mercredi 31 décembre 2014
Emportée par le vent...
Je cherchais une photo pour illustrer la fin de cette année et le début de la nouvelle, une photo pleine de joie, de couleurs et de rires (oui, oui, il y a des photos riantes). Et puis tout à l'heure, pendant ma promenade accoutumée, j'ai vu cette trace sur le sol, empreinte d'une feuille sur la pollution urbaine.
Et j'ai su que j'avais trouvé ma photo : pas de joie, pas de rires, pas de couleurs. Juste une trace grisâtre qui s'effacera bientôt. Comme cette année 2014. Mais, sur l'arbre au-dessus, je suis sûr qu'en cherchant bien, j'aurais pu deviner déjà les prémices des bourgeons prochains.
mardi 30 décembre 2014
Lève-toi et marche
Ce n'est pas une résolution de début d'année mais plutôt de fin. J'ai décidé de faire, tous les jours (sauf s'il pleut à seaux), une bonne heure de marche, avec ou sans but "culturel" (ou photographique). Je m'y suis mis il y a à peu près un mois, sous le grand soleil de l'été indien. Je continue aujourd'hui qu'il fait nettement plus frisquet (il est même tombé quelques flocons sur Lyon).
J'aurais préféré la course mais je ne parviens pas à me décider vraiment. En fait, angoisse que la jambe ne tienne pas le coup, ce qui me mettrait un sacré bourdon. Alors, je procrastine de peur de devoir tirer un trait définitif.
Heureusement, j'aime beaucoup marcher aussi, et, contrairement à ce que l'on pourrait penser, je n'ai pas attendu la retraite pour pratiquer cette activité, même si moins systématiquement. Il y a juste un petit problème : je commence à connaître par cœur mon quartier et les environs immédiats. Je sens que je ne vais pas tarder à reprendre la voiture pour aller un peu plus loin et découvrir d'autres horizons pédestres.
J'aurais préféré la course mais je ne parviens pas à me décider vraiment. En fait, angoisse que la jambe ne tienne pas le coup, ce qui me mettrait un sacré bourdon. Alors, je procrastine de peur de devoir tirer un trait définitif.
Heureusement, j'aime beaucoup marcher aussi, et, contrairement à ce que l'on pourrait penser, je n'ai pas attendu la retraite pour pratiquer cette activité, même si moins systématiquement. Il y a juste un petit problème : je commence à connaître par cœur mon quartier et les environs immédiats. Je sens que je ne vais pas tarder à reprendre la voiture pour aller un peu plus loin et découvrir d'autres horizons pédestres.
dimanche 28 décembre 2014
Et un peu de musique, ça vous dirait ? (142)
Ce tube faisait encore grand bruit lorsque j'ai commencé à sortir en boîte, en 1970. Je passais la soirée au Mylord, à Lyon et prenais le premier train du matin pour Saint-Etienne, où je n'avais que le temps de me glisser sous les draps avant que mon père, qui peut-être faisait semblant de ne se rendre compte de rien, ne m'appelle pour l'aider dans son commerce. Fallait avoir la santé !
Le Mylord était une boîte homo (on ne disait pas encore gay à l'époque) assez sélect et, à 18 ans, j'étais d'une timidité maladive. J'attendais dans un coin que l'on m'invite à danser, ce qui ne manquait pas d'arriver, vu mon âge. Beaucoup de slows en ce temps-là, ce qui facilitait bien les choses. Et si cela ne suffisait pas, il y avait aussi la danse du tapis.
Je me souviens d'un soir où j'étais très fier de ma tenue, ayant passé une chemise à carreaux bleus et blancs et un jean ultra-moulant. Ce soir-là, j'allais faire des ravages avec mes habits tout neufs et ma tignasse abondamment frisée. La douche froide me tomba dessus dès l'entrée : un autre type avait exactement la même chemise... Vanitas vanitatum !
samedi 27 décembre 2014
C'est à vous
A vous, si cela vous dit, de mettre sous cette photo un titre, une
phrase ou un petit texte qu'elle vous aurait inspiré. (Vous pouvez
l'agrandir en cliquant dessus.)
Fiction (26)
Tom n’était pas seul. Une jolie brunette d’une
cinquantaine d’années l’accompagnait et, à voir, la tête du hollandais lorsqu’il
m’aperçut, je sus immédiatement que j’étais de trop et qu’il ne pensait pas me trouver là. Il me
fit, en guise de bonjour, un vague signe de la tête et se détourna aussitôt
pour ouvrir la portière arrière. Mais la brunette, elle, s’avança vers moi avec un large sourire et en
me tendant la main.
- Je suis Valeria, votre logeuse. Nous
devions nous voir avant et je suis désolée de ce contretemps : je n’ai pas eu un instant à moi ces jours-ci
et mon portable était en dérangement. J’espère que vous vous plaisez ici ?
A mon tour, je lui tendis la main, finalement
assez content de cette diversion à ce qui m’apparaissait comme une situation
assez délicate.
- Je
me sens très bien ici, mis à part la rencontre, le premier soir, avec des
bestioles peu sympathiques…
- Ah ! les scorpions ! Dès que la maison reste
inhabitée quelques temps, ils en profitent pour s’y installer. Mais
rassurez-vous, cette espèce-là n’est pas dangereuse.
J’aurais eu mauvaise grâce, face à sa bonne
humeur, de lui rétorquer que cela ne sautait pas d’emblée aux yeux lorsqu’on en
rencontrait un dans le salon en train de filer sous un meuble. Aussi n’en
fis-je rien et lui rendis son sourire.
Pendant ce temps, Tom s’affairait toujours à
l’arrière de la voiture, attendant sans doute que je vide les lieux. Mais,
alors que j’entamais avec Valeria une conversation polie, Dorée fit un
signe à son mari pour l’entraîner un peu plus loin dans le chemin d’accès.
D’où je me trouvais, je pus les voir s’expliquer à voix basse avec force gestes
des bras. Les italiens ne sont manifestement pas les seuls à appuyer leurs
dires de mouvements énergiques.
Gêné, je proposai à Valeria de lui régler mon solde
de location et nous entrâmes dans le salon.
- Cette maison a été achetée par mes parents
alors que j’étais encore une enfant. C’était à l’origine une petite ferme et le
propriétaire possédait quelques vignes aux alentours dont il tirait chaque
année deux ou trois bouteilles de vin. Aujourd’hui, vous le voyez, la nature a
repris ces droits.
- C’est dommage…
- Oh ! Vous savez, le vin n’était pas
très bon et puis, à la mort de mon père, ma mère, qui vieillissait, a préféré
partir s’installer à Lucca, en prévision de jours plus difficiles. Elle a tous
les commerces à sa disposition et la ville possède un hôpital, où d’ailleurs mon
père est décédé. Aujourd’hui, nous ne venons que très rarement. C’est moi qui
ai eu l’idée de louer pendant la belle saison. J’ai fait faire quelques
aménagements mais l’essentiel est resté tel que la maison se présentait quand
mes parents y habitaient. J’en ai simplement profité pour vider un peu les
bibliothèques de mon appartement. Les livres prennent une telle place.
- Je me suis permis d’en feuilleter
quelques-uns.
- Vous avez bien fait, ils sont là pour ça.
Alors que je finissais de payer Valeria, la
silhouette de Dorée s’encadra dans la lumière de la porte :
- Vous pouvez venir, j’ai parlé à Tom. Il est
d’accord pour mettre notre ami au courant.
Mais au courant de quoi, grands dieux ?
Je commençais à être passablement irrité par tous ces mystères. Que voulait
dire Dorée ? Que cachait ce couple de hollandais ? Quel rôle jouait
Valeria dans cette partie de cache-cache ?
- Sortons, dit-elle, puisqu’ils le veulent.
Vous m’avez l’air d’un homme à qui l’on peut faire confiance.
Dehors, Tom se tenait immobile, l’air
emprunté, les bras ballant le long du corps, auprès de Dorée qui, tout sourire, tenait enlacé un petit
enfant noir.
vendredi 26 décembre 2014
Fouché
Un grand bouquin, cette biographie de Fouché par Stefan Zweig. Et qui ne ressemble à rien de ce que j'ai pu lire jusque là. D'abord par l'élégance du style, comme toujours chez cet écrivain, ensuite par la somme de documentations sans doute patiemment recueillies et surtout par l'éclairage nouveau que ce livre apporte sur ce politique longtemps décrié. Non pas que Zweig en fasse une apologie trop louangeuse mais j'aime la façon subtile qu'il a d'aborder le personnage et la période révolutionnaire et post-révolutionnaire.
D'autre part, grâce à Zweig, j'ai enfin appris à quoi correspondait la chapelle votive érigée pas très loin de chez moi, dans la plaine des Brotteaux, comme on disait à l'époque, et commémorant un épisode de massacre où Fouché ne tînt pas un rôle très reluisant, c'est le moins que l'on puisse dire...
Une page, entre autres, a particulièrement retenu mon attention. En voici un petit extrait :
... ce qui n'est d'abord qu'un jeu de paroles sanglantes devient une surenchère toujours plus effrénée... et la politique n'est pas, comme on veut absolument le faire croire, l'art de conduire l'opinion publique, mais bien la façon dont les chefs s'inclinent en esclaves devant les courants qu'eux-mêmes ont créé et orientés... C'est ainsi que naissent toujours les guerres : en jouant avec des paroles dangereuses, en surexcitant les passions nationales...
( Stefan Zweig, Fouché. Ed. Grasset. Trad. de Alzir Hella et Olivier Bournac.)
D'autre part, grâce à Zweig, j'ai enfin appris à quoi correspondait la chapelle votive érigée pas très loin de chez moi, dans la plaine des Brotteaux, comme on disait à l'époque, et commémorant un épisode de massacre où Fouché ne tînt pas un rôle très reluisant, c'est le moins que l'on puisse dire...
Une page, entre autres, a particulièrement retenu mon attention. En voici un petit extrait :
... ce qui n'est d'abord qu'un jeu de paroles sanglantes devient une surenchère toujours plus effrénée... et la politique n'est pas, comme on veut absolument le faire croire, l'art de conduire l'opinion publique, mais bien la façon dont les chefs s'inclinent en esclaves devant les courants qu'eux-mêmes ont créé et orientés... C'est ainsi que naissent toujours les guerres : en jouant avec des paroles dangereuses, en surexcitant les passions nationales...
( Stefan Zweig, Fouché. Ed. Grasset. Trad. de Alzir Hella et Olivier Bournac.)
mercredi 24 décembre 2014
mardi 23 décembre 2014
Entretiens avec mon radiologue
Vous en connaissez beaucoup, vous, des gens qui sont beaux, qui ont de la classe et possèdent une grande culture ? Moi oui, au moins un : mon radiologue.
Je le fréquente depuis de nombreuses années et suis toujours sous le charme. C'est chaque fois un plaisir d'aller se faire ausculter les "intérieurs" chez lui car il a une conversation fort agréable. Il connaît le latin, l'allemand, est un lecteur gourmet. C'est aussi un grand amateur de course à pied. Bref, je ne m'ennuie jamais avec lui.
Hier, alors que je traversais au rouge (à Lyon, on ne parle pas encore de PV pour ça), je vois arriver un vélo. Je m'arrête pour le laisser passer. Le vélo fait de même. Même en civil, avec casque sur la tête, je l'ai reconnu. Résultat : un bon quart d'heure de bavardage, qu'il a dû ensuite interrompre car il avait des rendez-vous.
Ancien grand fumeur, il m'avait, il y a quelques années, donné des conseils pour me désintoxiquer. "Il faut remplacer le tabac par une autre addiction : le sport, le chant choral ou le sexe." Je lui avais alors confié que je n'étais pas très porté sur le chant choral...
Je le fréquente depuis de nombreuses années et suis toujours sous le charme. C'est chaque fois un plaisir d'aller se faire ausculter les "intérieurs" chez lui car il a une conversation fort agréable. Il connaît le latin, l'allemand, est un lecteur gourmet. C'est aussi un grand amateur de course à pied. Bref, je ne m'ennuie jamais avec lui.
Hier, alors que je traversais au rouge (à Lyon, on ne parle pas encore de PV pour ça), je vois arriver un vélo. Je m'arrête pour le laisser passer. Le vélo fait de même. Même en civil, avec casque sur la tête, je l'ai reconnu. Résultat : un bon quart d'heure de bavardage, qu'il a dû ensuite interrompre car il avait des rendez-vous.
Ancien grand fumeur, il m'avait, il y a quelques années, donné des conseils pour me désintoxiquer. "Il faut remplacer le tabac par une autre addiction : le sport, le chant choral ou le sexe." Je lui avais alors confié que je n'étais pas très porté sur le chant choral...
lundi 22 décembre 2014
Foutue télé
Lorsque j'arrivais dans la chambre de Pierre à la clinique, la télévision était presque toujours allumée. Qui mettait le poste en route, je n'en sais rien. Pas lui en tout cas, puisqu'il était en train peu à peu de devenir un légume. Et à cette heure-là, après le travail, c'était Plus belle la vie, une sorte de feuilleton marseillais qui dure encore aujourd'hui.
Avec ma mère, constamment branchée sur la 3, c'étaient Slam puis Questions pour un champion. Ce dernier jeu, je l'ai vu pendant sept ans, trois ou quatre fois par semaine, les soirs où j'allais la voir et la faire souper. Elle le réclamait parfois à l'avance en appelant Lucien (c'est à dire Julien) Lepers. Si je voulais lui faire avaler plus que le peu qu'elle acceptait et qui ne suffisait plus à la nourrir, elle prenait le présentateur à témoin de ma méchanceté, prétextant que j'essayais de l'empoisonner, et s'adressait à lui ou aux candidats comme s'ils avaient été présents dans la chambre.
Ce soir, en arrangeant ma crèche et mon sapin, j'ai mis par hasard la troisième chaîne et suis tombé sur..... Questions pour un champion. Et j'ai revu la chambre et le fauteuil roulant face à l'écran, la salle à manger que l'on finissait de nettoyer, le salon où les autres étaient installées, la petite cour où j'allais fumer une cigarette en attendant qu'on lui fasse sa toilette et qu'on la couche. En ce moment, on a dû décorer les murs pour ces femmes qui les regardent à peine.
Il y a des heures où je ne brancherai plus jamais la télévision.
Avec ma mère, constamment branchée sur la 3, c'étaient Slam puis Questions pour un champion. Ce dernier jeu, je l'ai vu pendant sept ans, trois ou quatre fois par semaine, les soirs où j'allais la voir et la faire souper. Elle le réclamait parfois à l'avance en appelant Lucien (c'est à dire Julien) Lepers. Si je voulais lui faire avaler plus que le peu qu'elle acceptait et qui ne suffisait plus à la nourrir, elle prenait le présentateur à témoin de ma méchanceté, prétextant que j'essayais de l'empoisonner, et s'adressait à lui ou aux candidats comme s'ils avaient été présents dans la chambre.
Ce soir, en arrangeant ma crèche et mon sapin, j'ai mis par hasard la troisième chaîne et suis tombé sur..... Questions pour un champion. Et j'ai revu la chambre et le fauteuil roulant face à l'écran, la salle à manger que l'on finissait de nettoyer, le salon où les autres étaient installées, la petite cour où j'allais fumer une cigarette en attendant qu'on lui fasse sa toilette et qu'on la couche. En ce moment, on a dû décorer les murs pour ces femmes qui les regardent à peine.
Il y a des heures où je ne brancherai plus jamais la télévision.
dimanche 21 décembre 2014
De l'humour mais pas d'orthographe...
Comment arrondir ses fins de mois ? En donnant des cours particuliers. Visiblement, il y a encore du boulot...
La machine à coudre
C'est curieux comme des images reviennent parfois vous exploser à la figure à un moment où l'on ne s'y attend pas. Hier, en me couchant, j'ai revu la machine à coudre de ma mère basculer dans la benne de la déchèterie au mois d'octobre.
C'était une Singer, une ancienne, lourde et volumineuse, qui était au garage depuis bien des années et dont je n'ai aucun souvenir de la dernière fois où ma mère s'en est servi. Nous avions essayé de la donner, personne n'en a voulu. Pourquoi cela me faisait-il si mal au cœur de m'en débarrasser ?
Peut-être à cause d'un souvenir d'enfant, lorsqu'elle était entreposée près de la porte de notre chambre, à mon frère et à moi. J'aimais voir, rangées dans le tiroir à droite, ses canettes de fils qu'il fallait du doigté pour les installer correctement en faisant passer le fil dans le chas de l'aiguille. J'aimais surtout, près du pédalier, cette étrange bonhomme mécanique qui, à chaque impulsion du pied, levait ou baissait les bras à tour de rôle.
La machine à coudre, surtout une Singer, était, à l'époque, comme une sorte de marque de richesse. Toute bonne maîtresse de maison se devait d'en posséder une. On savait ainsi que, même mère au foyer, elle avait de l'entrain au travail et s'occupait correctement de sa petite famille. Ma mère confectionnait des habits pour les voisines aussi, et leurs enfants. C'était d'ailleurs un de ses métiers d'origine.
Qui, aujourd'hui, en possède encore ? On ne fait plus ses vêtements soi-même et, lorsqu'ils sont usés, on les jette pour en acheter d'autres. Plus simple mais moins poétique. Le petit bonhomme a fini par baisser les bras, définitivement.
C'était une Singer, une ancienne, lourde et volumineuse, qui était au garage depuis bien des années et dont je n'ai aucun souvenir de la dernière fois où ma mère s'en est servi. Nous avions essayé de la donner, personne n'en a voulu. Pourquoi cela me faisait-il si mal au cœur de m'en débarrasser ?
Peut-être à cause d'un souvenir d'enfant, lorsqu'elle était entreposée près de la porte de notre chambre, à mon frère et à moi. J'aimais voir, rangées dans le tiroir à droite, ses canettes de fils qu'il fallait du doigté pour les installer correctement en faisant passer le fil dans le chas de l'aiguille. J'aimais surtout, près du pédalier, cette étrange bonhomme mécanique qui, à chaque impulsion du pied, levait ou baissait les bras à tour de rôle.
La machine à coudre, surtout une Singer, était, à l'époque, comme une sorte de marque de richesse. Toute bonne maîtresse de maison se devait d'en posséder une. On savait ainsi que, même mère au foyer, elle avait de l'entrain au travail et s'occupait correctement de sa petite famille. Ma mère confectionnait des habits pour les voisines aussi, et leurs enfants. C'était d'ailleurs un de ses métiers d'origine.
Qui, aujourd'hui, en possède encore ? On ne fait plus ses vêtements soi-même et, lorsqu'ils sont usés, on les jette pour en acheter d'autres. Plus simple mais moins poétique. Le petit bonhomme a fini par baisser les bras, définitivement.
Et un peu de musique, ça vous dirait ? (141)
Pour faire plaisir à qui je sais... et à d'autres sans doute.
samedi 20 décembre 2014
Où j'ai laissé mon âme
Jérôme Ferrari, c'est lui qui m'avait séduit avec son Sermon sur la chute de Rome. Je reste aujourd'hui plus tiède après la lecture de Où j'ai laissé mon âme. Une sorte de "dialogue" a posteriori entre un capitaine idéaliste et un lieutenant plus réaliste, tous deux ayant participé à la guerre d'Algérie. C'est brillamment écrit, c'est un sujet qui m'intéressait et pourtant, je me suis un peu ennuyé. Pourquoi, je n'en sais rien.
Alors je suis encore une fois revenu hier soir à Zweig, avec la biographie de Fouché.
(Jérôme Ferrrari, Où j'ai laissé mon âme. Ed. Actes Sud.)
Alors je suis encore une fois revenu hier soir à Zweig, avec la biographie de Fouché.
(Jérôme Ferrrari, Où j'ai laissé mon âme. Ed. Actes Sud.)
vendredi 19 décembre 2014
Momentini
- Bonne nouvelle ce soir au téléphone : d'après la biopsie, plus trace de ces petites cellules bien dérangeantes à la prostate. Ça ne veut pas forcément dire qu'elles ne sont plus là mais ce qui est sûr, c'est qu'elles ne se sont pas développées.Toujours bon à prendre.
- Journée bricolage aujourd'hui. Enfin surtout Jean-Claude. Moi, j'assurais l'intendance et je passais les outils. Accrochage de nouveaux tableaux (de mon frère et de ma mère), mise en place au salon de la très belle pendule que j'ai toujours aimée chez ma mère. Un temps infini à nettoyer toutes les petites "volutes" dont elle regorge, au coton-tige s'il vous plait. Et puis, le frigo, mais là, ce n'est pas fini. Je raconterai plus tard, car il y a déjà beaucoup à dire...
- Cette année, c'est moi qui reçois chez moi pour le réveillon de Noël. Ce sera le premier depuis bien longtemps en compagnie de ma sœur.
- On me propose de passer trois jours à Rome en mars. Joie bien sûr mais.... en avion et avec une ribambelle d'élèves aux trousses. En même temps, comment résister ? Je ne connais pas Rome en mars.
- EDF a enfin compris que ma mère ne s'appelait pas Raoul. Comme quoi la lumière peut parfois jaillir, même chez eux.
- Journée bricolage aujourd'hui. Enfin surtout Jean-Claude. Moi, j'assurais l'intendance et je passais les outils. Accrochage de nouveaux tableaux (de mon frère et de ma mère), mise en place au salon de la très belle pendule que j'ai toujours aimée chez ma mère. Un temps infini à nettoyer toutes les petites "volutes" dont elle regorge, au coton-tige s'il vous plait. Et puis, le frigo, mais là, ce n'est pas fini. Je raconterai plus tard, car il y a déjà beaucoup à dire...
- Cette année, c'est moi qui reçois chez moi pour le réveillon de Noël. Ce sera le premier depuis bien longtemps en compagnie de ma sœur.
- On me propose de passer trois jours à Rome en mars. Joie bien sûr mais.... en avion et avec une ribambelle d'élèves aux trousses. En même temps, comment résister ? Je ne connais pas Rome en mars.
- EDF a enfin compris que ma mère ne s'appelait pas Raoul. Comme quoi la lumière peut parfois jaillir, même chez eux.
jeudi 18 décembre 2014
C'est à vous
A vous, si cela vous dit, de mettre sous cette photo un titre, une
phrase ou un petit texte qu'elle vous aurait inspiré. (Vous pouvez
l'agrandir en cliquant dessus.)
Fiction (25)
Finalement, nous déjeunâmes ensemble, sur sa
terrasse à elle où il faisait plus frais. Elle avait des tomates, je remontais
de mon gîte une branche de céleri et une boîte de thon en miettes, prévue en
principe pour un soir où j’aurais peu de courage à me mettre à la cuisine. Une
bonne salade nous suffisait pour midi, accompagnée bien sûr pour moi d’un verre
de rosé bien frais.
Pendant le repas, Dorée tressaillait au
moindre bruit de moteur sur la route en contrebas. Après le café, je vis bien
qu’elle avait de plus en plus de mal à cacher sa nervosité. Elle se levait au moindre
prétexte et m’avait déjà demandé deux cigarettes. Je n’avais pas encore visité
le village de Borgo a Mozzano pourtant tout proche et lui proposai de m’y
accompagner. Elle parut hésiter puis accepta, contente sans doute d’échapper un
peu à son attente.
En fait, ce village n’offre rien de
particulier au touriste, mis à part un vieux pont auquel se rattache une
légende satanique et, dans l’église San Jacopo, une curieuse statue en terre
cuite attribuée à Andrea della Robia et représentant la Maddalena, Sainte Marie
Madeleine comme je le traduisis à Dorée. Curieusement, la sainte est assez
décharnée et apparaît sous un aspect plutôt masculin. Lorsque je la vis sous sa
cloche de verre protectrice, je songeai immédiatement aux nombreux tableaux
représentant Saint Jean Baptiste adulte.
Dorée s’arrêta longuement devant la statue
que je trouvais moi-même impressionnante de réalisme funèbre.
- Marie-Madeleine, c’était bien la pècheresse,
n‘est-ce pas ? Une des rares femmes à avoir suivi le Christ ?
- Certains prétendent même qu’elle fut son
épouse. Il ne l’a pas gâtée, della Robbia !
- On dirait qu’elle est vieille ici, et
asséchée par le remords… C’est criant de vérité.
- Aujourd’hui sans doute, les pècheresses
sont moins dévorées par leurs anciens péchés.
J’avais lancé cette dernière phrase pour
tenter de la faire sourire mais c’est d’un ton grave qu’elle me répondit :
- Qu’en savez-vous ? Pour ma part, je n’en
suis pas aussi certaine. Mais sortons, voulez-vous ? L’expression de ce visage m’oppresse.
Nous nous installâmes à la terrasse d’un café,
un peu plus haut dans le village. Mais cette fois-ci, pas de conversation
soutenue. Dorée restait silencieuse et j’en profitai pour surprendre quelques
bribes de conversations tenues par les rares passants qui traversaient la
place. L’un parlait de sa grand-mère malade, l’autre d’un voyage qu’il devait
faire jusqu’à Florence et qui l’angoissait
parce qu’il n’y était jamais allé. La vie de tous les jours, version italienne.
Nous fîmes ensuite quelques courses dans une
petite épicerie de la rue principale puis reprîmes la route de notre ermitage.
A peine étions-nous garés sur l‘esplanade que la voiture de Tom apparut au bas
du chemin. Dorée frissonna. Je voulus la laisser seule, craignant une explication
orageuse avec son mari, mais, devinant mes pensées, elle me retint par le bras.
- Après tout, vous avez bien le droit de
savoir.
mardi 16 décembre 2014
Séchée
Sur le tapis, dans mon bureau, après avoir rangé mes livres. Duquel est-elle tombée ? Quand l'y avais-je mise ? Quel "événement" devait-elle me rappeler ? J'ai tout oublié, mais elle est encore là.
Je ne suis pas sortie de ma nuit
Il est des livres devant lesquels on tremble, dont on se dit qu'il vaudrait mieux ne pas les lire, et puis que l'on dévore un peu comme ces petites baies trop acides dont le goût vous fait grimacer et qui vous sèchent les parois de la bouche.
Annie Ernaux, c'est une femme que j'aime. Pour sa fragilité, pour l'envie que l'on a de la protéger quand on la voit (rarement) à la télévision, une sorte de Modiano au féminin. En 1984, j'avais lu La Place, prix Renaudot cette année-là. J'avais été subjugué, au point de ne plus la lire parce que trop intime, trop pudique aussi, trop proche. En 2005 pourtant, je craquai pour L'Usage de la photo.
Quand je l'ai vu sur les rayons d'Emmaüs, j'ai hésité à acheter Je ne suis pas sortie de ma nuit. Je ne voulais pas le lire tout de suite. Je l'ai lu, en un soir. Elle y raconte les derniers jours de sa mère, atteinte de la maladie d'Alzheimer, morte en 86 dans une institution.
Ces phrases, j'aurais pu les écrire : la même souffrance, la même colère, la même culpabilité devant l'inéluctable. Les mêmes gestes aussi devant la démence peu à peu acceptée, parce qu'il n'y a rien d'autre à faire, que vivre et regarder l'autre mourir, peu à peu.
Sa dernière phrase : "Les larmes me viennent, c'est à cause du temps" m'a bouleversé.
( Annie Ernaux, Je ne suis pas sorti de ma nuit. Ed. Gallimard.)
Annie Ernaux, c'est une femme que j'aime. Pour sa fragilité, pour l'envie que l'on a de la protéger quand on la voit (rarement) à la télévision, une sorte de Modiano au féminin. En 1984, j'avais lu La Place, prix Renaudot cette année-là. J'avais été subjugué, au point de ne plus la lire parce que trop intime, trop pudique aussi, trop proche. En 2005 pourtant, je craquai pour L'Usage de la photo.
Quand je l'ai vu sur les rayons d'Emmaüs, j'ai hésité à acheter Je ne suis pas sortie de ma nuit. Je ne voulais pas le lire tout de suite. Je l'ai lu, en un soir. Elle y raconte les derniers jours de sa mère, atteinte de la maladie d'Alzheimer, morte en 86 dans une institution.
Ces phrases, j'aurais pu les écrire : la même souffrance, la même colère, la même culpabilité devant l'inéluctable. Les mêmes gestes aussi devant la démence peu à peu acceptée, parce qu'il n'y a rien d'autre à faire, que vivre et regarder l'autre mourir, peu à peu.
Sa dernière phrase : "Les larmes me viennent, c'est à cause du temps" m'a bouleversé.
( Annie Ernaux, Je ne suis pas sorti de ma nuit. Ed. Gallimard.)
lundi 15 décembre 2014
On ne voit pas le temps passer...
Les figures du métro, tristes, grises, toujours en hiver, anonymes... et puis une voix douce tout près de moi. La femme est debout, je la vois de dos, dans son manteau noir. Elle bavarde avec une amie. Des propos intelligents, dits à mi-voix pour ne pas importuner. C'est si rare...
Lorsqu'elle se tourne la tête de mon côté, il me semble la reconnaître. J'hésite à l'aborder. Et si ce n'était pas elle ? Il y a bien longtemps que je ne l'ai vue. Elle-même me regarde, sans réaction aucune, avant de détourner les yeux un peu plus loin. Pourtant, pourtant. Juste avant de descendre à ma station, je prend mon courage à deux mains : elle n'aura guère le temps d'être offusquée si je me trompe.
Elle me lance un regard méfiant lorsque je l'aborde mais quand je lui dis où je travaillais, son visage s'éclaire. C'est bien elle, une mère d'élève d'autrefois, connue alors que la famille arrivait de Bourg-en-Bresse, un peu stressée par la grande ville, un peu inquiète du niveau demandé dans ce nouveau collège. Et puis, très vite, l'adaptation, la coopération, la confiance.
Alors, vite, avant que je ne descende, j'arrive à savoir qu'elle habite toujours au même endroit, une petite maison avec un jardin sur la rue, que sa fille, appelons-là Marie-Aude, habite maintenant à Reims, qu'elle a un enfant et qu'elle va venir passer les fêtes de Noël à Lyon avec sa petite famille.
" Elle doit avoir autour de 28 ans maintenant ?
- Marie-Aude a 36 ans !"
Les portes s'ouvrent, je dois descendre. Juste le temps de lui demander de la saluer pour moi. Je n'ai jamais pu retrouver le nom de famille...
Lorsqu'elle se tourne la tête de mon côté, il me semble la reconnaître. J'hésite à l'aborder. Et si ce n'était pas elle ? Il y a bien longtemps que je ne l'ai vue. Elle-même me regarde, sans réaction aucune, avant de détourner les yeux un peu plus loin. Pourtant, pourtant. Juste avant de descendre à ma station, je prend mon courage à deux mains : elle n'aura guère le temps d'être offusquée si je me trompe.
Elle me lance un regard méfiant lorsque je l'aborde mais quand je lui dis où je travaillais, son visage s'éclaire. C'est bien elle, une mère d'élève d'autrefois, connue alors que la famille arrivait de Bourg-en-Bresse, un peu stressée par la grande ville, un peu inquiète du niveau demandé dans ce nouveau collège. Et puis, très vite, l'adaptation, la coopération, la confiance.
Alors, vite, avant que je ne descende, j'arrive à savoir qu'elle habite toujours au même endroit, une petite maison avec un jardin sur la rue, que sa fille, appelons-là Marie-Aude, habite maintenant à Reims, qu'elle a un enfant et qu'elle va venir passer les fêtes de Noël à Lyon avec sa petite famille.
" Elle doit avoir autour de 28 ans maintenant ?
- Marie-Aude a 36 ans !"
Les portes s'ouvrent, je dois descendre. Juste le temps de lui demander de la saluer pour moi. Je n'ai jamais pu retrouver le nom de famille...
La Rançon du chien
Qui ne connaît pas Patricia Highsmith, bien avant d'autres la grande dame du roman policier ? Hitchcock et consorts ne s'y sont pas trompés qui ont adapté nombre de ces romans au cinéma : Monsieur Ripley (Plein Soleil, René Clément), Ce Mal étrange (Dites-lui que je l'aime, Claude Miller), Ripley s'amuse (L'Ami américain, Wim Wenders), L'Inconnu du Nord-Express (Alfred Hitchcock), Le Cri du hibou (Claude Chabrol)....
J'avais été envoûté, il y a des années, par la lecture du Journal d'Edith, journal d'une femme qui se confie et dont on ne sait jamais si elle vit réellement ce qu'elle raconte ou si elle est malade psychologiquement. Highsmith ne fait apparemment plus recette, à voir le nombre de ses titres chez Emmaüs. Il n'y a bien que des "vieillards" comme moi pour en acheter encore...
Autant le dire tout de suite, La Rançon du chien ne doit pas être son meilleur polar. Agréable à lire, pas ennuyeux pour deux sous mais l'intrigue ne m'a pas convaincu à cause d'une improbabilité dès les premières pages, improbabilité dont dépend, hélas, tout le déroulement de l'histoire. Ceci dit, on reste à cent coudées de certaines productions actuelles ! On peut donc lui pardonner.
J'avais été envoûté, il y a des années, par la lecture du Journal d'Edith, journal d'une femme qui se confie et dont on ne sait jamais si elle vit réellement ce qu'elle raconte ou si elle est malade psychologiquement. Highsmith ne fait apparemment plus recette, à voir le nombre de ses titres chez Emmaüs. Il n'y a bien que des "vieillards" comme moi pour en acheter encore...
Autant le dire tout de suite, La Rançon du chien ne doit pas être son meilleur polar. Agréable à lire, pas ennuyeux pour deux sous mais l'intrigue ne m'a pas convaincu à cause d'une improbabilité dès les premières pages, improbabilité dont dépend, hélas, tout le déroulement de l'histoire. Ceci dit, on reste à cent coudées de certaines productions actuelles ! On peut donc lui pardonner.
dimanche 14 décembre 2014
Et un peu de musique, ça vous dirait ? (140)
Une chanson de Lama que je viens de découvrir. Jamais entendue avant hier. Chantée ici par Alice Dona dont j'étais (presque) amoureux au temps du Petit Conservatoire de la chanson. Je trouve les paroles splendides.
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