimètres à Lyon, ça veut dire plus de dix à Saint-Étienne! J'étais disposé à prendre le train, avec plaisir même puisque le voyage m'aurait rappelé ceux que je faisais quand j'étais étudiant, dans la micheline rouge et jaune, une comme celle dont parle Patrick Drevet dans un de ses romans. Mais ma cousine, sur place, m'a rassuré: toutes les routes étaient bien dégagées. Rendez-vous chez elle en fin de matinée.
Après l'autoroute, j'ai repris la vieille route tout en lacets, au paysage si beau et sauvage qu'on en oublie qu'elle s'enfonce dans le bassin minier que l'on ne découvre qu'au sommet. De l'autre côté de la vallée, le massif du Pilat resplendissait sous la neige fraîchement tombée. Dans un virage, j'ai reconnu l'endroit où, lorsque, étudiant, j'essayais de gagner quelques sous pour payer mes études en travaillant aux Antiquités Historiques, j'avais enquêté pour retrouver l'emplacement d'une des sources où une partie de l'eau de l'aqueduc du Gier était captée. Plus loin, la boutique du coiffeur (il s'appelait Benite) où ma mère nous envoyait pour des coupes au bol a été démolie et remplacée par une station essence. En pénétrant dans le village, une grande salle omnisports, très laide, mais plus loin, le parc est toujours là, avec ses vieux arbres recouverts de blanc aujourd'hui.
Ma cousine, je la connais peu: son père et le mien (P2) ont été fâchés pendant plus de vingt ans et il a fallu attendre la disparition de leur mère pour qu'ils se réconcilient. Et, pendant tout ce temps, nous ne nous sommes pas vus. Nous étions enfants, nous avons renoués les liens adultes. Lors de la mort de sa mère à elle, j'avais été estomaqué par sa ressemblance avec ma grand-mère, non seulement le physique mais aussi le rire très particulier et la façon de parler. Je le lui avais dit, ce qui l'avait touchée.
Elle vit seule maintenant: des enfants grands et un mari parti après un divorce. Nous devions manger dans un petit restaurant de son village, mais impossible de se garer: jour de marché ! Donc pizza commandée et salade. C'est la première fois que nous nous retrouvions seuls tous les deux. J'avais peur que ça ne colle pas, que nous soyons l'un et l'autre gênés par un si long silence. Et puis, tout a été fluide, ça collait! Même très bien. Nous avons bien ri lorsque nous avons découvert par exemple qu'il nous était pratiquement impossible de rouler en voiture toutes vitres fermées, même en hiver et au risque de passer pour des fous.
Nous étions en avance. Petit tour dans le centre de Saint-Étienne en attendant l'heure du rendez-vous: place de l'Hôtel de ville et place Marengo où se trouvent la préfecture, un petit kiosque à musique façon Peynet, l'église où j'ai fait ma communion et un cinéma encore en place que j'ai beaucoup fréquenté lorsque j'avais dix-huit ans, juste avant de venir à Lyon. De nouveaux trams aussi, mais plus de trolleys place Dorian qui, autrefois, était leur terminus.
Après la signature de l'acte de vente (ouf, c'est fait!), nous sommes passés par des lieux perdus où j'ai usé mes fonds de culottes et mes semelles dans mon enfance. Ici, habitait l'oncle Honoré, un oncle de mon grand-père, que la maladie avait cloué dans un fauteuil roulant mais qui a survécu même à son petit neveu, mon père, et que j'ai connu. A côté, la Gladys, qui aimait tant boire son petit coup, et même son grand. Le parc du château où j'avais fait ma retraite de communion et son portail devant lequel j'avais appris, le soir, que je redoublais ma classe (cinquième ou quatrième ?). L'emplacement de la mine, dont il ne reste plus rien du tout, à un point tel que je ne reconnaissais pas l'endroit. La propriété des médecins des houillères, grande bâtisse bourgeoise qui contraste tant avec la pauvreté des maisons avoisinantes, en fond d'écran le terril et puis le village, la maison d'Yvon et les bois.... Tout un monde que je retrouvais aujourd'hui en essayant d'imaginer à quoi je ressemblais à l'époque.
Nous nous somme quittés tard. Le vente de ce terrain aurait pu marquer la fin polie d'une relation qui n'a jamais vraiment été familiale. Je crois plutôt que cela marque le début d'autre chose.
lundi 25 février 2013
Y croire
Des nuits qui sont de vraies nuits. Se réveiller reposé en oubliant ce que l'on vient de rêver. Juste un instant de doute, à imaginer ce que l'on a bien pu oublier. Mais non, rien, c'est vacances. S'entraîner dans la matinée à ne pas être pressé, à inventer ce que l'on va pouvoir faire ou ne pas faire. Feuilleter un magazine, trouver les mots croisés décidément trop faciles. Entendre au-dessus les déjà retraités s'activer comme si 24 heures ne leur suffisaient pas. Voir venir midi et se dire qu'il faudrait bien manger un peu. Replonger dans la sieste en suivant Audrey Hepburn entre les pages d'un livre que l'on tient encore en main en se réveillant. Et puis laisser couler l'après-midi. S'occuper à un petit truc, histoire de ne pas avoir mauvaise conscience. Tiens, il fait nuit, il neige mais tu n'as pas à sortir. Te dire que ton appartement est décidément bien beau maintenant et que tu as de la chance. Y croire, surtout, y croire.
dimanche 24 février 2013
Jeux solitaires
Tous les enfants aiment la neige, bien sûr. Moi, je lui préférais la glace. Si j'aimais voir tomber les flocons et entendre le bruit de son tassement sous mes pas ainsi que le silence qui accompagne sa chute, je n'aimais pas les jeux de boules, que je trouvais trop violents, ni l'humidité qu'elle apporte avec elle et qui me transperçait
La glace, je pouvais davantage l'aimer en solitaire. Il fallait la chercher, au bord du ruisseau quand elle bordait le filet encore courant d'une dentelle que venaient transpercer quelques brins d'herbe un peu plus coriaces, sur le chemin, dans un creux entre deux cailloux ou tout autour de la mare dont les grenouilles avaient disparu.
Au ruisseau, je la cassais et je la léchais comme une friandise, la sentant fondre sur ma langue et dans ma gorge. Au chemin, j'avais deux plaisirs: celui de glisser sur sa surface lisse en prenant un peu d'élan, et celui d'appuyer du pied jusqu'à ce qu'elle se craquelle et cède sous le poids de mon talon. Dessous, l'argile paraissait plus claire. A la mare, le danger m'attirait: le jeu, c'était d'avancer petit à petit, de la sentir s'enfoncer peu à peu sans lâcher et puis de revenir bien vite au bord avant qu'elle ne cède. Beaucoup plus tard, mon chien inventa le même plaisir.
Il y avait les stalactites aussi, autant de sucres d'orge et les irisations du soleil quand ils fondaient. La dernière fois que j'en ai arraché un, c'était à Saint-Étienne. Je devais avoir dix-huit ans, il était énorme, et par provocation, j'avais traversé toute la place de l'Hôtel de Ville avec ma massue sur l'épaule. Peine perdue: personne n'avais remarqué quoi que ce soit.
La glace, je pouvais davantage l'aimer en solitaire. Il fallait la chercher, au bord du ruisseau quand elle bordait le filet encore courant d'une dentelle que venaient transpercer quelques brins d'herbe un peu plus coriaces, sur le chemin, dans un creux entre deux cailloux ou tout autour de la mare dont les grenouilles avaient disparu.
Au ruisseau, je la cassais et je la léchais comme une friandise, la sentant fondre sur ma langue et dans ma gorge. Au chemin, j'avais deux plaisirs: celui de glisser sur sa surface lisse en prenant un peu d'élan, et celui d'appuyer du pied jusqu'à ce qu'elle se craquelle et cède sous le poids de mon talon. Dessous, l'argile paraissait plus claire. A la mare, le danger m'attirait: le jeu, c'était d'avancer petit à petit, de la sentir s'enfoncer peu à peu sans lâcher et puis de revenir bien vite au bord avant qu'elle ne cède. Beaucoup plus tard, mon chien inventa le même plaisir.
Il y avait les stalactites aussi, autant de sucres d'orge et les irisations du soleil quand ils fondaient. La dernière fois que j'en ai arraché un, c'était à Saint-Étienne. Je devais avoir dix-huit ans, il était énorme, et par provocation, j'avais traversé toute la place de l'Hôtel de Ville avec ma massue sur l'épaule. Peine perdue: personne n'avais remarqué quoi que ce soit.
samedi 23 février 2013
Mascarade
La yankee (c'est le nouveau nom que je donne à ma directrice) est parvenue à ses fins: enterrée l'expérience pédagogique que nous menions au collège depuis 7 ans. J'aurais même cru que ça aurait été chose faite dès l'an dernier. Apparemment, elle a voulu y mettre quelques formes. Raté!
Nous avons eu hier une journée pédagogique abominable, d'une nullité comme j'en ai rarement vu! Nous avons vraiment touché le fond en matière de connerie ! Je m'étais promis de me taire, parce que, après tout, tout cela ne me concerne plus guère, mais je n'ai pas pu. Après avoir essayé de somnoler les yeux ouverts pendant les 3/4 de la journée, lorsqu'enfin le sujet qu'elle tentait de repousser le plus possible est arrivé sur le tapis, je n'ai plus pu me contenir et ai piqué une bonne grosse colère. Colère devant son procédé malhonnête de faire intervenir une autre personne pour nous l'annoncer (le courage n'est pas toujours son fort!), colère devant le dénigrement de ce qui s'était fait jusque là, perceptible derrière ses propos, même si elle s'en est défendue, colère de voir ainsi démoli en quelques secondes ce qui me tenait tant à cœur. Elle a essayé de me contrer avec des assertions toutes aussi fausses les unes que les autres, mais n'y est pas parvenue, d'autant plus qu'une autre ancienne collègue a pris le relais, de manière plus paisible que la mienne mais non moins mordante.
En sortant du collège, j'en avais les larmes aux yeux devant tant d'imbécillité. Ce que je pensais se confirme: dans quelques années, le collège n'existera plus. Je me demande d'ailleurs si elle n'a pas été nommée pour accomplir ces basses œuvres de sape.
Bien sûr, elle propose de mettre en place un autre projet qui, lorsque nous lui avons posé la question, s'est avéré être une bulle totalement vide. Et dire qu'on nous avait fait perdre la matinée à envisager les moyens pour d'avantage responsabiliser les élèves, pour mieux les impliquer dans la vie du collège. Elle ferait mieux d'accorder plus de responsabilité et de confiance à son équipe enseignante.
Alors, il faudra se contenter de ces jours en anglais (passés d'hebdomadaires à mensuels, voire trimestriels; je n'ai pas très bien écouté) avec "dress code" (elle se gargarise de formules anglo-saxonnes) et "flashmob" tout droit venu d'outre-Atlantique. Vous ne savez pas ce que c'est ? Moi non plus jusqu'à hier. Deux exemples tirés d'un site dont l'adresse m'a été donnée par cette autre collègue écœurée:
-Canada : "une quarantaine de personnes se sont réunies entre 13h19 et 13h22 sur l'esplanade de la Place-des-Arts en criant «Coin! Coin!» et ont jeté dans le bassin plus de 200 canards en plastique jaune avant de se disperser subitement"
-Etats-unis : "A Manhattan en juillet, les "flash mobbers" ont applaudi en pleine nuit pendant quinze secondes dans le hall du Grand Hotel Hyatt ; à Central Park, ils ont imité des cris d'animaux près du musée d'histoire naturelle."
Intéressant, non, comme initiative pédagogique ? Il y a aussi l'idée de fêter le mardi gras avec déguisements pour tous. Désolé, Madame, je suis très peu habile à imiter les cris d'animaux, certains élèves s'en chargent beaucoup mieux pendant les cours de quelques collègues dépassés. Quant à me déguiser, je n'ai jamais su le faire, ni dans ma tenue, ni dans mes pensées. D'ailleurs, à quoi bon ? Votre façon de diriger ce collège est déjà une mascarade en soi.
Nous avons eu hier une journée pédagogique abominable, d'une nullité comme j'en ai rarement vu! Nous avons vraiment touché le fond en matière de connerie ! Je m'étais promis de me taire, parce que, après tout, tout cela ne me concerne plus guère, mais je n'ai pas pu. Après avoir essayé de somnoler les yeux ouverts pendant les 3/4 de la journée, lorsqu'enfin le sujet qu'elle tentait de repousser le plus possible est arrivé sur le tapis, je n'ai plus pu me contenir et ai piqué une bonne grosse colère. Colère devant son procédé malhonnête de faire intervenir une autre personne pour nous l'annoncer (le courage n'est pas toujours son fort!), colère devant le dénigrement de ce qui s'était fait jusque là, perceptible derrière ses propos, même si elle s'en est défendue, colère de voir ainsi démoli en quelques secondes ce qui me tenait tant à cœur. Elle a essayé de me contrer avec des assertions toutes aussi fausses les unes que les autres, mais n'y est pas parvenue, d'autant plus qu'une autre ancienne collègue a pris le relais, de manière plus paisible que la mienne mais non moins mordante.
En sortant du collège, j'en avais les larmes aux yeux devant tant d'imbécillité. Ce que je pensais se confirme: dans quelques années, le collège n'existera plus. Je me demande d'ailleurs si elle n'a pas été nommée pour accomplir ces basses œuvres de sape.
Bien sûr, elle propose de mettre en place un autre projet qui, lorsque nous lui avons posé la question, s'est avéré être une bulle totalement vide. Et dire qu'on nous avait fait perdre la matinée à envisager les moyens pour d'avantage responsabiliser les élèves, pour mieux les impliquer dans la vie du collège. Elle ferait mieux d'accorder plus de responsabilité et de confiance à son équipe enseignante.
Alors, il faudra se contenter de ces jours en anglais (passés d'hebdomadaires à mensuels, voire trimestriels; je n'ai pas très bien écouté) avec "dress code" (elle se gargarise de formules anglo-saxonnes) et "flashmob" tout droit venu d'outre-Atlantique. Vous ne savez pas ce que c'est ? Moi non plus jusqu'à hier. Deux exemples tirés d'un site dont l'adresse m'a été donnée par cette autre collègue écœurée:
-Canada : "une quarantaine de personnes se sont réunies entre 13h19 et 13h22 sur l'esplanade de la Place-des-Arts en criant «Coin! Coin!» et ont jeté dans le bassin plus de 200 canards en plastique jaune avant de se disperser subitement"
-Etats-unis : "A Manhattan en juillet, les "flash mobbers" ont applaudi en pleine nuit pendant quinze secondes dans le hall du Grand Hotel Hyatt ; à Central Park, ils ont imité des cris d'animaux près du musée d'histoire naturelle."
Intéressant, non, comme initiative pédagogique ? Il y a aussi l'idée de fêter le mardi gras avec déguisements pour tous. Désolé, Madame, je suis très peu habile à imiter les cris d'animaux, certains élèves s'en chargent beaucoup mieux pendant les cours de quelques collègues dépassés. Quant à me déguiser, je n'ai jamais su le faire, ni dans ma tenue, ni dans mes pensées. D'ailleurs, à quoi bon ? Votre façon de diriger ce collège est déjà une mascarade en soi.
jeudi 21 février 2013
Fils
Je croyais savoir beaucoup de choses sur Winckelmann, l'archéologue allemand du XVIII° siècle qui participa aux fouilles d'Herculanum et de Pompéi et est aujourd'hui considéré comme le père de cette science.
Eh bien, grâce à une émission de la 5, je viens d'en apprendre encore, en particulier sur sa mort: il a été assassiné, ce que j'ignorais, dans une auberge à Trieste par son voisin de chambre, un repris de justice, en 1768. Certains prétendent qu'il pourrait s'agir d'un crime homosexuel. En cherchant sur Wikip, je découvre qu'il était né à Stendal ( Saxe-Anhalt ), en 1717.
Étranges coïncidences! Je viens de lire un roman sur le dernier voyage de Caravage, mort lui aussi bien piètrement et, si j'ose dire, d'une manière indigne de son génie, après une vie sexuelle plus qu'aventureuse. Quant à Stendal, la ville allemande, elle aurait été traversée par Henri Beyle lors de la bataille de Wagram et le grenoblois lui aurait emprunté son nom d'auteur en hommage à la victoire napoléonienne. Or, l'émission précédente de la 5, La Grande Librairie, était en partie consacrée à l'auteur de La Chartreuse de Parme.
J'aime bien quand tous ces fils que l'on suit se croisent.
Eh bien, grâce à une émission de la 5, je viens d'en apprendre encore, en particulier sur sa mort: il a été assassiné, ce que j'ignorais, dans une auberge à Trieste par son voisin de chambre, un repris de justice, en 1768. Certains prétendent qu'il pourrait s'agir d'un crime homosexuel. En cherchant sur Wikip, je découvre qu'il était né à Stendal ( Saxe-Anhalt ), en 1717.
Étranges coïncidences! Je viens de lire un roman sur le dernier voyage de Caravage, mort lui aussi bien piètrement et, si j'ose dire, d'une manière indigne de son génie, après une vie sexuelle plus qu'aventureuse. Quant à Stendal, la ville allemande, elle aurait été traversée par Henri Beyle lors de la bataille de Wagram et le grenoblois lui aurait emprunté son nom d'auteur en hommage à la victoire napoléonienne. Or, l'émission précédente de la 5, La Grande Librairie, était en partie consacrée à l'auteur de La Chartreuse de Parme.
J'aime bien quand tous ces fils que l'on suit se croisent.
mercredi 20 février 2013
Et un peu de musique, ça vous dirait ? (126)
Charles Trenet, De la fenêtre d'en haut.
Hier, c'était l'anniversaire de sa mort. Cette année sera celui de sa naissance: il aurait eu 100 ans, le fou chantant!
Hier, c'était l'anniversaire de sa mort. Cette année sera celui de sa naissance: il aurait eu 100 ans, le fou chantant!
La Couleur du soleil
J'en connais un qui va dire que je lis plus vite que mon ombre! Il est vrai que, ces derniers temps, les livres se succèdent prestement sur ma table de chevet. Mais qui puis-je ? Quand ça me plaît, ça va vite. Il n'y a que madame de Grignan qui est un peu restée en rade sur la commode.
Andrea Camilleri: vous en ai-je déjà parlé ? Il me semble bien. Cette fois-ci, rien à voir avec son commissaire Montalbano. Camilleri excelle aussi dans d'autres genres que le polar. Celui-ci, La Couleur du soleil, est plutôt dans la veine historique de cet auteur. Ou, pour mieux dire ici, pseudo-historique. Voilà: mon sicilien préféré aurait un jour été contacté par un mystérieux inconnu qui avait en sa possession (comment ? Mystère, tout de même. On ne se refait pas!) les mémoires d'un grand peintre italien du XVI° siècle. Après les avoir lus, il nous en donne quelques extraits concernant le dernier voyage de cet artiste à la vie aventureuse. Son nom : Le Caravage !
Alors, je ne pouvais pas manquer ça: Camilleri et le Caravage réunis dans un seul bouquin, avec, en prime, quelques reproductions de tableaux en pages centrales ! Et puis j'aime ces romans où l'on nous mène en bateau (c'est le cas de le dire!), où l'on découvre des manuscrits dans un vieux grenier: ça me rappelle mon enfance! Alors, vous l'aurez deviné: encore un grand moment de plaisir.
( Andrea Camilleri, La Couleur du soleil. Ed. Fayard. Trad de Dominique Vittoz.)
Andrea Camilleri: vous en ai-je déjà parlé ? Il me semble bien. Cette fois-ci, rien à voir avec son commissaire Montalbano. Camilleri excelle aussi dans d'autres genres que le polar. Celui-ci, La Couleur du soleil, est plutôt dans la veine historique de cet auteur. Ou, pour mieux dire ici, pseudo-historique. Voilà: mon sicilien préféré aurait un jour été contacté par un mystérieux inconnu qui avait en sa possession (comment ? Mystère, tout de même. On ne se refait pas!) les mémoires d'un grand peintre italien du XVI° siècle. Après les avoir lus, il nous en donne quelques extraits concernant le dernier voyage de cet artiste à la vie aventureuse. Son nom : Le Caravage !
Alors, je ne pouvais pas manquer ça: Camilleri et le Caravage réunis dans un seul bouquin, avec, en prime, quelques reproductions de tableaux en pages centrales ! Et puis j'aime ces romans où l'on nous mène en bateau (c'est le cas de le dire!), où l'on découvre des manuscrits dans un vieux grenier: ça me rappelle mon enfance! Alors, vous l'aurez deviné: encore un grand moment de plaisir.
( Andrea Camilleri, La Couleur du soleil. Ed. Fayard. Trad de Dominique Vittoz.)
mardi 19 février 2013
L'Âge d'or
Sur la première de couverture, une aquarelle naïve représentant un jeune homme sur fond de mer et de sable où repose un coquillage. Sur la page de garde, un message, écrit au crayon à papier, à moi adressé pour me remercier d'un travail que je n'ai pas encore fait. Après, une note publiée par Albert camus dans un bulletin de la NRF, d'une beauté qui annonce la suite: " (...) Le mot pureté est un mot dont il convient de se méfier (presque autant que du mot humanisme). Mais, allié à celui de plaisir, on peut encore en faire usage. Il est donc permis de dire que L'Âge d'or est un livre pur qu'on ne voudrait mettre qu'entre des mains nettes. (...)"
Et puis le roman de Pierre Herbart, L'Âge d'or. Je l'ai lu très vite, conquis dès les premières pages, dès les premières lignes: "A seize ans, j'aimais les filles. Comme j'étais beau, elles me le rendaient bien. Cela dura jusqu'au jour où je m'aperçus que leur plaisir ne ressemblait pas au mien."Un livre tragique et lumineux à la fois, évoquant des amours entre garçons, des Amours plutôt, que l'on dévore une première fois pour voir comment l'écrivain va s'en sortir, comment il va tenir la pudeur et la joie, l'amour de la vie.
Et puis un livre que je veux relire, doucement, au plaisir de chaque mot, comme on suce un bonbon sans se presser de le croquer. Merci, Christophe, de me l'avoir fait connaître.
( Pierre Herbart, L'Âge d'or. Ed. Le Promeneur)
Et puis le roman de Pierre Herbart, L'Âge d'or. Je l'ai lu très vite, conquis dès les premières pages, dès les premières lignes: "A seize ans, j'aimais les filles. Comme j'étais beau, elles me le rendaient bien. Cela dura jusqu'au jour où je m'aperçus que leur plaisir ne ressemblait pas au mien."Un livre tragique et lumineux à la fois, évoquant des amours entre garçons, des Amours plutôt, que l'on dévore une première fois pour voir comment l'écrivain va s'en sortir, comment il va tenir la pudeur et la joie, l'amour de la vie.
Et puis un livre que je veux relire, doucement, au plaisir de chaque mot, comme on suce un bonbon sans se presser de le croquer. Merci, Christophe, de me l'avoir fait connaître.
( Pierre Herbart, L'Âge d'or. Ed. Le Promeneur)
lundi 18 février 2013
dimanche 17 février 2013
En écho
Pour faire écho à Cornus et à une émission entendue ces jours-ci sur France-Inter, il faut que je décharge un peu de ma bile. Les journalistes font de plus en plus souvent une faute de français qui m'exaspère. En parlant de je ne sais plus quel personnage, l'un d'entre eux a dit, tout fier de lui: "Il est arrivé dans sa voiture flambante neuve." Sauf que flambant, dans cet emploi, est invariable. On peut dire, à la limite, "flambant neuve" mais je lui préfère, quant à moi "flambant neuf", même après un nom féminin.
Toujours en parlant d'écho, voici que depuis plusieurs jours, France-Inter se met furieusement à en produire. Ainsi, j'ai pu entendre: "Le propriétaire qui qui veut vendre son bien" ou "La la saison est bien engagée", ... C'est quoi, ça ? La question que je me pose, c'est de savoir si cela vient de la station elle-même ou de la radio dans ma voiture, puisque ce phénomène, jusqu'à présent, ne s'est produit que pendant que je roulais.
Toujours en parlant d'écho, voici que depuis plusieurs jours, France-Inter se met furieusement à en produire. Ainsi, j'ai pu entendre: "Le propriétaire qui qui veut vendre son bien" ou "La la saison est bien engagée", ... C'est quoi, ça ? La question que je me pose, c'est de savoir si cela vient de la station elle-même ou de la radio dans ma voiture, puisque ce phénomène, jusqu'à présent, ne s'est produit que pendant que je roulais.
Ils sont venus
Ils sont venus, ils étaient tous là, mais pas pour voir mourir la mamma: pour permettre aux deux vieilles belles-sœurs de se revoir, comme chaque année une fois. Il y avait là deux amis de ma mère, ma cousine et son mec (qui se trouve être le gendre des amis de ma mère, et que je supporte mal), ma tante et, surprise, mon cousin, que je n'avais pas revu depuis la mort de mon père et sa nouvelle compagne, une kabyle splendide et souriante. Avec sous le bras, un énorme plat de bugnes et des fleurs pour ma mère.
Ma tante m'a fait asseoir à côté d'elle, parce que je suis son "gâté". Pour moi, elle est comme une seconde mère. J'en ai déjà parlé l'an dernier à cette époque, quand son petit signe d'adieu depuis la voiture m'avait ému parce qu'il aurait pu être le dernier. Cette année, elle a vieilli, des problèmes cardiaques, et est devenue un peu dure d'oreille. Mais nous avons bien ri tout de même. J'ai l'impression que les autres sont parfois agacés par notre complicité mais je m'en tape: elle a toujours existé et ne faiblit pas.
En partant, elle m'a refait ce petit signe, de plus en plus tassée sur son siège. Je l'ai prise en photo pendant que nous mangions les bugnes. Elle n'a pas dit non.
Quand à mon cousin, qui m'a toujours troublé, il est toujours aussi beau, malgré ses soixante-huit ans.
Ma tante m'a fait asseoir à côté d'elle, parce que je suis son "gâté". Pour moi, elle est comme une seconde mère. J'en ai déjà parlé l'an dernier à cette époque, quand son petit signe d'adieu depuis la voiture m'avait ému parce qu'il aurait pu être le dernier. Cette année, elle a vieilli, des problèmes cardiaques, et est devenue un peu dure d'oreille. Mais nous avons bien ri tout de même. J'ai l'impression que les autres sont parfois agacés par notre complicité mais je m'en tape: elle a toujours existé et ne faiblit pas.
En partant, elle m'a refait ce petit signe, de plus en plus tassée sur son siège. Je l'ai prise en photo pendant que nous mangions les bugnes. Elle n'a pas dit non.
Quand à mon cousin, qui m'a toujours troublé, il est toujours aussi beau, malgré ses soixante-huit ans.
samedi 16 février 2013
Momentini
- Hier, mangé pour la première fois, chez Jean-Claude, du foie de lotte persillé. Un délice! D'aspect, on dirait du ris de veau, de goût, évidemment, ce n'est pas ça. Si l'on perçoit assez bien l'arôme du poisson, c'est surtout la délicatesse du mets qui m'a séduit.
- Acheté cet après-midi des chaussures de randonnée qui peuvent aussi s'utiliser pour la raquette. Suis-je en train de me préparer à l'après-travail, ce moment où j'aurai davantage le temps de marcher ?
- Journée splendide aujourd'hui à Lyon, et une douceur printanière. On voit le bonheur sur le visage des gens.
- Semaine qui s'annonce, la dernière avant les vacances, assez détendue, puisque les troisièmes sont en stage et que les cours du vendredi sont remplacés par une journée pédagogique. Chez nous, on vient de découvrir les neurosciences (voir un billet précédent) et, bien sûr, on nous somme de mettre immédiatement en pratique! Nous sommes vraiment trop forts! J'ai l'impression de feuilleter un livre de recettes prêtes à l'emploi. Heureusement, j'ai maintenant une grande facilité d'abstraction (c'est à dire, ne nous abusons pas, de fermer les écoutilles et de naviguer dans d'autres eaux!).
- Hier, Jean-Claude avait aussi fait des bugnes. J'en ai porté quelques-unes à ma vieille voisine. Je l'ai surprise en grande activité, s'excusant de ne pouvoir me retenir longtemps: elle faisait son ménage, et, comme d'habitude, du sol au plafond. Je défie quiconque de trouver un seul grain de poussière chez elle.
- Acheté cet après-midi des chaussures de randonnée qui peuvent aussi s'utiliser pour la raquette. Suis-je en train de me préparer à l'après-travail, ce moment où j'aurai davantage le temps de marcher ?
- Journée splendide aujourd'hui à Lyon, et une douceur printanière. On voit le bonheur sur le visage des gens.
- Semaine qui s'annonce, la dernière avant les vacances, assez détendue, puisque les troisièmes sont en stage et que les cours du vendredi sont remplacés par une journée pédagogique. Chez nous, on vient de découvrir les neurosciences (voir un billet précédent) et, bien sûr, on nous somme de mettre immédiatement en pratique! Nous sommes vraiment trop forts! J'ai l'impression de feuilleter un livre de recettes prêtes à l'emploi. Heureusement, j'ai maintenant une grande facilité d'abstraction (c'est à dire, ne nous abusons pas, de fermer les écoutilles et de naviguer dans d'autres eaux!).
- Hier, Jean-Claude avait aussi fait des bugnes. J'en ai porté quelques-unes à ma vieille voisine. Je l'ai surprise en grande activité, s'excusant de ne pouvoir me retenir longtemps: elle faisait son ménage, et, comme d'habitude, du sol au plafond. Je défie quiconque de trouver un seul grain de poussière chez elle.
Une Âme perdue
Il y a des livres qui fascinent, par leur beauté ou par la force de leurs propos, il y en a d'autres qui rebutent, par leur style ou le désintérêt que l'on porte à l'histoire qu'ils présentent. Il y a en d'autres qui gênent et dont, pourtant, on ne peut interrompre la lecture. Ce fut le cas, pour moi, avec La Femme des sables de Abé Kôbô, au point d'en avoir trainé le malaise longtemps après l'avoir terminé.
Une Âme perdue, de Giovanni Arpino, appartient à la dernière catégorie. L'auteur italien de Parfum de femme y raconte l'arrivée à Turin d'un jeune homme qui doit y passer son baccalauréat. Il est logé chez un oncle et une tante servis par une vieille domestique. Le récit dure une petite semaine au cours de laquelle Tino, l'adolescent, va de découvertes en découvertes et reçoit ainsi, sans y être préparé, la dureté de la vie des adultes en pleine figure.
La deuxième partie du livre est sordide. Un roman d'initiation que je ne suis pas prêt d'oublier.
( Giovanni Arpino, Une Âme perdue. Ed. Belfond. Trad de Nathalie Bauer.)
Une Âme perdue, de Giovanni Arpino, appartient à la dernière catégorie. L'auteur italien de Parfum de femme y raconte l'arrivée à Turin d'un jeune homme qui doit y passer son baccalauréat. Il est logé chez un oncle et une tante servis par une vieille domestique. Le récit dure une petite semaine au cours de laquelle Tino, l'adolescent, va de découvertes en découvertes et reçoit ainsi, sans y être préparé, la dureté de la vie des adultes en pleine figure.
La deuxième partie du livre est sordide. Un roman d'initiation que je ne suis pas prêt d'oublier.
( Giovanni Arpino, Une Âme perdue. Ed. Belfond. Trad de Nathalie Bauer.)
vendredi 15 février 2013
Je le regarde
Le tableau dans ma chambre. Dominantes de noir, le blazer, la fine cravate, et de gris, le fond, mettant en lumière la chemise blanche et le visage, tout aussi pâle. De la main gauche, relevée délicatement au-dessus de l'épaule, il tient une cigarette entre l'index et le majeur. Des traits fins, presque émaciés, beaux à force d'être ascétiques. Une bouche petite, un menton fuyant, mais des yeux d'une douceur et d'une finesse extrêmes sous des sourcils prononcés. Un front haut, le crâne dégarni.
On a envie de lui parler. Je lui ai parlé. Il y a longtemps. D'origine juive, traducteur d'anglais et d'italien à Paris. Il habitait l'île Saint-Louis, juste en face de l'hôtel Lambert. J'aimais son appartement, une enfilade de pièces sans grand confort mais avec une belle vue sur la Seine. Nous nous installions dans le salon du bout. Il était beaucoup plus âgé que moi et m'impressionnait. Il avait écrit, seul un roman, et avec un autre des récits policiers.
Je lui rendais visite régulièrement l'été, dans sa maison d'Uzès. Une pièce par étage, la cuisine en bas et deux chambres reliées par un escalier de pierre abrupt qui, avec l'âge, la lui fit vendre. Après nos interminables conversations, je le laissais se reposer et j'allais, solitaire, sur la promenade Racine où mes nuits étaient encore plus belles que mes jours.
A la mort de Pierre, il ne put descendre à Lyon. Au téléphone, il me confia que ses jambes ne le portaient plus guère. Nous nous verrions plus tard, quand je monterais à Paris. Je ne le revis jamais. Deux mois plus tard,alors que je téléphonais, inquiet d'être sans nouvelles, le numéro n'était plus attribué. J'appris par sa nièce à Genève qu'il était parti lui aussi, usé, tranquillement. Elle avait oublié de me prévenir. Il avait été incinéré et ses cendres devaient être dispersées dans un cimetière genevois. Je ne sais toujours pas lequel.
C'était un ami. Ils ont tous la manie de s'en aller sans prévenir.
On a envie de lui parler. Je lui ai parlé. Il y a longtemps. D'origine juive, traducteur d'anglais et d'italien à Paris. Il habitait l'île Saint-Louis, juste en face de l'hôtel Lambert. J'aimais son appartement, une enfilade de pièces sans grand confort mais avec une belle vue sur la Seine. Nous nous installions dans le salon du bout. Il était beaucoup plus âgé que moi et m'impressionnait. Il avait écrit, seul un roman, et avec un autre des récits policiers.
Je lui rendais visite régulièrement l'été, dans sa maison d'Uzès. Une pièce par étage, la cuisine en bas et deux chambres reliées par un escalier de pierre abrupt qui, avec l'âge, la lui fit vendre. Après nos interminables conversations, je le laissais se reposer et j'allais, solitaire, sur la promenade Racine où mes nuits étaient encore plus belles que mes jours.
A la mort de Pierre, il ne put descendre à Lyon. Au téléphone, il me confia que ses jambes ne le portaient plus guère. Nous nous verrions plus tard, quand je monterais à Paris. Je ne le revis jamais. Deux mois plus tard,alors que je téléphonais, inquiet d'être sans nouvelles, le numéro n'était plus attribué. J'appris par sa nièce à Genève qu'il était parti lui aussi, usé, tranquillement. Elle avait oublié de me prévenir. Il avait été incinéré et ses cendres devaient être dispersées dans un cimetière genevois. Je ne sais toujours pas lequel.
C'était un ami. Ils ont tous la manie de s'en aller sans prévenir.
mercredi 13 février 2013
Mon cheval pour des lasagnes!
Le bon côté de la découverte de viande de cheval dans les plats préparés censés ne contenir que du bœuf, c'est justement tout le plat qu'on en fait dans les médias! Je dois dire que moi, personnellement, j'aime bien la viande de cheval et que je ne m'apitoie guère, en en mangeant un steak, sur le sort réservé au canasson qui en est à l'origine, pas plus en tout cas que s'il s'agissait d'une côte de porc ou d'un gigot d'agneau.
Les anglais crient au scandale et les français, souvent, s'en amusent. Décidément, il n'y a pas que la Manche qui nous sépare! Frédéric me parlait tout à l'heure des jeux de mots que cela n'a pas manqué d'engendrer de ce côté-ci du Channel. Un en particulier que j'ai bien apprécié: "Avant, on avait l'estomac dans les talons, maintenant, c'est l'étalon que l'on a dans l'estomac"! Là, le journaliste avait fait de l'humour volontaire.
Mais que dire de celui de France-Inter, ce matin, qui, en finissant son intervention, a conclu son propos par cette sortie où, visiblement, il ne voulait rien mettre de drôle: " Il sera sans doute long de démêler l'écheveau de cette affaire!" ?
J'ai repensé, en entendant ce journaliste spirituel sans le savoir, à l'époque où Bruno Masure présentait le journal et, où, parfois, il en sortait de bien bonnes. Une qui m'est restée: "La grève des marins pêcheurs constitue pour l'économie française une perte sèche qu'il sera difficile d'éponger." Une autre du même (au moment de l'alliance du parti vert allemand avec un autre parti dont j'ai oublié le nom): "Depuis tout à l'heure, les verts ne sont plus solitaires". Mais lui, c'était volontaire!
(Aux dernières nouvelles, il y aurait même du porc dans les lasagnes! Aïe aïe aïe!)
Les anglais crient au scandale et les français, souvent, s'en amusent. Décidément, il n'y a pas que la Manche qui nous sépare! Frédéric me parlait tout à l'heure des jeux de mots que cela n'a pas manqué d'engendrer de ce côté-ci du Channel. Un en particulier que j'ai bien apprécié: "Avant, on avait l'estomac dans les talons, maintenant, c'est l'étalon que l'on a dans l'estomac"! Là, le journaliste avait fait de l'humour volontaire.
Mais que dire de celui de France-Inter, ce matin, qui, en finissant son intervention, a conclu son propos par cette sortie où, visiblement, il ne voulait rien mettre de drôle: " Il sera sans doute long de démêler l'écheveau de cette affaire!" ?
J'ai repensé, en entendant ce journaliste spirituel sans le savoir, à l'époque où Bruno Masure présentait le journal et, où, parfois, il en sortait de bien bonnes. Une qui m'est restée: "La grève des marins pêcheurs constitue pour l'économie française une perte sèche qu'il sera difficile d'éponger." Une autre du même (au moment de l'alliance du parti vert allemand avec un autre parti dont j'ai oublié le nom): "Depuis tout à l'heure, les verts ne sont plus solitaires". Mais lui, c'était volontaire!
(Aux dernières nouvelles, il y aurait même du porc dans les lasagnes! Aïe aïe aïe!)
mardi 12 février 2013
Je n'ai jamais aimé février
Il y a des jours, on n'a rien envie de faire. Et puis on fait tout de même. Et le soir arrive et on a fait, tout autant que d'habitude.
Tiens, aujourd'hui, c'était comme ça pour moi. Réveiller en sursaut avec la certitude de ne pas avoir assez dormi, lever chancelant (tension basse à vérifier ?), le café ne passe pas (je n'ai pas mis d'eau dans le récipient). Dehors, un temps de chien, celui que je déteste le plus: humide et froid. Bonjour aux collègues en arrivant: pas une seule réponse. Je ne leur en veux pas, ils ont l'air dans le même état que moi. Pourtant, les jours grandissent, ça devrait me requinquer. Mais je n'ai envie de rien.
Les bambins ? Bien excités par la neige pas loin et les vacances qui approchent. Tiens, c'est vrai, les vacances approchent. Pour moi aussi. Va falloir se coltiner le(s) dossier(s) retraite. Rien que ça déjà, ça n'ensoleille pas l'horizon. Deux heures de cours, cigarette. Il ne pleut plus, mais les gouttes tombent des arbres et nous mouillent. Deux heures de cours, cigarette. Et puis cantine, reprendre des forces. Pas envie de parler. Après non plus, pour la troisième cigarette. Exceptionnellement, je remonte en salle des profs, pour corriger trois copies.
Deux heures de cours, cigarette. Mais, finalement, six heures de cours, c'est déjà bien. Vont-ils en retenir quelque chose? Tout autant, tout aussi peu de d'habitude, sans doute. Les courses pour demain midi, ma mère. Quelques sourires. Même quand je suis à l'intérieur, je souris, je plaisante. Pilote automatique.
Et ce soir, envie de mes draps, envie de mon livre. Achever celui-ci, en prendre un autre. Dormir, pour être plus "scintillant" demain.
Tiens, aujourd'hui, c'était comme ça pour moi. Réveiller en sursaut avec la certitude de ne pas avoir assez dormi, lever chancelant (tension basse à vérifier ?), le café ne passe pas (je n'ai pas mis d'eau dans le récipient). Dehors, un temps de chien, celui que je déteste le plus: humide et froid. Bonjour aux collègues en arrivant: pas une seule réponse. Je ne leur en veux pas, ils ont l'air dans le même état que moi. Pourtant, les jours grandissent, ça devrait me requinquer. Mais je n'ai envie de rien.
Les bambins ? Bien excités par la neige pas loin et les vacances qui approchent. Tiens, c'est vrai, les vacances approchent. Pour moi aussi. Va falloir se coltiner le(s) dossier(s) retraite. Rien que ça déjà, ça n'ensoleille pas l'horizon. Deux heures de cours, cigarette. Il ne pleut plus, mais les gouttes tombent des arbres et nous mouillent. Deux heures de cours, cigarette. Et puis cantine, reprendre des forces. Pas envie de parler. Après non plus, pour la troisième cigarette. Exceptionnellement, je remonte en salle des profs, pour corriger trois copies.
Deux heures de cours, cigarette. Mais, finalement, six heures de cours, c'est déjà bien. Vont-ils en retenir quelque chose? Tout autant, tout aussi peu de d'habitude, sans doute. Les courses pour demain midi, ma mère. Quelques sourires. Même quand je suis à l'intérieur, je souris, je plaisante. Pilote automatique.
Et ce soir, envie de mes draps, envie de mon livre. Achever celui-ci, en prendre un autre. Dormir, pour être plus "scintillant" demain.
lundi 11 février 2013
Charmer, avant tout
Ce qui m'amuse le plus dans mon métier, et sans doute ce qui va le plus me manquer, c'est le charme. Non, pas celui de mes collègues, hommes ou femmes, qui, pour la plupart, en sont totalement dénués. Le charme que je m'amuse comme un petit fou à exercer face à ceux qui pourraient se montrer hostiles.
Les élèves, d'abord, que j'accueille en début d'année avec la mine d'un bouledogue et l'humeur qui va avec. Et puis peu à peu, je desserre les cordes, au détour d'une phrase, je lance une plaisanterie. D'abord, ils ne comprennent pas que c'en est une: ils n'ont pas l'habitude. A la deuxième, tout aussi inattendue que la première, quelques-uns lèvent la tête et me regardent avec des yeux interrogatifs, cherchant à deviner ce qu'il y a réellement derrière mes lunettes. Lorsque le premier sourit, c'est gagné. Ensuite, il reste juste à leur faire comprendre que c'est moi, et moi seul, qui décide du moment où l'on s'amuse.
Mais surtout les parents, les mères, qu'à de rares exceptions près, j'ai toujours su embobiner. Même les plus revêches, même les plus froides. Je me souviens de cette femme de consul qui, il y a de nombreuses années, avait réussi à me ficher en l'air une réunion de rentrée. Elle n'a pas eu l'occasion de le faire deux fois. Elle aussi a succombé et même, la dernière fois que je l'ai vue, dans un couloir, cette année, en compagnie d'une autre que je connais au point de lui faire la bise, j'ai eu la surprise de l'entendre en réclamer une pour elle aussi.
Mon secret: l'humour. Bien peu y sont insensibles, les femmes surtout. Alors qu'avec les maris, j'ai plus de mal. Sans doute parce que le rapport viril se caractérise presque toujours par la mise en place inconsciente d'une compétition. Ou parce que, avec eux, j'ai l'esprit moins clair, attentif que je suis à des tempes argentées ou au timbre d'une voix mâle. Ou pour protéger ma carapace...
Les élèves, d'abord, que j'accueille en début d'année avec la mine d'un bouledogue et l'humeur qui va avec. Et puis peu à peu, je desserre les cordes, au détour d'une phrase, je lance une plaisanterie. D'abord, ils ne comprennent pas que c'en est une: ils n'ont pas l'habitude. A la deuxième, tout aussi inattendue que la première, quelques-uns lèvent la tête et me regardent avec des yeux interrogatifs, cherchant à deviner ce qu'il y a réellement derrière mes lunettes. Lorsque le premier sourit, c'est gagné. Ensuite, il reste juste à leur faire comprendre que c'est moi, et moi seul, qui décide du moment où l'on s'amuse.
Mais surtout les parents, les mères, qu'à de rares exceptions près, j'ai toujours su embobiner. Même les plus revêches, même les plus froides. Je me souviens de cette femme de consul qui, il y a de nombreuses années, avait réussi à me ficher en l'air une réunion de rentrée. Elle n'a pas eu l'occasion de le faire deux fois. Elle aussi a succombé et même, la dernière fois que je l'ai vue, dans un couloir, cette année, en compagnie d'une autre que je connais au point de lui faire la bise, j'ai eu la surprise de l'entendre en réclamer une pour elle aussi.
Mon secret: l'humour. Bien peu y sont insensibles, les femmes surtout. Alors qu'avec les maris, j'ai plus de mal. Sans doute parce que le rapport viril se caractérise presque toujours par la mise en place inconsciente d'une compétition. Ou parce que, avec eux, j'ai l'esprit moins clair, attentif que je suis à des tempes argentées ou au timbre d'une voix mâle. Ou pour protéger ma carapace...
dimanche 10 février 2013
Et un peu de musique, ça vous dirait ? (125)
Shocking Blue, Venus (1969)
(Je ne vous dirai pas ce que j'ai fait là-dessus!)
(Je ne vous dirai pas ce que j'ai fait là-dessus!)
samedi 9 février 2013
Pour seul cortège
Laurent Gaudé, parfois j'aime, parfois je n'aime pas. J'avais ainsi beaucoup apprécié La Mort du roi Tsongor qui m'avait fait découvrir cet auteur.
Dans le roman que je viens de terminer, Pour seul cortège, on retrouve beaucoup du souffle épique de Tsongor, en plus familier pour moi, puisqu'il s'agit de la mort d'Alexandre le grand. De très belles pages, un style inspiré et la magie des noms de l'Antiquité, que ce soit celui des personnages ou celui des villes traversées. Mais ne rêvez pas: à la fin du livre, on n'en sait pas plus sur le véritable emplacement du tombeau du macédonien, jamais retrouvé à ce jour.
Un seul petit bémol: je trouve le titre ridicule.
(Laurent Gaudé, Pour seul cortège, Ed. Actes sud.)
Dans le roman que je viens de terminer, Pour seul cortège, on retrouve beaucoup du souffle épique de Tsongor, en plus familier pour moi, puisqu'il s'agit de la mort d'Alexandre le grand. De très belles pages, un style inspiré et la magie des noms de l'Antiquité, que ce soit celui des personnages ou celui des villes traversées. Mais ne rêvez pas: à la fin du livre, on n'en sait pas plus sur le véritable emplacement du tombeau du macédonien, jamais retrouvé à ce jour.
Un seul petit bémol: je trouve le titre ridicule.
(Laurent Gaudé, Pour seul cortège, Ed. Actes sud.)
vendredi 8 février 2013
Momentini
- Aujourd'hui, signature de ma dernière note administrative: 40/40 (et ça depuis quelques années). Inutile de dire que j'allais au rendez-vous de façon très décontractée. L'entretien a duré une dizaine de minutes, pas plus. La première année où elle était arrivée au collège, la directrice m'avait demandé ce que je pensais de tas de choses concernant son fonctionnement (celui du collège, pas celui de la directrice). Cette fois-ci, rien. Peur de la réponse ?
- L'année 2013 s'annonce sous de très bons auspices paperassiers: problèmes avec mon assurance voiture, mon garage, mon parking, l'immeuble de ma mère, ma note d'électricité. Tout ça à cause de gougnafiers qui ne font pas correctement leur travail. Alors, des heures au téléphone pour démêler les fils. Et pour un interlocuteur compétant et efficace, combien de je-m'en-foutistes ? Mais je suis têtu!
- Il neige, il ne neige plus, il neige, il ne neige plus, il neige, il ne neige plus, il neige, il ne neige plus, il neige, il ne neige plus, il neige, il ne neige plus.................
- Me suis fait plaisir l'autre soir, en regardant quoi ? Un western, bien sûr. Au-delà des grands espaces, je crois que c'est chaque fois la solitude du cow-boy qui m'attrape.
- Maintenant, mon appareil photos n'est plus constamment dans ma poche. Est-ce mauvais signe ?
- Estomaqué, le sixième qui m'avait fait lire ses poèmes. Il vient d'apprendre que Zeus, UN dieu, était tombé amoureux de Ganymède, UN garçon! Il en verra d'autres...
- Évoqué avec Hélène (pas celle de Troie, une collègue et amie) les folles soirées (nuits) chez Kicou autrefois. "Nous étions jeunes à l'époque !" a-t-elle soupiré. Finalement, ça doit bien être vrai, même si ça me semble dater d'hier.
- Frédéric va bientôt fêter ses 50 ans. Ce sera au même endroit que pour mon anniversaire, avec un menu différent. Quelques invités en commun, tout de même.
- L'année 2013 s'annonce sous de très bons auspices paperassiers: problèmes avec mon assurance voiture, mon garage, mon parking, l'immeuble de ma mère, ma note d'électricité. Tout ça à cause de gougnafiers qui ne font pas correctement leur travail. Alors, des heures au téléphone pour démêler les fils. Et pour un interlocuteur compétant et efficace, combien de je-m'en-foutistes ? Mais je suis têtu!
- Il neige, il ne neige plus, il neige, il ne neige plus, il neige, il ne neige plus, il neige, il ne neige plus, il neige, il ne neige plus, il neige, il ne neige plus.................
- Me suis fait plaisir l'autre soir, en regardant quoi ? Un western, bien sûr. Au-delà des grands espaces, je crois que c'est chaque fois la solitude du cow-boy qui m'attrape.
- Maintenant, mon appareil photos n'est plus constamment dans ma poche. Est-ce mauvais signe ?
- Estomaqué, le sixième qui m'avait fait lire ses poèmes. Il vient d'apprendre que Zeus, UN dieu, était tombé amoureux de Ganymède, UN garçon! Il en verra d'autres...
- Évoqué avec Hélène (pas celle de Troie, une collègue et amie) les folles soirées (nuits) chez Kicou autrefois. "Nous étions jeunes à l'époque !" a-t-elle soupiré. Finalement, ça doit bien être vrai, même si ça me semble dater d'hier.
- Frédéric va bientôt fêter ses 50 ans. Ce sera au même endroit que pour mon anniversaire, avec un menu différent. Quelques invités en commun, tout de même.
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jeudi 7 février 2013
Puzzles
Annonce sérieuse: collectionneur éclairé recherche cheval anglais pouvant s'emboîter sous squelette royal. A défaut, accepterait bras susceptibles d'aller avec visage en extase et sexe en toundra.
Cultivé, le type !
Péter plus haut que son cul, voilà une expression qui dit bien ce qu'elle veut dire et que j'aime employer in petto dans certaine situations journalières. Ce matin, ou hier, c'est un journaliste qui y a eu droit. Parlant de je ne sais quoi que j'écoutais d'une oreille distraite en conduisant, il a dit que cette situation ressemblait au "Tombeau des Danaïdes" !
Que l'on soit niais comme certain présentateur d'informations télévisuelles à 13h, cela agace mais ne dépasse pas ce stade. Après tout, il y en a qui aiment les reportages en France profonde, caricaturaux jusqu'à l’écœurement, ou les images de ces pauvres vacanciers d'hiver coincés par la neige qu’ils ne voudraient que sur les pistes.
Que certains envoyés spéciaux terminent systématiquement leurs reportages par une pirouette qui se veut humoristique, passe encore. Après tout,, l'almanach Vermot a eu autrefois de belles heures de gloire que s'obstine à prolonger une amie de ma mère qui, à Noël, m'en offre régulièrement un succédané (cette année, circonstances obligent, sur les retraités!).
Mais que l'on essaie d'épater la galerie en étalant une pseudo-culture mal digérée, là, ça ne passe plus pour moi. J'y vois tout simplement une marque effarante de connerie et d'autosatisfaction. Sans doute, le monsieur dont je parlais au début de ce billet passe-t-il ses soirées en s'extasiant à l'écoute du "Tonneau de Couperin"!!!
Que l'on soit niais comme certain présentateur d'informations télévisuelles à 13h, cela agace mais ne dépasse pas ce stade. Après tout, il y en a qui aiment les reportages en France profonde, caricaturaux jusqu'à l’écœurement, ou les images de ces pauvres vacanciers d'hiver coincés par la neige qu’ils ne voudraient que sur les pistes.
Que certains envoyés spéciaux terminent systématiquement leurs reportages par une pirouette qui se veut humoristique, passe encore. Après tout,, l'almanach Vermot a eu autrefois de belles heures de gloire que s'obstine à prolonger une amie de ma mère qui, à Noël, m'en offre régulièrement un succédané (cette année, circonstances obligent, sur les retraités!).
Mais que l'on essaie d'épater la galerie en étalant une pseudo-culture mal digérée, là, ça ne passe plus pour moi. J'y vois tout simplement une marque effarante de connerie et d'autosatisfaction. Sans doute, le monsieur dont je parlais au début de ce billet passe-t-il ses soirées en s'extasiant à l'écoute du "Tonneau de Couperin"!!!
mercredi 6 février 2013
Proposition inattendue
Curieux, parfois, les rencontres ! Hier, j'avais rendez-vous avec une mère d'élève, une nouvelle au collège cette année, qui, après avoir été charmante tout le premier trimestre a subitement débuté de façon assez violente sa crise d'adolescence par une sorte d'arrogance vis à vis des enseignants. Je devais frapper fort (oui, je sais faire !) pour bien faire comprendre à la mère que nous ne pouvions tolérer cela plus longtemps.
J'arrive avec trois minutes de retard volontaire au rendez-vous: rien de tel pour déstabiliser les parents un peu trop agressifs et sûrs de leur fait (ce que je pensais qu'elle allait être). La dame est là, une petite femme à la chevelure d'un noir de jais, qui a dû être fort belle il y a quelques années, souriante et à l'abord agréable. Je change mon fusil d'épaule: j'annoncerai les choses avec plus de diplomatie. Je passe sur notre échange pour en arriver à la deuxième partie de la conversation.
- Vous devez aimer les Lettres. La langue française est tellement belle.
Elle la parle avec un léger accent. Je finis par apprendre qu'elle est brésilienne et qu'après avoir exercé le métier de journaliste, elle a ouvert sa propre maison de production. La conversation se poursuit, de plus en plus détendue et presque amicale.
Quand je lui fais part de ma décision de prendre ma retraite en fin d'année scolaire, elle devine que la cessation complète d'activité me pèserait sans doute et, cinq minutes plus tard, me propose à mots à peine couverts d'entrer dans son équipe en tant que relecteur, avec des horaires fort libres et possibilité de travailler chez moi.
Nous devons nous revoir dans un mois. Elle m'a, en partant, donné sa carte de visite professionnelle. Sans doute, ce jour-là, ne parlerons-nous pas uniquement de sa fille.
J'arrive avec trois minutes de retard volontaire au rendez-vous: rien de tel pour déstabiliser les parents un peu trop agressifs et sûrs de leur fait (ce que je pensais qu'elle allait être). La dame est là, une petite femme à la chevelure d'un noir de jais, qui a dû être fort belle il y a quelques années, souriante et à l'abord agréable. Je change mon fusil d'épaule: j'annoncerai les choses avec plus de diplomatie. Je passe sur notre échange pour en arriver à la deuxième partie de la conversation.
- Vous devez aimer les Lettres. La langue française est tellement belle.
Elle la parle avec un léger accent. Je finis par apprendre qu'elle est brésilienne et qu'après avoir exercé le métier de journaliste, elle a ouvert sa propre maison de production. La conversation se poursuit, de plus en plus détendue et presque amicale.
Quand je lui fais part de ma décision de prendre ma retraite en fin d'année scolaire, elle devine que la cessation complète d'activité me pèserait sans doute et, cinq minutes plus tard, me propose à mots à peine couverts d'entrer dans son équipe en tant que relecteur, avec des horaires fort libres et possibilité de travailler chez moi.
Nous devons nous revoir dans un mois. Elle m'a, en partant, donné sa carte de visite professionnelle. Sans doute, ce jour-là, ne parlerons-nous pas uniquement de sa fille.
mardi 5 février 2013
Imberbes grecs
L'étude d'extraits de l'Odyssée avec les sixièmes est un véritable trésor de perles! Ils aiment ça et se laissent facilement aller à parler trop vite. La dernière ? Ce matin, après avoir lu l'épisode des Sirènes.
Ma question: " A quoi sert la cire ?"
La réponse: "A s'arracher les poils."
Ma question: " A quoi sert la cire ?"
La réponse: "A s'arracher les poils."
Stoner
Je ne suis pas rentré dedans immédiatement. Celle qui me l'avait conseillé, elle, en parlait avec passion. J'avais hésité avant de l'acheter, principalement à cause du nom de la traductrice qui, par ailleurs, ferait bien de réviser l'emploi correct des pronoms personnels). Et puis, peu à peu, je me suis laissé prendre par cette histoire touchante: une vie d'homme dont, longtemps, les livres furent l'unique passion, un fils de paysan qui découvre la magie des mots et en fait son refuge. Et je l'ai refermé avec regret.
(John Williams, Stoner. Ed. J'ai lu. Trad. de Anna Gavalda).
(John Williams, Stoner. Ed. J'ai lu. Trad. de Anna Gavalda).
lundi 4 février 2013
Relire, disait-il...
Je devais avoir seize ans et je dévorais depuis longtemps tout ce qui me passait entre les mains. Ce jour-là, j'achetai dans un grand magasin, un livre qui m'attira d'abord par sa reliure. Elle était beige un peu dorée et me parut en cuir. Aujourd'hui qu'il est encore dans ma bibliothèque, je sais que ce n'est pas le cas.
Lorsque ma mère vit mon achat, elle eut un moment de réticence. Etait-il bon qu'un garçon de mon âge eût en sa possession un tel ouvrage? Mais elle l'avait lu, elle aussi, et peut-être guère moins jeune que moi. Elle ne m'avait jamais rien interdit et ce ne fut pas le cas cette fois-là non plus. Je le lus donc et m'en délectai. Son titre m'avait fasciné, son contenu tout autant, ces lettres d'amour et de turpitudes si bellement écrites. Son auteur aussi avait un drôle de nom: Choderlos de Laclos. Il s'agissait des Liaisons dangereuses.
Ce soir, je viens de voir l'adaptation qu'en a fait Stephen Frears. Un très beau film sans doute. Mais, même si Glenn Close campe une marquise de Merteuil tout à fait plausible, même si le physique de John Malkovich correspond bien à ce que l'on peut imaginer de celui du vicomte de Valmont, je n'ai pas vibré comme je l'avais fait à la lecture du roman épistolaire. Primauté de l'écriture pour moi ? Ou bien quelques années de plus qui m'ont appris peu à peu à voir la réalité en face ? Qu'importe. Cette soirée m'a donné l'envie de me replonger dans ces pages pour appréhender d'un œil nouveau ces méandres de la passion, de la jalousie et du cynisme.
Lorsque ma mère vit mon achat, elle eut un moment de réticence. Etait-il bon qu'un garçon de mon âge eût en sa possession un tel ouvrage? Mais elle l'avait lu, elle aussi, et peut-être guère moins jeune que moi. Elle ne m'avait jamais rien interdit et ce ne fut pas le cas cette fois-là non plus. Je le lus donc et m'en délectai. Son titre m'avait fasciné, son contenu tout autant, ces lettres d'amour et de turpitudes si bellement écrites. Son auteur aussi avait un drôle de nom: Choderlos de Laclos. Il s'agissait des Liaisons dangereuses.
Ce soir, je viens de voir l'adaptation qu'en a fait Stephen Frears. Un très beau film sans doute. Mais, même si Glenn Close campe une marquise de Merteuil tout à fait plausible, même si le physique de John Malkovich correspond bien à ce que l'on peut imaginer de celui du vicomte de Valmont, je n'ai pas vibré comme je l'avais fait à la lecture du roman épistolaire. Primauté de l'écriture pour moi ? Ou bien quelques années de plus qui m'ont appris peu à peu à voir la réalité en face ? Qu'importe. Cette soirée m'a donné l'envie de me replonger dans ces pages pour appréhender d'un œil nouveau ces méandres de la passion, de la jalousie et du cynisme.
dimanche 3 février 2013
Contre mauvaise fortune bon cœur
Jeudi, pas le temps d'écrire sur ce blog. Vendredi, départ pour un WE à Villard-de-Lans, dont je reviens il y a une bonne heure.
Une amie y possède un petit studio où j'étais allé il y a une trentaine d'années. Ça n'a pas beaucoup changé (elle n'y va que rarement et n'y fait pas d'investissement) et, si je ne savais pas où cela se situait dans le village, en revanche, j'ai bien reconnu l'appartement lui-même: une salle à vivre avec cuisine aménagée au rez-de-chaussée, donnant sur une petite terrasse sur le toit, et une mezzanine avec grand lit et lits superposés.
Las, le temps fut exécrable: pluie glacée et vent, sauf un petit rayon de soleil ce matin, juste le temps de déneiger la voiture et d'aider un autre lyonnais qui, avec ces pneus beaucoup trop lisses, n'arrivait pas à gravir la petite pente verglacée au sortir du parking. Ce que nous avions prévu, ski pour les uns et randonnée raquettes pour les autres, a été purement et simplement annulé.
Alors que faire ? Nous réchauffer avec une fondue le premier soir, une raclette le second, du champagne (anniversaire de l'un d'entre nous) et du vin blanc les deux, sieste et partie de dames chinoises, promenades et courses dans le village qui n'a rien de bien extraordinaire. Même l'ancienne institution religieuse où, en tant qu'enseignant, j'avais connu ma seule et unique classe de neige, a disparu sous les bulldozers des promoteurs. Si, un bon point tout de même: j'ai acheté, dans une crémerie, un bon morceau de Tamier, mon fromage préféré fabriqué par les moines de l'abbaye du même nom, et pratiquement introuvable à Lyon.
Lorsque nous avons, avec Frédéric, rejoint la vallée tout à l'heure, nous y avons retrouvé un grand soleil. De quoi rager si nous n'étions finalement satisfaits de notre séjour bien occupé par la bonne chair et l'humeur joyeuse.
Une amie y possède un petit studio où j'étais allé il y a une trentaine d'années. Ça n'a pas beaucoup changé (elle n'y va que rarement et n'y fait pas d'investissement) et, si je ne savais pas où cela se situait dans le village, en revanche, j'ai bien reconnu l'appartement lui-même: une salle à vivre avec cuisine aménagée au rez-de-chaussée, donnant sur une petite terrasse sur le toit, et une mezzanine avec grand lit et lits superposés.
Las, le temps fut exécrable: pluie glacée et vent, sauf un petit rayon de soleil ce matin, juste le temps de déneiger la voiture et d'aider un autre lyonnais qui, avec ces pneus beaucoup trop lisses, n'arrivait pas à gravir la petite pente verglacée au sortir du parking. Ce que nous avions prévu, ski pour les uns et randonnée raquettes pour les autres, a été purement et simplement annulé.
Alors que faire ? Nous réchauffer avec une fondue le premier soir, une raclette le second, du champagne (anniversaire de l'un d'entre nous) et du vin blanc les deux, sieste et partie de dames chinoises, promenades et courses dans le village qui n'a rien de bien extraordinaire. Même l'ancienne institution religieuse où, en tant qu'enseignant, j'avais connu ma seule et unique classe de neige, a disparu sous les bulldozers des promoteurs. Si, un bon point tout de même: j'ai acheté, dans une crémerie, un bon morceau de Tamier, mon fromage préféré fabriqué par les moines de l'abbaye du même nom, et pratiquement introuvable à Lyon.
Lorsque nous avons, avec Frédéric, rejoint la vallée tout à l'heure, nous y avons retrouvé un grand soleil. De quoi rager si nous n'étions finalement satisfaits de notre séjour bien occupé par la bonne chair et l'humeur joyeuse.
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